Marcel PROUST : À LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU - Du côté de chez Swann, 1er partie.
Publié le 04/10/2013
Extrait du document
Cette obscure fraîcheur de ma chambre était au plein
soleil de la rue ce que l'ombre est au rayon, c'est-àdire
aussi lumineuse que lui et offrait à mon imagination le
spectacle total de l'été dont mes sens, si j'avais été en
5 promenade, n'auraient pu jouir que par morceaux; et ainsi
elle s'accordait bien à mon repos qui (grâce aux aventures
racontées par mes livres et qui venaient l'émouvoir) supportait,
pareil au repos d'une main immobile au milieu
d'une eau courante, le choc et l'animation d'un torrent
10 d'activité.
Mais ma grand-mère, même si le temps trop chaud
s'était gâté, si un orage ou seulement un grain était survenu,
venait me supplier de sortir. Et ne voulant pas
renoncer à ma lecture, j'allais du moins la continuer au
15 jardin, sous le marronnier, dans une petite guérite en sparterie
1 et en toile au fond de laquelle j'étais assis et me
croyais caché aux yeux des personnes qui pourraient venir
faire visite à mes parents.
Et ma pensée n'était-elle pas aussi comme une autre
20 crèche au fond de laquelle je sentais que je restais enfoncé,
même pour regarder ce qui se passait au-dehors? Quand je
voyais un objet extérieur, la conscience que je le voyais
restait entre moi et lui, le bordait d'un mince liséré spirituel
qui m'empêchait de jamais toucher directement sa
25 matière; elle se volatilisait en quelque sorte avant que je
prisse contact avec elle, comme un corps incandescent
qu'on approche d'un objet mouillé ne touche pas son
humidité parce qu'il se fait toujours précéder d'une zone
d'évaporation.
Vous ferez de cette page un commentaire composé. Vous montrerez,
par exemple, comment le narrateur cherche à cerner par
l'écriture le spectacle total de l'été.
• L'échec de la perception directe : elle donne une vision fragmentaire et comme éclatée («le spectacle total de l'été dont mes sens, si j'avais été en promenade, n'auraient pu jouir que par morceaux«), donc superficielle (voir la longue phrase finale).
• Les conditions de perception d'un «spectacle total« (l. 4) : la pensée (première phrase du § 3) et l'imagination (première phrase du texte).
«
dire aussi lumineuse que lui et offrait à mon imagination le
spectacle total de l'été dont mes sens, si j'avais été en
5 promenade, n'auraient pu jouir que par morceaux; et ainsi
elle s'accordait bien à mon repos qui (grâce aux aventures
racontées
par mes livres et qui venaient l'émouvoir) sup
portait, pareil au repos d'une main immobile au milieu
d'une eau courante, le choc et l'animation
d'un torrent
10 d'activité.
Mais
ma grand-mère, même si le temps trop chaud
s'était gâté,
si un orage ou seulement un grain était sur
venu, venait me supplier de sortir.
Et ne voulant pas
renoncer à
ma lecture, j'allais du moins la continuer au
15 jardin, sous le marronnier, dans une petite guérite en spar
terie 1 et en toile au fond de laquelle j'étais assis et me
croyais caché aux yeux des personnes qui pourraient venir
faire visite à mes parents.
Et ma pensée n'était-elle pas aussi comme une autre
20 crèche au fond de laquelle je sentais que je restais enfoncé,
même pour regarder ce qui
se passait au-dehors? Quand je
voyais un objet extérieur, la conscience que je le voyais
restait entre moi et lui,
le bordait d'un mince liséré spiri
tuel qui m'empêchait de jamais toucher directement sa
25 matière; elle se volatilisait en quelque sorte avant que je
prisse contact avec elle, comme un corps incandescent
qu'on approche d'un objet mouillé ne touche pas son
humidité parce qu'il
se fait toujours précéder d'une zone
d'évaporation.
Vous ferez de cette page un commentaire composé.
Vous mon
trerez, par exemple, comment le narrateur cherche à cerner par
l'écriture le spectacle total de l'été.
Plan proposé
1.
Un texte fondé sur des antithèses 1.
1 re PARTIE
a) Je / les autres a) 1 re sous-partie
• Un enfant en vacances à Combray.
• Les adultes : ses parents, sa grand
mère et des visiteurs occasionnels :
1.
sparterie : tissage de fibres végétales..
»
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