MALRAUX André : sa vie et son oeuvre
Publié le 26/11/2018
Extrait du document


«
dans
le logement surplombant l'épicerie familiale de
Bondy.
Il fréq uente le collège, puis, à dix-sept ans,
décide de prendre en main sa propre éducation.
Pas
sionné d'art, élève au musée Guimet et à l'école du
Louvre, ce lecteur insatiable apprend le sanskrit.
Il gagne
sa vie dans le commerce des livres d'occasion, et cette
activité l'introduit auprès d'intellectuels chevronnés
(Gide, Max Jacob, Reverdy) qui l'encouragent à écrire :
la revue la Connaissance publie son premier texte criti
que («Des origines de la poésie cubiste», 1920), et
l'éditeur Kahnweiler, un récit fantastique que Malraux
qualifie de «farfel u» : Lunes en papier (1 921 ), illustré
par Léger.
Vlaminck, Derain et surtout Picasso devien
nent ses amis, le convertissant au principe d'une liberté
formelle de 1' imaginaire (cf.
« Des lapins pneumatiques
dans un jardin français », 1922).
Accordant son credo artistique ( « Nous ne sentons que
par comparaison », préface du catalogue de l'ex position
Galanis, 1922) à son goût de l'aventure, avec Clara
Goldschmidt, sa jeune épouse, il s'embarque pour l'In
dochine chargé d'une missi9n archéologique et lance,
sous l'œil réprobateur de l'Ecole française d'Extrême
Orient, une expédition à travers la jungle en pays khmer.
A Banteaï-Srey, Malraux prélève quelques fragments
d'un temple, mais, revenu à Phnom Penh, il est inculpé
de vol.
Une action en justice s'engage (elle se terminera
par un non-lieu en 1930), retenant l'écrivain trois ans
en Extrême-Orient.
Scandalisé par l'asservissement du
peuple khmer, il se jette dans l'action politique, organi
sant avec Nguyên-Pho le mouvement Jeune Annam et
publiant avec le libéral Paul Monin le journal Indochine,
qui deviendra l'Indochine enchaînée.
Ses éditoriaux prô
nent une évolution non-violente vers une société préser
vant l'égalité des chances.
En 1926, après maintes péré
grinations qui le mettent en contact avec des
révolutionnaires chinois, il regagne Paris.
La clôture du cycle «farfelu» (l'Expédition d'Ispa
han, 1925; Royaume farfelu, 1928) marque une bifurca
tion dans la vie de Malraux : d'un côté, vers un engage
ment politique qui le rapproche, avec Gide, Nizan, Ilya
Ehrenbourg, de la III" Internationale, le point d'ancrage
se trouvant dans l'Association des écrivains et artistes
révolutionnaires (1 932) animée par Paul Vaillant
Couturier; de l'autre, vers la création d'une œuvre roma
nesque inspirée de son expérience asiatique (les Conqué
rants, 1928; la Voie royale, 1930; la Condition humaine,
prix Goncourt 1933).
Mais bientôt la figure de 1' auteur rejoint celle de ses
personnages «en qui s'uni ssent l'aptitude à l'action, la
culture et la lucidité » (postface des Conquérants, La
Pléiade, 1957).
Initié aux cultures mondiales par ses
voyages, ses expéditions (survol du désert de Ohana à la
recherche de la capitale de la reine de Saba, 1933), ses
rencontres avec l'élite intellectuelle internationale
(Claudel, Heidegger, Eisenstein, Gorki, Trotski, etc.), il
dénonce lucidement le péril fasciste (le Temps du mépris,
1935), puis, s'engageant aux côtés des républicains espa
gnols, organise et commande l'escadrille Es pana, qui
combattra jusqu'à l'arrivée de l'aviation soviétique (cf.
l'Espoir, 1937, porté à l'écr an par l'auteur, 1938; prix
Louis-Delluc, 1945).
Avec la guerre, 1' aventure continue : engagé en 1939,
prisonnier en 1940 (cf.
les Noyers de l'Altenburg),
évadé, Malraux dirige un réseau de résistance en zone
Sud.
Blessé en 1944, capturé, soumis à un simulacre
d'exécution, libéré par les F.F.l., il commande jusqu'à la
fin des hostilités la brigade Alsace-Lorr aine.
Mais, tandis
que son nom de guerre, « colonel Berger », devient illus
tre, sa famille est décimée : ses deux demi-frères sont
Morts pour la France (1944-1 945); Josette Clotis, qui lui
a donné deux fils, périt de mort violente.
Ces deux fils,
eux-mêmes, se tueront en voiture (1 961 ).
Auréolé
des prestiges de 1' action et de la culture,
Malraux rencontre le général de Gaulle (1945), en qui il
reconnaît aussitôt son «hér os>>; ministre de l'Informa
tion (1945), militant R.P.F.
pendant la «traversée du
désert », enfin ministre d'État chargé des Affa ires cultu
relles ( 1959-19 69), le Malraux qui a « épousé la France »
· (cf.
