Marine Terrace, septembre 1853. Victor Hugo, Les Contemplations
Publié le 17/01/2022
Extrait du document

Un vocabulaire emphatique
Victor Hugo semble ici se caricaturer lui-même : termes vagues, sonores mais creux (« L'homme est brumeux, le monde est noir, le ciel est sombre «), répétition d'idées (« l'obscur, l'inconnu, l'invisible «); ton pseudo-philosophique (« ...le réel, l'idéal, le possible «); expressions qui confinent au ridicule (« Nous écoutons le souffle, errant dans les ténèbres, — Dont frissonne l'obscurité «).
Des notations fantastiques
Au milieu de cette accumulation de termes abstraits surgissent d'étranges images concrètes; et, avec elles, naît la poésie, une poésie fantastique :
Nous entendons tomber sur nous les heures, goutte à goutte, Tomber sur l'eau comme sur les plombs.
(Il s'agit probablement des toits.)
Plus loin :
Nous sommes accoudés sur notre destinée
Et surtout :
Nous voyons s'éclairer de lueurs formidables La vitre de l'éternité.
Cette lueur derrière une vitre révèle une présence. Quelqu'un veille et travaille. C'est peut-être Dieu.
Conclusion
Ce poème révèle quelle est la démarche poétique de Victor Hugo. Alors que Baudelaire ou Nerval partent d'une intuition du concret qui se développe en symboles, Hugo est un intellectuel; il part de l'idée; ce n'est qu'ensuite qu'il cherche à la visualiser et à la concrétiser par une image. Quand il y parvient, il crée une poésie qui s'apparente au fantastique.
Liens utiles
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