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Michel TOURNIER, dans Le Monde du 8 octobre 1978 (Résumé)

Publié le 17/01/2012

Extrait du document

On tremble en pensant aux ravages que provoquerait un

juge qui n'aurait de culture que mathématique ou un

médecin qui ne connaîtrait que la biologie. Non, le fétichisme

des mathématiques et des sciences physiques tel

qu'il est pratiqué actuellement dans notre enseignement

est une aberration. Si les enfants ne lui opposaient pas

une résistance instinctive et massive, on verrait sortir des

écoles et des universités des masses uniformisées de petits

Diafoirus polytechniciens aussi inutilisables que les Diafoirus

jargonnant le latin de cuisine de Molière( ... )

Chaque civilisation se fait une certaine idée de l'enfant et

le traite en conséquence. Les hommes de l'Ancien

Régime avaient une confiance totale dans la bonté et la

bienfaisance de la société. Pour eux le mal s'idendifiait

avec la sauvagerie et la nature brute. L'enfant était donc

méprisable et ne méritait pas le statut d'être humain à

part entière aussi longtemps que l'éducation n'en avait

pas fait un bon chrétien et un fidèle sujet de sa Majesté.

Préparé par Rousseau, le romantisme - notamment

avec Victor Hugo - renverse tout cela. La société, devenue

mauvaise et perverse, abîme l'enfant, ange de pureté

tombé dans toute cette fange.

Dans c:es deux cas, notez-le, on écarte l'enfant de la

société :sous l'Ancien Régime parce qu'il est trop mauvais,

au dix-neuvième siècle parce qu'U est trop bon pour

partager la vie des adultes.

Michel TOURNIER, dans Le Monde du 8 octobre 1978.

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