MAUBERT DE GOUVEST : sa vie et son oeuvre
Publié le 24/11/2018
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MAUBERT DE GOUVEST Jean Henri (1721-1767). Né à Rouen, il fut capucin; bientôt défroqué, il dut s’exiler, vécut en Saxe comme précepteur, puis comme soldat, fut enfermé à Kônigstein (1748-1752), où mûrirent ses célèbres Lettres iroquoises (1752), remaniées en 1769 sous le titre de Lettres chérakéesiennes. On le retrouve en Suisse (1753), converti à la Réforme, impliqué avec La Beaumelle dans l’édition de la Pucelle de Voltaire (1755), en Hollande comme agent autrichien, en Angleterre. Installé à Bruxelles, il se lance dans le journalisme en créant notamment le Mercure historique et politique des Pays-Bas. Mais sa vie scandaleuse le contraint à de nouvelles pérégrinations, en France, en Allemagne comme entrepreneur de spectacles, en Hollande où, de nouveau, il connaît la prison. Il y publie le Temps perdu ou les Écoles publiques (1765), suggérant qu’on profite de la récente dispersion des jésuites pour repenser le système éducatif et « ôter à l’éducation nationale le gothique qui la défigure ».
«
(1755),
en Hollande comme agent autrichien, en Angle
terre.
Installé à Bruxelles, il se lance dans le journalisme
en créant notamment le Mercure historique et politique
des Pays-Bas.
Mais sa vie scandaleuse le contraint à
de nouvelles pérégrinations, en France, en Allemagne
comme entrepreneur de spectacles, en Hollande où, de
nouveau, il connaît la prison.
Il y publie le Temps perdu
ou Les Écoles publiques ( 1765), suggérant qu'on profite
de la récente dispersion des jésuites pour repenser le
système éducatif et «ôter à l'éducation nationale le
gothique qui la défigure ».
Selon Maubert, le latin, survi
vance d'une époque révolue, doit être remplacé par un
enseignement utilitaire, payant, et choisi à la carte selon
les dons, les ambitions et les moyens financiers de cha
cun : langues vivantes, logique, arithmétique, conçue
comme « la manière de tenir les livres de banque, de
commerce, d'économie ».
Il donna ensuite les Lettres de
M.
Robert Talbot (1766), recueil d'anecdotes de seconde
main sur la vie parisienne, Trop est trop (1767), pam
phlet antimonastique.
Nouveau départ, nouvel exil, cette
fois en Allemagne; il mourut à Altona.
Cet aventurier souvent famélique, pourchassé par la
police et les libraires, laissa un chef-d'œuvre : les Lettres
iroquoises.
Un point de départ classique depuis les Let
tres persanes : envoyé par les «Vénérables)> de son
pays pour vérifier sur place les dires d'un missionnaire,
l'Iroquois Igli débarque en France et découvre les dures
réalités d'une civilisation d'abord séduisante et appa
remment vouée au plaisir : inégalité sociale, égoïsme,
hypocrisie des prêtres, intrigues des femmes, clérica
lisme et fanattsme.
Mais pas plus que ne le fera Diderot
dans son Supplément au Voyage de Bougainville, Mau
bert de Gouvcst ne propose de modèle et ne prêche un
impossible ou illusoire retour à la nature :« Je ne cherche
pas à vous corriger, il faudrait recommencer votre monde
[ ..
.
] Votre folie est systématique, vos vices mêmes ser
vent à vous aiguiser l'esprit.>> D'abord ironique et badin,
semé d'image"> et de métaphores propres, par convention,
à signifier la langue« sauvage >>, le texte tourne progres
sivement au débat théologique.
Maubert de Gouvest -
que Roland Desné a classé parmi les « matérialistes du
xvmc siècle >> - utilise une dialectique toute européenne
pour dénoncer les dogmes chrétiens, les thèses cartésien
nes sur la spiritualité de l'âme : «Je lui prouvai par ses
propres armes que les bêtes avaient des âmes.
» Mais
Igli se fait parfois théiste, et se moque de ceux qui divini
sent la matièn:; seule, finalement, la morale peut clore la
querelle métaphysique : « Nous ne sommes pas faits pour
approfondir nOtre sort, mais pour en jouir.
)> L'audace ou
la nouveauté des Le/Ires iroquoises est à chercher dans
ce scepticismt: généralisé qui atteint aussi bien la foi que
la raison, et se résout en un hédonisme que la «civilisa
tion >> européenne a rendu à so n tour impraticable ...
BIBLIOGRAPHIE Les Leu res iroquoises.
introd.
et notes d'Enea Balmas, Paris,
Nize"' et Milan, Ed.
Vis conte a, 1962.
A consulter.
-R.
Desné.
les Marérialisres français ( 1750-
1800), Paris.
Buchet-Chastel.
1965: Dicrionnaire des journalis
res, dir.
J.
Sgard, Presses Univ.
de Grenoble, 1976 (article de
J.
Vercruysse).
J.-P.
DE BEAUMARCHAIS.
»
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