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MAULNIER Thierry : sa vie et son oeuvre

Publié le 24/11/2018

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MAULNIER Thierry, pseudonyme de Jacques Tala-grand (1909-1988). Essayiste, dramaturge et journaliste né à Alès. Issu de parents enseignants, Thierry Maulnier est d’abord élève des lycées d’Alès et de Nice, puis du lycée Louis-le-Grand, à Paris; il entre ensuite à l’École normale supérieure, où il sera le condisciple de Robert Brasillach et de Roger Vailland. Il s’oriente vers le journalisme et devient chroniqueur à la Revue universelle d’Henri Massis et Jacques Bainville, à l’ Action française de Charles Maurras, et au Figaro. De 1932 à 1939, il fait paraître ses premiers essais : La crise est dans l'homme, 1932; Nietzsche, 1933; Racine, 1936 (essai auquel il faut joindre Lecture de « Phèdre », 1943). Mais en 1944, au sortir de la Libération, il prend ses distances à l’égard de l’engagement politique, sans pour autant cesser ses activités de journaliste; collaborant à Combat, à la Revue de Paris, il fonde en 1950, avec François Mauriac, la revue la Table Ronde', c’est aussi à cette époque qu’après quelques adaptations scéniques il entreprend une carrière dramatique personnelle : Jeanne et ses juges, 1949, publié en 1951; le Profanateur (publié en 1952, avec la Révolte et le Sacré): la Défaite d’Annibal, la Ville au fond de la mer, 1960; le Soir du conquérant et Celui qui n'avait rien fait, 1983. Thierry Maulnier a été élu à l’Académie française en 1964.

« est d'abord élève des lycées d'Alès et de Nice, puis du lycée Louis-le-Grand, à Paris; il entre ensuite à l'É cole normale supérieure, où il sera le condisciple de Robert Brasillach et de Roger Vailland.

Il s'oriente vers le jour­ nalisme et devient chroniqueur à la Revue universelle d'Henri Massis et Jacques Bainville, à l'Actionfrançaise de Charles Maurras, et au Figaro.

De 1932 à 1939, il fait paraître ses premiers essais: La crise est dans l'homme, 1932; Nietzsche, 1933; Racine, 1936 (essai auquel il faut joindre Lecture de « Phèdre », 1943).

Mais en 1944, au sortir de la Libération, il prend ses distances à l'égard de l'engagement politique, sans pour autant cesser ses activités de journaliste; collaborant à Combat, à la Revue de Paris, il fonde en 1950, avec François Mauriac, la revue la Table Ronde; c'est aussi à cette époque qu'après quelques adaptations scéniques il entreprend une carrière dramatique personnelle : Jeanne et ses juges, 1949, publié en 1951; le Profanateur (publié en 1952, avec la Révolte et le Sacré); la Défaite d'Annibal, la Ville au fond de la mer, 1960; le Soir du conquérant et Celui qui n'avait rien fait, 1983.

Thierry Maulnier a été élu à l'Académie française en 1964.

De ses liens avec l'Action française, Maulnier a conservé un extrême attachement au classicisme fran­ çais, à la société aristocratique du xvuc siècle, et une certaine conception de l'hellénisme.

Ces références majeures ont dirigé ses réactions politiques et ses partis pris littéraires; après avoir fortement critiqué l'esprit et les pratiques de la démocratie libérale, Thierry Maulnier a tenté, depuis la Seconde Guerre mondiale, de nuancer ses positions : à partir de Violence et Conscience (1945), reprenant les thèses de Marx et de quelques économistes, il a cherché une « voie moyenne >> qui concilie la critique marxiste du capitalisme et le refus du collectivisme, qui privilégie l'individu contre la société, tout en s'opposant fortement au communisme (la Face de Méduse du Com­ munisme, 1952).

Ses essais, très denses, au terme d'exa­ mens minutieux aboutissent souvent à des renversements dialectiques ou à des synthèses spectaculaires : « Les moyens de production, arrachés au monopole d'une caste, peuvent être rendus à la masse des producteurs, non par le collectivisme, mais par la généralisation de la propriété individuelle dans une économie collective» (Violence et Conscience).

Il a encore publié Lettre aux Américains, 1968; l'Honneur d'être juif, 1970, et les quatre tomes des Vaches sacrées (t.

1, 1977; t.

Il, l' étran­ geté d'être, 1982; t.

III, le Dieu masqué, 80-84, 1985; t.

IV, Les matins que tu ne verras pas, posth., 1989).

A travers ces problématiques parfois sinueuses, des certitudes demeurent : l'homme -le moi - a raison contre l'Histoire, et il est des valeurs qui ne doivent pas être mêlées aux problèmes de société tels la culture et l'art : «Il n'y a de grand art que du fondamental, et Je fondamental humain est d'en appeler du temps et de la mort à une instance inaccessible >> (Cette Grèce où nous sommes nés, 1965).

Cet humanisme traditionaliste est directement illustré par le théâtre de l'écrivain : théâtre « à thèse >>, qui respecte autant que possible les principes classiques; la prose de Maulnier, souvent aphoristique, reflète.

volontiers les tournures raciniennes.

Les héros du dramaturge illustrent les hésitations théoriques de 1' es­ sayiste : se sentant, comme le Wilfrid du Profanateur, profondément isolés dans un contexte historique qu'ils veulent ignorer(« Je n'aime pas être engagé.

Je ne me sens pas engagé»), ils ne renoncent cependant pas à se soumettre à la loi collective pour assurer la survie d'un ordre politique.

Les valeurs morales sont alors convo­ quées, qui viennent consacrer l'humanisme tout-puissant et un peu naïf du personnage : «L'homme n'est pas fait pour être immobile.

L'homme n'est pas fait pour atten­ dre.

Il est fait pour conquérir.

Pour conquérir son huma­ nité» (la Ville au fond de la mer).

L'œuvre de Maulnier apparaît comme le témoignage d'un écrivain soucieux d' affirmer les valeurs auxquelles il n'a cessé d'être fidèle.

BIBLIOGRAPHIE Sur Maulnier, peu étudié par la critique moderne, on pourra consulter : Gaétan Picon, Panorama de la nouvelle littérature f r anç aise , Paris, Gallimard, 1949.

J.-P.

DAMOUR. »

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