Marie NDIAYE, Trois femmes puissantes (lecture cursive)
Publié le 17/03/2018
Extrait du document
«
puisque Khady n’était jamais tombée enceinte”.
Ces trois êtres singuliers deviennent alors
mythifiés par le narrateur.
Des images animalières sont en effet omniprésentes dans le récit.
Le père de Norah est
en premier décrit comme un animal puisqu’il semble quitter “d’un coup d’aile la grosse
branche du flamboyant”, et que sa fille s’interroge sur lui : “qui aurait pensé qu’il deviendrait
un vieil oiseau épais, à la volée malhabile et aux fortes émanations ?”.
Mais c’est ensuite au
tour de cette dernière, lors du contrepoint, d’être transformée en un volatile : “Norah était là,
près de lui, perchée parmi les branches défleuries”.
Fanta, elle, semble progressivement se
métamorphoser “ses chevilles alors paraissaient ailées” avant de devenir complètement un
animal possédant “le ventre clair, les vastes ailes brunes d’une buse volant bas” et “son œil
horriblement sévère et jaune”.
Elle devient une bête aux yeux de son époux Rudy qui la
qualifie d’ “affreux oiseau justicier”, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle il ne parle pas
beaucoup de sa femme qui semble l’effrayer par son image animale.
Enfin Khady se voit
aussi devenir un oiseau, s’imaginant des enfants, qui se révèlent par la suite n’être “que des
corbeaux au plumage hirsute”, qu’elle va elle-même appeler “ses enfants-corbeaux”.
Ces
métaphores, quoique réalistes parfois, notamment dans le cas de Fanta, on toutes plus ou
moins la même incidence : les femmes en sont déshumanisées, considérées comme simples
animaux.
Mais ces images ne sont pas seulement le reflet du mépris et de la peur (Fanta rend
Rudy “admiratif quoique mal à l’aise”) suscités par ces trois femmes, elles sont aussi le
symbole de la liberté qu’elles arrivent à s’offrir malgré les nombreux éléments de la vie qui
pourraient les en empêcher.
Ces trois figures féminines vont peu à peu se construire une
identité.
Ces personnages sont d’abord inscrits dans une généalogie, selon les codes du roman
traditionnel.
Chaque héroïne s’inscrit dans une famille particulière.
Norah vit avec sa fille, son
mari et la fille de celui-ci, mais elle ne supporte plus son époux : “elle n’arrivait plus
aujourd’hui à reconnaître l’amour sous la déception”.
Selon elle, l’avoir laissé s’installer chez
elle c’est comme si “elle avait ouvert sa porte et [que] le mal était entré, souriant et doux et
obstiné.”.
Son frère, elle “ ne l’avait pas vu depuis un grand nombre d’années, bien qu’il fût
resté cher à son coeur.”.
Sa mère avait de gros problèmes d’argent suite au départ de Sony , et
“se mit à sortir le soir [...] leur mère avait dû travailler comme prostituée”.
Enfin sa soeur
avait “un problème avec l’alcool [et finit par] se réfugier au sein d’une communauté
mystique”.
Norah a toujours entretenu une relation froide avec son père, dont elle est restée.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- "Trois femmes puissantes" - Marie NDiaye
- Lecture cursive n°1 Annie ERNAUX, La Femme gelée, 1981
- Dossier de lecture cursive : Voltaire de l’œuvre: Micromégas
- EXPOSE LECTURE CURSIVE : Œuvre : Blaise Cendrars, la Prose du Transsibérien
- Lecture cursive : Les Fausses confidences de Marivaux