Méthodologie – Question d’interprétation philosophique

« Méthodologie – Question d’interprétation philosophique Qu’est-ce qu’interpréter ? Tout travail d’interprétation suppose que la chose à interpréter est porteuse d’un sens qu’il faut révéler.

En l’occurrence, il s’agit donc de lire un texte en cherchant à en révéler le sens – qui est toujours complexe et qui est plus ou moins caché.

Il faut donc comprendre que le travail d’interprétation suppose un travail de recherche par approfondissement.

Pour le dire autrement, il y a plusieurs degrés de lecture d’un texte.

Il s’agit de partir du plus simple pour aller au plus complexe.

Une interprétation faible consiste à redire platement ce que dit de plus évident le texte sans chercher les nuances et sans chercher pourquoi ce qui est dit est dit. Comment interpréter ? I – D’abord un travail d’analyse du sujet Il faut partir de la question d’interprétation posée qui est une ligne d’attaque du texte.

Après une première lecture du texte, le plus important est donc d’abord d’analyser la question posée en analysant les concepts qui vont structurer votre propos. Par exemple, à partir du texte de Zola, la question « Qu’est-ce que les hommes et les animaux ont en commun selon Zola ? » est différente de la question « Comment Zola cherche-t-il à défendre la cause animale ? » ou encore de la question « Pourquoi Zola s’appuie-t-il sur la figure du chien pour penser que les animaux ont des droits ? ». - La première question d’interprétation cherche à définir ce qui est « en commun » entre les hommes et les animaux – le concept essentiel à analyser est donc « commun ». - La seconde question d’interprétation vise à identifier les manières dont Zola cherche à défendre la cause animale – il faut donc établir méthodiquement ces manières en les différenciant et en les justifiant – par exemple une approche morale, une approche sensible, une approche rationnelle, une approche pragmatique, etc.

Sans oublier l’analyse de « cause animale » et de « défendre » – par exemple « défendre une victime contre un bourreau » ou « défendre légalement » versus « défendre moralement », etc. - La dernière question d’interprétation cherche à justifier l’exemple du chien en montrant qu’il ne s’agit pas d’un exemple innocent.

Il faut donc analyser en quoi le chien est une figure essentielle.

Par exemple à travers les expressions « le chien est le meilleur ami de l’homme » ou « fidèle comme un chien » mais aussi à travers une analyse un peu précise de ce qu’est un « animal domestique et familier » ou un « animal de compagnie ».

Mais il ne faut pas oublier d’analyser aussi « figure » et « avoir des droits ». Il est possible de repérer quelques trucs pour réaliser une analyse conceptuelle, c’est-à-dire pour construire la complexité des sens d’un mot et trouver ainsi des problèmes.  Passer par les oppositions ou les différences conceptuelles par rapport à d’autres mots proches – « commun / différent » ; « communauté / individualité » ; « commun / partage » ; « droit / devoir » ; « animal de compagnie / animal sauvage / animal de travail », « figure / exemple » ; « figure / modèle », etc.  Qualifier le concept – « communauté sensible » ; « communauté morale » ; « communauté politique » ; « communauté juridique » ; « défendre moralement » ; « défendre légalement », etc.  Passer par la langue courante et les expressions pour trouver certains sens – « un ennemi commun » ; « fidèle comme un chien », « tel maître, tel chien », etc. II – A compléter ensuite par un travail d’analyse du texte Il est essentiel de toujours s’appuyer sur le texte en liant les analyses du sujet et les idées présentes dans le texte qu’il faut aussi analyser – par exemple pourquoi Zola parle de « peuple unique » ou pourquoi critiquer l’idée de « patrie » ? Il est possible aussi de s’appuyer sur vos connaissances philosophiques, littéraires ou historiques – mais sans recouvrir le texte, c’est-à-dire qu’il ne s’agit jamais de réciter un cours.

Par exemple, l’idée philosophique de « zoocentrisme » ou de « pathocentrisme » ; l’évènement historique de la loi Grammont en 1850 de protection des animaux ; etc. III – Enfin, organiser les idées pour rédiger Il faut que votre propos apporte une réponse structurée logiquement à la question d’interprétation en allant du plus simple et évident au plus complexe et original.

Il est donc possible, contrairement à l’explication de texte de philosophie en Terminale, que l’ordre des idées ne suive pas nécessairement linéairement le texte.

Il s’agit uniquement d’éclairer un aspect du texte à partir de la question d’interprétation donnée. Il est possible de commencer à rédiger en justifiant rapidement la question d’interprétation posée et en posant un problème – par exemple, pour la première question d’interprétation sur le texte de Zola, se demander ce qui peut être en commun entre l’homme et l’animal alors qu’habituellement il s’agit plutôt d’insister sur les différences entre l’homme et l’animal ? N’hésitez pas par la suite à toujours poser des questions, à vous étonner et à formuler certaines objections, pour mieux avancer et lier les idées. ________________ Exemple de corrigé « L’homme et l’animal » Les bêtes n'ont pas encore de patrie.

Il n'y a pas encore des chiens allemands, des chiens italiens et des chiens français.

Il n'y a partout que des chiens qui souffrent quand on leur allonge des coups de canne.

Alors, est-ce qu'on ne pourrait pas, de nation à nation, commencer par tomber d'accord sur l'amour qu'on doit aux bêtes ? De cet amour universel des bêtes, par-dessus les frontières, peut-être en arriverait-on à l'universel amour des hommes.

Les chiens du monde entier devenus frères, caressés en tous lieux avec la même tendresse, traités selon le même code de justice, réalisant le peuple unique des libertaires en dehors de l'idée guerroyante et fratricide de patrie, n'est-ce pas là le rêve d'un acheminement vers la cité du bonheur futur ? Des chiens internationaux que tous les.... »