Manon lescault la rencontre
Publié le 06/11/2012
Extrait du document
«
périphrase « Maîtresse de mon cœur », et le vocabulaire de la préciosité avec « enflammé
», « transport » témoignent d’une connaissance de l’amour qui est celle du narrateur plus
âgé, et non celle du jeune Des Grieux.
La métamorphose due à cette rencontre nous est d’ailleurs présentée comme le fruit d’une
puissance capable « d’éclairer ».
On note la métaphore l.25.
Cet amour fait basculer le
jeune Des Grieux dans l’âge adulte, l’âge de la connaissance, en ne lui inspirant que des
intentions élevées.
II.
Le plaidoyer et le travail du souvenir :
A) Une apologie personnelle :
L’homme qui parle au début commente son expérience dans le sens du remords et de
l’apologie personnelle.
Le « Hélas » de la première ligne indique assez bien le jugement
qu’il porte sur son aveuglement passé ; et le sentiment qu’il a d’avoir commis une faute
s’exprime avec solennité, voire grandiloquence « Que ne le marquais-je un jour plus tôt ».
Sans relâche, il amoncelle les excuses en insistant sur la pureté de sa vie antérieure et de
ses intentions : « Nous n’avions d’autre motif que la curiosité » ; « J’avais marqué le temps
de mon départ » ; « Moi dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue ».
Le ton est
sans contexte celui du plaidoyer.
Le texte est donc manifestement ambigu dans la mesure où le narrateur porte un regard
émerveillé sur la catastrophe providentielle qui l’a rendu malheureux.
Le jeune homme qui
nous est présenté dans son élan chevaleresque a quelque chose de sublime : nulle
prudence, nulle crainte des parents ne l’arrêtent.
C’est avec l’admirable noblesse d’un
héros qu’il tombe dans le piège.
B) L’annonce d’une passion fatale :
Beaucoup d’éléments ont pour fonction, dans le texte, d’annoncer que la rencontre a
produit des effets catastrophiques : ainsi est mentionné « Le penchant au plaisir » de
Manon, qui « a causé tous ses malheurs et les miens », « l’ascendant » de la destiné de
Des Grieux qui l’a conduit « à sa perte ».
Il n’y a rien de tel pour aviver le désir du lecteur
d’entrer dans la fiction.
L’inexpérience sentimentale de Des Grieux est tout de suite vaincue par la fatalité de la
passion qui efface toute autre réaction : Des Grieux ne se pose aucune question, il n’a
aucune lucidité, ne se livre à aucune réflexion.
La dimension tragique est également mise en avant.
Il n’y a pas de véritable émotion
tragique sans anticipation : un évènement présent, s’il n’est chargé de son poids d’avenir
catastrophique, est nettement moins poignant.
Voilà pourquoi, par exemple, le portrait
moral de Manon est beaucoup plus fourni que son portrait physique : nous apprenons en
effet qu’ « elle était bien plus expérimentée » que Des Grieux et que « son penchant s’était
déjà déclaré ».
Elle est aussi présentée comme une femme habile : elle répond « ingénument », elle
mesure déjà tout ce qu’elle pourra obtenir.
Sa maturité contraste avec le naturel de Des
Grieux, sa naïveté et cela inquiète le lecteur.
Etant averti, le lecteur est mieux à même
d’apprécier la situation dans tout ses implications, il est placé aux premières loges
psychologiques.
Le lecteur assiste, dès lors, délicieusement impuissant et supérieur, au
déclenchement du drame.
Conclusion :
Les premières rencontres sont les passages obligés et constituent souvent les morceaux
de bravoure des romans d’amour.
Celle-ci est paradoxale : elle mène le bonheur du coup.
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