Marivaux, Les Fausses Confidences (Acte I, scène 2) - LECTURES MÉTHODIQUES
Publié le 15/03/2015
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Le mot inaugure une série de variations sur ce thème, de « la grande charge dans les finances « attribuée au mari de la veuve (et qui sous-entend la richesse de cette dernière), à la formule péremptoire de Dubois à la fin de la scène (« on vous enrichira «), en passant par le jeu des mots sur la « mine « et le « Pérou «. Ce réseau thématique inscrit en filigrane du texte une réalité obsédante qui jette quelque ambiguïté sur cette « fortune « dont parlait Dorante. Certes, le mot est synonyme de « bonheur «, au moins dans la première de ses occurrences. Dans la seconde, il ne peut être dissocié de son sens matériel, d'autant qu'il fait écho au regret de Dubois « si j'avais bien de l'argent «. La fortune que poursuit Dorante appartient-elle au domaine du sentiment, ou à celui du profit ? Toute l'intrigue de la pièce joue sur cette incertitude, effleurant cette zone trouble du coeur humain où l'amour côtoie l'intérêt et le mensonge, la sincérité.

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L E C T U R E S MÉTHODIQUES
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nances, et tu crois qu'elle fera quelque attention à moi, que je l'épouserai,
moi qui
ne suis rien, moi qui n'ai point de bien? DUBOIS : Point de bien ! votre bonne mine est un Pérou ! Tournez-vous un peu, que je vous considère encore; allons, Monsieur, vous vous moquez, il
n'y a point de plus grand seigneur que vous à Paris: voilà une taille qui vaut
toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument
infaillible;
il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l' appar
tement de Madame.
DORANTE : Quelle chimère ! DUBOIS : Oui, je le soutiens.
Vous êtes actuellement dans votre salle et vos
équipages sont sous la remise .
DORANTE : Elle a plus de cinquante mille livres de rente, Dubois .
DUBOIS : Ah ! vous en avez bien soixante pour le moins .
DoRANTE : Et tu me dis qu'elle est extrêmement raisonnable?
DUBOIS : Tant mieux pour vous, et tant pis pour elle.
Si vous lui plaisez, elle
sera
si honteuse, elle se débattra tant, elle deviendra si faible, qu'elle ne
pourra se soutenir qu'en épousant; vous m'en direz des nouvelles.
Vous
l'avez vue et vous l'aimez?
DORANTE: Je l'aime avec passion, et c'est ce qui fait que je tremble!
DUBOIS : Oh! vous m'impatientez avec vos terreurs : eh que diantre! un peu
de confiance; vous réussirez, vous dis-je.
Je m'en charge,
je le veux, je l'ai
mis là; nous sommes convenus de toutes nos actions; toutes nos mesures
sont prises ; je connais !'humeur de ma maîtresse,
je sais votre mérite, je sais
mes talents, je vous conduis, et on vous aimera, toute raisonnable qu'on est;
on vous épousera, toute fière qu'on est, et on vous enrichira, tout ruiné que
vous êtes, entendez-vous? Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se
rende.
Quand l'amour parle,
il est le maître, et il parlera : adieu ; je vous
quitte; j'entends quelqu'un, c'est peut-être Monsieur Remy; nous voilà em
barqués, poursuivons.
(li fait quelques pas et revient.) À propos, tâchez que
Marton prenne un peu de goût pour vous.
L'amour et moi nous ferons le
reste .
Introduit dans la maison
d' Araminte pour y briguer une place d'intendant,
Dorante y retrouve son ancien valet, Dubois.
Dans cette scène d'exposi
tion, leur conversation jette un éclairage inattendu sur les véritables motifs
de!' arrivée du jeune homme chez cette riche veuve.
1 -l' ART DE L'EXPOSITION : UN AIR DE MYSTÈRE
Succédant à une courte scène où l'on a vu Dorante aux prises avec l'importune
sollicitude d' Arlequin, cette seconde scène est la véritable exposition de la pièce.
À travers le dialogue des personnages, on apprend quelles circonstances ont
conduit Dorante chez Araminte, tandis que leur comportement éveille la curiosité
du public quant à la suite des événements.
Après le déambule comique de la pre
mière scène, le ton change brusquement, et les retrouvailles des deux hommes
prennent des allures de complot.
La didascalie initiale précise en effet que Dubois
entre en scène
« avec un air de mystère ».
Suivent des questions qui renforcent
cette impression
(!.
7 et 10).
L'allusion à ce « projet », que reprendra Dorante un.
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