L'Orientalisme d'Edouard Said
Publié le 19/10/2013
Extrait du document
«
II- La géographie imaginaire et ses représentations: orientaliser l’Oriental
On peut considérer que l’existence formelle de l’orientalisme commence dans l’Occident
chrétien avec la décision prise par le concile de Vienne, en 1312, de créer une série de chaires
de langues arabe, grecque, hébraîque et syriaque à Paris, Oxford, Bologne, Avignon et
Salamanque.
Observation méthodologique: « Les domaines sont, bien entendu, fabriqués.
Ils acquièrent
cohérence et solidité avec le temps, parce que les savants se consacrent d’une manière ou
d’une autre à ce qui semble une discipline généralement acceptée.
Mais il va sans dire qu’un
domaine de recherches est rarement défini aussi simplement que le prétendent ses partisans
les plus convaincus, qui sont d’ordinaire des érudits, des professeurs, des spécialistes, etc.
»
(p.
66)
Personne ne peut imaginer un domaine symétrique: « l’occidentalisme ».
Les orientalistes ont été, jusqu’au milieu du dix-huitième siècle, des érudits bibliques, des
savants qui étudiaient les langues sémitiques, des spécialistes de l’islam, des sinologues.
Raymond Schwab, dans La Renaissance orientale, estime que le mot « oriental » désigne une
passion d’amateur et de professionnel pour tout ce qui est asiatique.
Ce mot est un synonyme
pour tout ce qui est exotique, mystérieus, profond, séminal.
Ce n’est qu’une transposition plus
récente vers l’est d’un enthousiasme du même ordre ressenti par l’Europe pour l’Antiquité
grecque et latine au début de la Renaissance.
Effet courant de l’« orientalisme » universitaire: « Lorsqu’un savant orientaliste voyageait
dans le pays de sa spécialité, c’était toujours bardé d’inébranlables maximes abstraites
concernant la « civilisation » qu’il avait étudiée; rares ont été les orientalistes qui se sont
intéressés à d’autre chose qu’à prouver la validité de ces « vérités » moisies en les appliquant,
sans grand succès, à des indigènes incompréhensifs, donc dégénérés.
» (p.
69)
Il existe un orientalisme comme genre littéraire, illustré par Hugo, Nerval, Goethe, Flaubert,
Fitzgerald et d’autres.
« Les deux aspects de l’Orient qui l’opposent à l’Occident dans l’une et l’autre de ces deux
pièces vont rester par la suite les motifs essentiels de l’imaginaire géographique européen.
Une ligne de partage est tracée entre les deux continents.
L’Europe est puissante et capable de
s’exprimer, l’Asie est vaincue et éloignée.
[…] Deuxièmement, il y a le motif de l’Orient
comme danger insinuant.
La rationalité est minée par le caractère « excessif » de l’Orient, qui
oppose son mystérieux attrait aux valeurs qui semblent être la norme.
» (p.
73).
Longtemps l’islam a été jugé comme une version nouvelle et frauduleuse d’une expérience
plus ancienne: le christianisme.
Après la mort de Mahomet, en 632, l’hégémonie militaire, puis culturelle et religieuse, de
l’islam, s’est énormément étendue: la Perse, la Syrie, l’Egypte, la Turquie, puis l’Afrique du
Nord.
Viennent après: l’Espagne, la Sicile, une partie de la France (VIII-IXe siècle).
Au
treizième et au quatorzième siècle l’islam régnait à l’est jusqu’à l’Inde, l’Indonésie et la Chine
L’orientalisme est une forme de domestication de l’exotisme.
Mensonge: la Chanson de Roland montre les musulmans adorant Mahomet et Apollon.
En 1460, un épisode spectaculaire s’est produit: quatre hommes de science, Jean de Segovie,
Nicolas de Cusa, Jean Germain et Aeneas Silvius (Pie II) ont tenté de traiter avec l’siam une
conférence.
L’idée venait de Jean de Ségovie: ce devait être une conférence mise en scène
avec l’islam, les chrétiens tentant la conversion « en gros » des musulmans.
Dans les écrits des chrétiens: « […] puisque Mahomet était considéré comme le propagateur
d’une fausse Révélation, il était devenu un condensé de lubricité, de débauche, de sodomie et
de toute une collection de traîtrises, toutes issues « logiquement » de ses impostures
doctrinales » (p.
7.
»
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