Antimémoires, 1967) partage les fortunes du gaul
lisme.
Chantre des gloires nationales à la «p rédication
haletante >> (cf.
Oraisons funèbres, 1971), s'entretenant
avec les dirigeants mondiaux, créant les Maisons de la
culture, s'intéressant à la communication audiovisuelle,
rénovant les monuments de Paris dont il décide de
«c hanger la couleur> >, Malraux sera �n des seuls visi
teurs admis à Colombey-les-Deux-Eglises après la
retraite du Général (cf.
les Chênes qu'on abat ...
, 1971) .
Mais, parallèlement à cette activité politique, Malraux
compose d'importants textes sur l'art, s'interrompant
seulement pendant la période ministérielle : le Musée
imaginaire (1947), les Voix du silence (1951), la Méta
mOI·phose des dieux (tome 1, 1957) introduisent dans
l'esthétique le concept novateur de «m étamorphose »,
tandis que, annoncée par les Noyers de l'Altenburg, la
réfl exion malrucienne s'oriente vers une mutation for
melle de l'autobiographie qui donnera naissance aux
Antimémoires (1967).
Retiré à Verrière s-le-Buisson, auprès de Louise de
Vilmorin (t 1969), Malraux retourne cependant en Inde,
au Bangladesh, au Japon, aux États-Unis.
ajoutant encore
deux tomes à la Métamorphose des dieux (1974 et 1976).
Puis, profitant des répits que lui laisse son dernier com
bat avec la mort (cf.
Lazare, 1974), il complète son
œuvre par de lyriques et nostalgiques hommages en
forme d'entretiens avec de Gaulle (les Chênes qu'on
abat ...
) et avec Picasso (la Tête d'obsidienne, 1974),
pratiquant ainsi la vertu d'admiration, qu'il place parmi
«les plus hautes qualités de l'homme » (cf.
Anti
mémoires).
L'homme est ce qu'il fait
Malraux affectionne la phrase binaire : une première
proposition négative préludant à l'affirmation contenue
dans la seconde.
C'est le mouvement même d'une pensée
qui s'éclaire par l'oppositi on: l'Indochine révèle au
jeune auteur l'Extrême-Orient -un monde installé dans
J'éternel, une humanité accordée au cosmos -; à l'in
verse, Je monde occidental (cf.
la Tentation de l'Occi
dent, 1926) se débat dans les pièges du temps et d'un
individualisme qui a mis en déroute les valeurs tradition
nelles : « La réalité absolue a été pour vous Dieu, puis
l'homme », écrit à son correspondant français un jeune
Chinois séjournant en Europe, « et vous cherchez avec
angoisse celui à qui vous pourriez confier son étrange
héritage » (ibid.).
D'où une violence latente, la promesse
d'un et, sur le plan philosophique,
une remise en question tragique des rapports de l'homme
avec un Destin précaire, limité par une mort sans pers
pective eschatologique.
Reprenant ces thèmes, chacune
des œuvres de Malraux dépeint à sa manière la révolte
de l'homme occidental contre une Création qui lui est
devenue étrangère, et elle tente de répondre -bien avant
l'ex istentialisme sartrien - à l'interrogation laissée en
suspens par la mort de Dieu : si «l'humanité a été créée
pour le néant par quelque puissance aveugle>> (ibid.),
quelle chance une conscience contingente, et par surcroît
engagée dans une Histoire catastrophique, garde-t-elle
d'arracher sa vie à l'insignifiance?
Au Destin, Malraux oppose d'abord une littérature de
la dérision.
Considérés à tort comme une évasion dans le
fa ntastique, ses contes farfelus, influencés par le goût à
la fois surréaliste et symboliste des années 20, transpo
sent dans le registre parodique la problématique formali-.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Pensez-vous comme André Malraux que la vie privée des grands créateurs n'est qu'un « misérable tas de petits secrets » dont le lecteur n'a guère besoin, ou croyez-vous au contraire qu'une telle connaissance contribue précieusement à la bonne intelligence d'une oeuvre ? Vous illustrerez votre argumentation d'exemples précis, soigneusement analysés.
- Pensez-vous comme André Malraux que la vie privée des grands créateurs n'est qu'un « misérable tas de petits secrets » dont le lecteur n'a guère besoin, ou croyez-vous au contraire qu'une telle connaissance contribue précieusement à la bonne intelligence d'une oeuvre ?
- CHÊNES QU’ON ABAT (Les) André Malraux - résumé de l'oeuvre
- Dunoyer de Segonzac, André - vie et oeuvre du peintre.
- Lhote, André - vie et oeuvre du peintre.