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Marivaux (1688-1763) - LA DOUBLE INCONSTANCE: « Vous êtes un grand nigaud, mon ami... »

Publié le 26/04/2014

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marivaux

Marivaux (1688-1763) - LA DOUBLE INCONSTANCE

 

« Vous êtes un grand nigaud, mon ami... « 

TRIVELIN 

 Vous savez que le Prince doit se choisir une femme dans ses États. 

 ARLEQUIN (brusquement) 

Je ne sais point cela, cela m'est inutile. 

 TRIVELIN 

Je vous l'apprends. 

 ARLEQUIN (brusquement) 

Je ne me soucie pas de nouvelles. 

 TRIVELIN 

Silvia plaît donc au Prince, et il voudrait lui plaire avant que de l'épouser ; 

l'amour qu'elle a pour vous fait obstacle à celui qu'il tâche de lui donner pour lui. 

 ARLEQUIN 

Qu'il fasse donc l'amour ailleurs ; car il n'aurait que la femme, moi j'aurais le 

cœur, il nous manquerait quelque chose à l'un et à l'autre, et nous serions tous trois 

mal à notre aise. 

 TRIVELIN 

Vous avez raison : mais ne voyez-vous pas que si vous épousez Silvia, le Prince 

referait malheureux ? 

 ARLEQUIN (après avoir rêvé) 

À la vérité il sera d'abord un peu triste : mais il aura fait le devoir d'un brave 

homme, et cela console ; au lieu que s'il l'épouse, il fera pleurer ce pauvre enfant, je 

pleurerai aussi moi, il n'y aura que lui qui rira, et il n'y a pas de plaisir à rire tout seul. 

 TRIVELIN 

Seigneur Arlequin, croyez-moi, faites quelque chose pour votre maître ; il ne 

peut se résoudre à quitter Silvia, je vous dirai même qu'on lui a prédit l'aventure qui 

la lui a fait connaître, et qu'elle doit être sa femme ; il faut que cela arrive, cela est 

écrit là-haut. 

 ARLEQUIN 

Là-haut on n'écrit pas de telles impertinences : pour marque de cela, si on 

avait prédit que je dois vous assommer, vous tuer par-derrière, trouveriez-vous bon 

que j'accomplisse la prédiction ? 

 TRIVELIN 

Non vraiment, il ne faut jamais faire de mal à personne. 

 ARLEQUIN 

Eh bien, c'est ma mort qu'on a prédite ; ainsi c'est prédire rien qui vaille, et 

dans tout cela il n'y a que l'astrologue à pendre. 

 TRIVELIN 

Eh morbleu on ne prétend pas vous faire du mal ; nous avons ici d'aimables 

filles, épousez-en une, vous y trouverez votre avantage. 

 ARLEQUIN 

Oui-da, que je me marie à une autre, afin de mettre Silvia en colère et qu'elle 

porte son amitié ailleurs. Oh oh, mon mignon, combien vous a-t-on donné pour 

m'attraper ? Allez, mon fils, vous n'êtes qu'un butor, gardez vos filles, nous ne nous 

accommoderons pas, vous êtes trop cher. 

 TRIVELIN 

Savez-vous bien que le mariage que je vous propose vous acquerra l'amitié du 

Prince ? 

Situation du passage 

Le passage donné ici est un extrait de la scène 4 de l'acte I, ce qui rend 

nécessaire une situation précise. 

Tout se déroule dans le palais du prince où sont retenus, mais séparés, les deux 

amoureux : Silvia et Arlequin. Dans la scène 1, Trivelin, qui est officier du palais, 

s'efforce de convaincre Silvia d’être « raisonnable « et de s'intéresser au Prince qui la 

garde prisonnière parce qu'il veut l'épouser. Mais Silvia ne veut rien entendre. Son 

seul désir est de revoir Arlequin. La scène 2 met en présence les instigateurs de 

l'enlèvement et de la séparation des amoureux : le Prince, inquiet de l'évolution de la 

situation, Trivelin, qui est obligé de faire un compte rendu négatif de son intervention 

auprès de Silvia et Flaminia, qui se fait fort de séparer Silvia d'Arlequin en jouant sur 

sa vanité (« elle a un cœur et par conséquent de la vanité «). On apprend au cours de 

cette scène que Silvia, qui a offert à boire au Prince, ne connaît pas son identité. 

Dans la scène 3, Flaminia charge Lisette de séduire Arlequin et de le séparer de 

Silvia. La scène 4 fait apparaître Arlequin en compagnie de Trivelin qui va essayer de 

le persuader de renoncer à Silvia et de laisser le Prince l'épouser. Le début de la scène 

laisse passer l'émotion d'Arlequin parlant de Silvia, son désir de la revoir, son 

impatience. Trivelin en arrive enfin au vif du sujet... 

marivaux

« interrogation sur l'être même qui est abordée, et c'est à ce titre que l'on a pu parler de « métaph ysique du cœur ».. »

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