MAISTRE Joseph Marie : sa vie et son oeuvre

MAISTRE Joseph Marie, comte de (1753-1821). Joseph de Maistre a vécu aux marges de la France; sa position littéraire en est restée marginale et presque suspecte. Théoricien contre-révolutionnaire, il attaque le rationalisme des Lumières avec l’arme même qu’employaient les Philosophes pour saper l’ancienne société : une vive dialectique, qui inspire des pages graves ou condense la logique d’une pensée catégorique en aphorismes, formules ou pointes d’une ironie meurtrière.

Né à Chambéry, au cœur d’une Savoie alors possession des rois de Piémont et de Sardaigne, dans une famille de petite noblesse de robe. Joseph de Maistre — frère aîné de Xavier de Maistre — entre dans la magistrature. Franc-maçon, libéral, attiré par l’illuminisme du philosophe lyonnais Saint-Martin, il se désabuse devant les premiers excès de la Révolution et, surtout, quand les armées de la Convention envahissent la Savoie.

Il s’exile et joint la réflexion théorique à la polémique (Lettres d'un royaliste savoisien à ses compatriotes, 1793; Etude sur la souveraineté, 1794-1796, inédit jusqu'en 1870; Considérations sur la France, anonyme, 1797). Ambassadeur en Russie, il poursuit ses recherches, qui aboutissent, en 1814, à l’Essai sur le principe générateur des constitutions politiques. Ministre d'État à Turin après 1815, il devient un des maîtres à penser de l’ultraroyalisme et donne à l’ultramontanisme ses manifestes (Du pape, 1819; De l'Église gallicane, 1821). Le livre qui résume en traits frappants sa doctrine, les Soirées de Saint-Pétersbourg (1821), paraît peu de temps après sa mort, comme une protestation d’outre-tombe contre les compromissions et les timidités des restaurations.