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Manon lescault la rencontre

Publié le 06/11/2012

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Introduction :Cet extrait de Manon Lescaut, de l'abbé Prévost, constitue une scène attendue du roman : la rencontre amoureuse. Dans cette scène inaugurale, le lecteur peut déjà imaginer la destinée de ceux qui ne sont pas encore amants. Le hasard d'un évènement (la flânerie désoeuvrée de Des Grieux qui, en compagnie de son ami Tiberge, attend son départ fixé au lendemain) met en présence Des Grieux et Manon qui débarque du coche d'Arras. C'est le coup de foudre immédiatement. Ce récit du premier souvenir est placé tout entier sous l'éclairage des suites fatales de l'aventure. Deux regards se superposent : celui du jeune chevalier, charmé par Manon et celui d'un narrateur mûri par l'expérience douloureuse de la passion : récit et confession se conjuguent pour poser pour la première fois l'une des questions fondamentales du roman : Qui est Manon ? I. Le coup de foudre : A) Un portrait allusif de Manon : Seuls quelques mots esquissent la silhouette de Manon. Le narrateur déjoue l'attente en ne donnant aucun portrait de Manon : « Charmante « ; « Fille « ; « Moins âgée « ; « Plus expérimentée «.Aussi ténue que soit l'évocation de Manon, sa présence n'en est pas moins forte. L'emploi de l'intensif « Si charmante « donne un caractère hyperbolique à cette apparition.L'adjectif « Charmante «, qui qualifie Manon, peut se lire de deux façons : jolie ou ensorceleuse. Manon semble jeter un sort au narrateur. Les mots « charmant « et « charme « sont...

« périphrase « Maîtresse de mon cœur », et le vocabulaire de la préciosité avec « enflammé », « transport » témoignent d’une connaissance de l’amour qui est celle du narrateur plus âgé, et non celle du jeune Des Grieux. La métamorphose due à cette rencontre nous est d’ailleurs présentée comme le fruit d’une puissance capable « d’éclairer ».

On note la métaphore l.25.

Cet amour fait basculer le jeune Des Grieux dans l’âge adulte, l’âge de la connaissance, en ne lui inspirant que des intentions élevées. II.

Le plaidoyer et le travail du souvenir : A) Une apologie personnelle : L’homme qui parle au début commente son expérience dans le sens du remords et de l’apologie personnelle.

Le « Hélas » de la première ligne indique assez bien le jugement qu’il porte sur son aveuglement passé ; et le sentiment qu’il a d’avoir commis une faute s’exprime avec solennité, voire grandiloquence « Que ne le marquais-je un jour plus tôt ». Sans relâche, il amoncelle les excuses en insistant sur la pureté de sa vie antérieure et de ses intentions : « Nous n’avions d’autre motif que la curiosité » ; « J’avais marqué le temps de mon départ » ; « Moi dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue ».

Le ton est sans contexte celui du plaidoyer. Le texte est donc manifestement ambigu dans la mesure où le narrateur porte un regard émerveillé sur la catastrophe providentielle qui l’a rendu malheureux.

Le jeune homme qui nous est présenté dans son élan chevaleresque a quelque chose de sublime : nulle prudence, nulle crainte des parents ne l’arrêtent.

C’est avec l’admirable noblesse d’un héros qu’il tombe dans le piège. B) L’annonce d’une passion fatale : Beaucoup d’éléments ont pour fonction, dans le texte, d’annoncer que la rencontre a produit des effets catastrophiques : ainsi est mentionné « Le penchant au plaisir » de Manon, qui « a causé tous ses malheurs et les miens », « l’ascendant » de la destiné de Des Grieux qui l’a conduit « à sa perte ».

Il n’y a rien de tel pour aviver le désir du lecteur d’entrer dans la fiction. L’inexpérience sentimentale de Des Grieux est tout de suite vaincue par la fatalité de la passion qui efface toute autre réaction : Des Grieux ne se pose aucune question, il n’a aucune lucidité, ne se livre à aucune réflexion. La dimension tragique est également mise en avant.

Il n’y a pas de véritable émotion tragique sans anticipation : un évènement présent, s’il n’est chargé de son poids d’avenir catastrophique, est nettement moins poignant.

Voilà pourquoi, par exemple, le portrait moral de Manon est beaucoup plus fourni que son portrait physique : nous apprenons en effet qu’ « elle était bien plus expérimentée » que Des Grieux et que « son penchant s’était déjà déclaré ». Elle est aussi présentée comme une femme habile : elle répond « ingénument », elle mesure déjà tout ce qu’elle pourra obtenir.

Sa maturité contraste avec le naturel de Des Grieux, sa naïveté et cela inquiète le lecteur.

Etant averti, le lecteur est mieux à même d’apprécier la situation dans tout ses implications, il est placé aux premières loges psychologiques.

Le lecteur assiste, dès lors, délicieusement impuissant et supérieur, au déclenchement du drame. Conclusion : Les premières rencontres sont les passages obligés et constituent souvent les morceaux de bravoure des romans d’amour.

Celle-ci est paradoxale : elle mène le bonheur du coup. »

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