L'oeuvre de Proust
Publié le 22/04/2010
Extrait du document
A LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU
DU COTÉ DE CHEZ SWANN (1913)
A L'OMBRE DES JEUNES FILLES EN FLEURS
LE COTÉ DE GUERMANTES (1920)
SODOME ET GOMORRHE (1922)
LA PRISONNIÈRE (1923)
ALBERTINE DISPARUE (1925)
LE TEMPS RETROUVÉ (1927)
LES PLAISIRS ET LES JOURS (1896)
PASTICHES ET MÉLANGES (1919)
CHRONIQUES (1927)
JEAN SANTEUIL (1952)
TRADUCTIONS DE RUSKIN
LA BIBLE D'AMIENS (1904)
SÉSAME ET LES LYS (1906)
CORRESPONDANCE GÉNÉRALE
(1930‑ 1936)
PROUST (Marcel), écrivain français (1871-1922). Il écrivit un ensemble de romans regroupés sous le titre A la recherche du temps perdu (1913-1927), vaste fresque dans laquelle il traduit le pouvoir d'évocation de la mémoire. Du Côté de chez Swann en est le premier jalon.
«
Refusé par tous les éditeurs, le premier volume
est publié à
compte d'auteur, chez Grasset, en
1913, dans une indifférence quasi générale.
La
gloire ne viendra qu'en 1919, quand le deuxième
.
volume, A l'ombre des jeunes filles en fleurs, sera
couronné par 1 'Académie Goncourt.
Paraissent
ensuite
Le côté de Guermantes (1920), Sodome et
Gomorrhe (1921) et, après la
mort de Proust
qui, jusqu 'à son dernier jour, n'avait cessé
d'enrichir son œuvre,
La prisonnière (1923),
La fugitive (1) (1925), et Le temps retrouvé (1927).
Le roman d'une vocation
Marcel Proust est l'auteur d'un seul livre.
Toute son activité littéraire antérieure à 1907,
date à laquelle commence la rédaction de l'œuvre
définitive, ne fait qu'annoncer ce qui sera A la
recherche
du temps perdu.
Si Les plaisirs et les
jours est une œuvre de jeunesse, Contre Sainte
Beuve
et Jean Santeuil ont été constitués par des
éditeurs à
partir de textes inédits.
Ils témoignent
d'une vocation littéraire non pas fougueuse et
désordonnée, mais consacrée à 1 'expression
toujours plus fidèle d'une expérience intérieure.
Le héros de la Recherche suit une évolution
probablement parallèle à celle de son créateur :
le
roman est l'histoire de sa vocation d'écrivain.
Enfant,
il est déjà en quête de l'œuvre à venir,
s'interrogeant sur son contenu, doutant de
lui-même :
Puisque je voulais un jour être écrivain,
il était temps de savoir ce que je comptais écrire.
Mais dès que je me le demandais, tâchant de trouver un sujet où je
pusse faire tenir une signification philosophique
infinie, mon esprit s'arrêtait
de fonctionner, je ne voyais plus que le vide en face de mon attention, je
sentais que je n'avais pas de génie, ou peut-être une
maladie cérébrale l'empêchait de naître.
Puis
la vie du héros se déroule, décevante et
apparemment stérile jusqu'à ce qu'enfin, au
terme du roman, une illumination lui fasse
découvrir que
c'est la vie elle-même qui est le
sujet de l'œuvre.
Ainsi, A la recherche du temps
perdu est l'histoire de
sa propre genèse, ou plutôt
de l'inspiration qui lui donne naissance.
Du même
coup, 1 'existence du héros, mondaine et désœu
vrée, se trouve
en quelque sorte justifiée par le
génie
car
Ceux qui produisent des œuvres géniales sont [ ...
]
ceux qui ont le pouvoir, cessant brusquement de
1.
Dont le titre initial était Albertine disparue.
vivre pour eux-mêmes, de rendre leur personnalité
pareille à un miroir, de telle sorte que leur vie, si médiocre d'ailleurs qu'elle pouvait être [ ...
], s'y
reflète, le génie consistant dans le pouvoir réfléchissant
et non dans la qualité intrinsèque du spectacle reflété .
Le
roman est moins la chronique d'une vie que
l'épanouissement d'une vision dont les événe
ments
ne sont que le prétexte.
Aucune aventure,
aucune intrigue dans A la recherche du temps
perdu, mais une découverte des êtres, des choses
et de soi-même .
La voix du narrateur
L'instrument de cette découverte est un cer
tain langage.
Proust ne devient un maître que
quand il passe du roman à la troisième personne
(le
« il » de Jean Santeuil) au« je » qui, d'emblée,
donne le ton de la Recherche :
Longtemps, je
me suis couché de bonne heure.
Ce« je» ne représente ni l'auteur- rar le roman
n'est pas une autobiographie -ni le héros pro
prement dit, mais un personnage intermédiaire,
le
narrateur, dont les souvenirs constituent la
matière du roman.
En distinguant derrière ce
« je » unique un personnage qui vit l'action et,
d'autre part, le même, bien des années après,
qui
en fait le récit, on conçoit le parti que le
romancier peut tirer de cette double perspective.
Les perceptions, les sentiments
ne sont pas
donnés à 1 'état brut mais ordonnés, enrichis de
réflexions et de rapprochements, enserrés dans
un réseau de souvenirs qui mêlent au plus loin
tain passé l'évocation de moments plus récents;
expérience
non pas vécue mais revécue, la vie du
narrateur se charge de poésie et le «je » acquiert
une épaisseur temporelle inaccoutumée.
Le narrateur se distingue du personnage de
roman en ce qu'il n'a pas de trait physique
précis et
qu'il ne participe à aucune aventure
exceptionnelle.
Il se définit
plutôt comme la
conscience centrale de l'œuvre.
Tout ce que nous
voyons, nous le voyons
par ses yeux, nous ne
connaissons que les lieux qu'il visite et les per
sonnages
qu'il rencontre; 1 'univers de la Recherche
est strictement réduit
au champ de sa propre
expérience, et le lecteur ne jouit d'aucune position
privilégiée
:contraint d'ignorer tout ce qu'ignore
le narrateur, il ne peut qu'adopter son point de
vue sans restriction.
Le style de Proust donne
au narrateur une « voix » que l'on écoute tout
au long du roman; ces longues phrases où s'in
terpénètrent les subordonnées, coupées d'incises.
»
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