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L'oeuvre de Racine

Publié le 13/09/2018

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racine

L'œuvre de Racine

SOUS LE SIGNE DE LA TRAGÉDIE

 

L’œuvre dramatique de Racine paraît singulière. Beaucoup moins volumineuse, moins diverse que celle de Corneille, elle ne comprend qu'une douzaine de pièces: onze tragédies et une comédie, Les Plaideurs, qui reprend d'ailleurs sur un autre mode le thème majeur de ce théâtre - les égarements de la passion ou les ravages de la folie. Autre singularité: l’essentiel est conçu, écrit et joué en un espace de temps relativement court, quelque douze années seulement, de 1664 (La Thébaïde) à 1677 (Phèdre). Un long silence, une brutale cassure, qui ont fait couler beaucoup d’encre, interrompent une production serrée, à son zénith, isolant ainsi les deux dernières pièces, Esther et Athalie, fruits tardifs d’un ultime et bref retour au théâtre en 1689. Aussi l’œuvre de l’un des plus grands dramaturges fut-elle loin d’avoir occupé sa vie entière, mais elle est d’une telle densité, d'une telle perfection qu’elle a fmi, plus encore que celle de Corneille, par représenter de façon exemplaire, à elle seule, et le tragique et la tragédie classique.

 

L'étude du théâtre complet révèle un poète qui s’élève par degrés, de pièce en pièce, jusqu'à la souveraine maîtrise de son art, en autant de variations éblouissantes sur quelques thèmes obsédants. Une réelle diversité va de pair avec une profonde unité. De ce point de vue, Phèdre, qui est comme suspendue au bord du mystérieux silence, au terme d’une lignée ininterrompue de chefs-d'œuvre, apparaît comme le couronnement de l'édifice, la merveille des merveilles.

 

Des regroupements peuvent se faire, distinguant les tragédies grecques, les plus nombreuses (La 'Thébaïde, Alexandre, Andromaque, Iphigénie et Phèdre), des tragédies romaines (Britannicus, Bérénice), ou des tragédies orientales (Baja zet, Mithridate) et des tragédies bibliques (Esther, Athalie). On peut aussi voir en Andromaque, Bajazet et Phèdre des

racine

« tragédies de la fureur, en Iphigénie, Esther et Athalie des tra­ gédies religieuses, en Britann icus, Bérénice et Mi thr idate des tragédies politiques, ou encore dans les deux premières œuvres, La Thébaïde et Alexandre, des pièces >.

Des oscillations se décèlent entre un optimisme pompeux, de Cour, qui triomphe par exemple dans Iphigénie et un sombre pessimisme, d'inspiration janséniste peut-être, qui l'emporte dans Phèdre ; entre le romanesque (Alexandre) ou le mythique (Phèdre) et un âpre réalisme psychologique (Andr omaque) ; entre la légende et l'histoire ; entre le drame et le chant.

Chaque œuvre parvient à être une composition unique, jouant sur ces couleurs-là.

En fin de compte pourtant, les deux lois fondamentales de ce théâtre sont la cruauté ou la violence et la beauté ou la poé­ sie ; une paradoxale et fascinante conjonction a lieu entre tous les paroxysmes et une solennelle célébration ou une mysté­ rieuse harmonie, entre la tension du drame et les prestiges de la cérémonie dramatique, entre le tragique et l'esthétique.

l'U NIVERS RACINIEN Pour Racine, grand connaisseur de la littérature antique, du théâtre d'Eschyle, de Sophocle et d'Euripide, de Sénèque aussi, la tragédie doit être un drame exemplaire, mettant en lumière les contradictions et les ambiguïtés de la condition humaine, sa misère et sa grandeur.

Les tragédies raciniennes, à l'instar de celles des Anciens, veulent susciter terreur et pitié, les deux émotions qu'Aristote avait liées au genre.

Il s'agit de faire fré­ mir et pleurer devant des maux, des épreuves, des périls et des souffrances qui portent à réfléchir.

Et comme une longue tradition rendait responsables, à juste titre, du malheur tra­ gique les passions des hommes, l'amour et l'ambition surtout, ces deux folies dangereuses, Racine voit à son tour, après Cor­ neille, dans les élans amoureux et les calculs politiques les thèmes essentiels de l'œuvre tragique.

Son originalité néan­ moins sera d'installer au cœur de son théâtre, qui n'en ignore pas pour autant les. »

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