Maupassant Excipit de Bel-Ami Commentaire composé
Publié le 05/09/2018
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Pour conclure cette analyse, nous avons tenté de montrer que le héros éponyme s’inscrit parfaitement dans la lignée des romans d’apprentissage du XIX ème siècle. A l’instar d’un Eugène de Rastignac, Georges du Roy a réussi à étancher cette « envie de boire [qui] lui séchait la gorge » dès l’incipit. Séducteur invétéré même le jour de son mariage, il n’hésite pas à prendre la main de Mme de Marelle en même temps que le bras de Suzanne incarnant la riche héritière, objet de la convoitise de tout arriviste considérant le mariage comme la voie royale de la réussite. Sa soif de conquête, ses appétits et son ambition sont sans égal. Même s’il est parvenu à ses fins, il rêve déjà d’accéder à d’autres sphères, politiques cette fois –ci :
« […] faire un bond du portique de la Madeleine au portique du Palais-Bourbon ».
Cette cérémonie est donc l’acmé d’une ascension sociale, l’apothéose « presque » achevée d’un parvenu que rien ni personne n’arrête, comme le montre déjà l’incipit :
« Il avançait brutalement dans la rue pleine de monde, heurtant les épaules, poussant les gens pour ne point se déranger de sa route […] il avait l’air de toujours défier quelqu’un, les passants, les maisons, la ville entière… »
«
Aussi réelle et éphémère que soit cette rencontre, elle semble marquer une pause, une suspension dans le temps
et l’espace de la narration.
Cette rencontre s’effectue par un premier contact avec les yeux puis, par un effet de
zoom, on la voit s’approcher pour terminer par un contact physique et aussi symbolique : renouer un lien, lien
présent/passé (serrer la main) et retrouver, se replonger un instant dans le passé partagé, empreint de douceur :
« […] tous les baisers qu’il lui avait donnés, qu’elle lui avait rendus, le souvenir de toutes leurs caresses, de ses
gentillesses… »
La cérémonie religieuse et officielle cède donc le pas à une rencontre fortuite ( ?) que le contact des mains scelle.
C’est le sceau de l’amour secret que le rythme ternaire du paragraphe 5 dévoile :
« Leurs yeux se rencontrèrent, souriants brillants, plein d’amour ».
Tacite concors amoureuse au beau milieu d’une cérémonie officielle a-moureuse.
Le deuxième tableau, celui de la rencontre, est donc à la fois une pause, un
souvenir-sommaire dans la narration qui « s’éloigne » pour, à son tour, céder la place au premier tableau, celui de
la cérémonie officielle.
Ce tableau second est là pour brosser un autre portrait de Bel-Ami : celui du séducteur.
La description de cette cérémonie s’accélère dans la deuxième moitié du passage.
L’hyperbole est omniprésente et
présente un héros démesuré qui a réussi son ascension sociale :
« D’autres personnes se poussaient.
La foule coulait devant lui comme un fleuve ».
Ceci fait écho à la vision du
lecteur au début du passage :
« l’interminable défilé des assistants…se croyait un roi qu’un peuple venait acclamer ».
A ce moment précis de la
narration, le lecteur assiste à une véritable apothéose.
Au tumulte de cette foule frénétique, hystérique, venue en
masse acclamer son roi, succède le calme, un calme presque ataraxique où l’ordre semble régner :
« Chacun avait regagné sa place ».
Où cette même foule a le regard rivé dans une même direction et contemple son héros presque déifié.
Comme
pour ajouter plus de poids, le temps est comme suspendu.
Le temps de la narration passe au ralenti comme pour
mieux magnifier son héros :
« Il allait lentement, d’un pas calme, la tête haute », ignorant en même temps cette même foule et regardant « les
yeux fixés sur la grande baie ensoleillée de la porte ».
De manière très significative, le Bel-Ami du début du texte,
« balbutiant des mots qui ne signifiaient rien », lui qui
« avait baissé le front » se métamorphose.
Tour à tour, Bel-Ami devient Georges pour enfin se métamorphoser en
Georges du Roy et sortant de l’église « la tête haute ».
Véritable métamorphose donc, mais aussi superbe
ascension sociale en accord aussi avec le héros du roman d’apprentissage ou de formation du XIXème siècle.
Cette soif de pouvoir, ce désir d’ascension sont clairement marqués par une volonté de se projeter en avant :
« il découvrit là-bas, derrière la place de la Concorde, la chambre des députés.
Et il lui sembla qu’il allait faire un
bond du portique de la Madeleine au portique du Palais-Bourbon ».
Une volonté également de gravir rapidement les marches de la réussite sociale et aussi rapidement qu’il descendra
lentement les marches de l’église, comme pour savourer tout aussi lentement sa réussite :
« Il descendit avec lenteur les marches du haut perron entre deux haies de spectateurs.
»
A ce héros qui se métamorphose en héros de la démesure, qui savoure l’instant présent « avec lenteur », quelque
chose pourtant lui manque.
Pour parfaire ce tableau de la réussite sociale et de la démesure, ce n’est sûrement
pas aux bras de Suzanne que sa conscience se tourne, mais plutôt sur son passé ; L’image du fleuve, ainsi que le
flux et le reflux de ses pensées entre présent et passé forment un tout, un véritable « courant de conscience ».
Le
souvenir toujours aussi vivace d’une Mme de Marelle se « rajustant en face
de la glace les petits cheveux frisés de ses tempes, toujours défaits au sortir du lit », vient combler ce manque et
ajoute la touche finale de la perfection dans ce portrait d’un Georges du Roy démesuré, déifié.
Pour conclure cette analyse, nous avons tenté de montrer que le héros éponyme s’inscrit parfaitement dans la
lignée des romans d’apprentissage du XIX ème siècle.
A l’instar d’un Eugène de Rastignac, Georges du Roy a
réussi à étancher cette « envie de boire [qui] lui séchait la gorge » dès l’incipit.
Séducteur invétéré même le jour de
son mariage, il n’hésite pas à prendre la main de Mme de Marelle en même temps que le bras de Suzanne
incarnant la riche héritière, objet de la convoitise de tout arriviste considérant le mariage comme la voie royale de la
réussite.
Sa soif de conquête, ses appétits et son ambition sont sans égal.
Même s’il est parvenu à ses fins, il rêve
déjà d’accéder à d’autres sphères, politiques cette fois –ci :
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Cette cérémonie est donc l’acmé d’une ascension sociale, l’apothéose « presque » achevée d’un parvenu que rien
ni personne n’arrête, comme le montre déjà l’incipit :.
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