MARIVAUX ET BEAUMARCHAIS

« ainsi faites de rien .

- c) A la ressemblance de Racine encore, les plus fins chefs-d'œuvre de Marivaux sont ses caractères d.e femme : la Silvia du Jeu de l'amour et àu hasa rà, la comtesse de la Burpr iBe àe l'amour , l'Angélique de l'Epreu ve, jeunes veuves et jeunes filles honnêtes et modestes, · tendres · et spirituelles, mélanco­ liques parfois, toujours gracieu ses .

5.

- De grandes différences cependant séparent Ma­ rivaux de Racine , outre la différence essentielle entre le comique et le tragique.

- a) Marivaux a peint l'amour-tendresse qui conduit à d'agréables mariages et qui peut s'accorder durablement avec la vie, tandis que Racine, même le c doux Racine :., avait peint l'amour-passion, qui aboutit à des catastrophes, ou .

l'amour menacé, l'amour victime.

-b) Marivaux a peint l'amour sincère et vertueux à son éveil dans de jeunes cœurs , tandis que Racine avait peint l'amour violent dans ses états de· crise aig11ë ou d'angoisse.

6.

- L'amour qui vit dans le théâtre de Marivaux est un amour délicat, scrupuleux , timide, qui craint de se révéler, qui se crée lJ,lÎ-même des obstacles, et qui ne se découvre que malgré lui : Marivaux le saisit dans les malentendus que créent nécessairement deux cœurs qui se cherchent, dans les réticences et les bouderies , dans les retards de l'aveu , bref dans tout un jeu de cache-cache sentimental.

Et il réalise ainsi une exquise nouveauté de psychologie , subtile et menue , mais vraie.

7.

- Le style est merveilleusement approprié à cette psychologie toute en nuances et en détours.

On y trou ­ verait évidemment des traces de préciosité, comme dans celui de Racine.

Très souple, mobile, prenant, lui aussi , il évoque un filet dont les mailles ne laisseraient échap­ per aucune réalité du cœur, fû.t-ce la plus fine ; il fait aussi .

penser au fil d'Ariane le long du labyrinthe.

C'est ce style, un peu trop raffiné peut-être , que Voltaire a appelé marivaudage et qui est inimitable.

II.- BEAUMARCHAIS (1732-1799) 8.

- Aventurier , fils d'horloger devenu gentilhomme, courtisan et diplomate, homme d'affaires, auteur des fameux mémoires contre le conseiller Guzman, Beau-. »