L’Odyssée - Chants V à XIII: En quoi Circée et Calypso sont-elles comparables ?

« comme une déesse à la beauté indéniable, arborant elle aussi « de beaux cheveux ».

On notera également l’importance du chant, véritable atout de séduction des deux femmes. Lorsqu’Ulysse pénètre dans la grotte de la nymphe, il la trouve « chantant à belle voix » et il est évident que ce délicieux spectacle ne le laisse pas de marbre.

De même, Circée attire les compagnons d’Ulysse par son chant, étant caractérisée comme « la terrible déesse à voix humaine ».

Son chant envoute et laisse planer le doute sur sa nature ; curieux, les compagnons d’Ulysse ne savent pas s’il s’agit d’une déesse ou d’une femme.

Egalement appelée une « sorcière », elle est connu pour ses talents d’enchanteresse et capture, empoisonne et transforme les compagnons d’Ulysse grâce à ses subtilités vocales et ses breuvages magiques. Ces deux personnages sont symboles de séduction, de sensualité et d’envoutement dans l’œuvre et ceci est témoigné par l’incapacité des hommes à résister à leur terribles charmes. Cependant, l’attirance est réciproque car elles aussi succombent à la figure désirable d’Ulysse. Calypso s’éprend éperdument de lui,le désir comme époux et ne parvient pas à le libérer, tant se séparer de lui lui fais mal.

De même, en voyant qu’il a résisté à ses drogues et à ses ensorcellements, Circée se jette à ses pieds et le prie de rester chez elle.

Il est indéniable qu’un fort désir physique se ressent dans ces deux épisodes, les références et connotations sexuelles (ou du moins sensuelles) ne se font pas rares.

Ulysse, bien qu’amoureux et loyale envers Pénélope, ne se fais pas prier de s’engager dans des ébats « ardents » avec la nymphe et la déesse. Enfin, l’aide qu’apporte Calypso et Circée à Ulysse leur confère un caractère semblable.

En effet, bien que réticente à voir Ulysse partir, la nymphe Calypso « avait apporté des tarières … de l’étoffe » afin qu’il construise un navire solide et sur.

Elle lui donne également de quoi boire et manger pour son voyage en mer et lui offre de précieux conseils en terme de navigation.

De même, Circée prévient Ulysse des dangers futurs et lui explique comment parvenir aux enfers d’Hadès afin de parler à Tirésias.

Elle ne rechigne pas à s’épandre en conseils afin que son voyage se déroule au mieux. Malgré leurs nombreuses similitudes, Calypso et Circée représentent deux facettes de la femme, différentes, voir opposées.

Tout d’abord, on remarquera le côté possessif et jaloux de Calypso,qui n’apparaît pas du tout dans le personnage de Circée.

En effet, depuis sept ans, la nymphe retient Ulysse dans sa grotte, qui se transforme en prison dorée.

Il est dit : « le voilà dans une île à souffrir de cruels tourments ».

Elle a beau lui offrir tout ce dont il a besoin, la seule chose qu’il désire et de partir et de retrouver son épouse Pénélope et sa patrie Ithaque.

« Ses larmes n’avaient pas séché » témoigne du malheur et désespoir profond d’Ulysse qui se voit enfermé à tout jamais dans cette antre à l’odeur de myrte.

De plus, Calypso agit de manière extrêmement égoïste car son réel désir et de garder Ulysse afin qu’il devienne son époux.

Au bout de sept longues années, Ulysse s’est lassé de la nymphe et leur rapport se résument par la phrase « « elle ardente, lui sans ardeur ».

Elle apparaît telle une figure de domination face à un Ulysse réifié un jouet qui aiderait la nymphe à satisfaire ses moindres envies.

Elle n’est plus la femme charmante et séduisante comme décrite précédemment, mais devient une prédatrice effrayante et jalouse.

De là nait l’ambigüité de ce personnage, à la fois vecteur d’aide puis d’obstacle.

Cette ambivalence reflète le double aspect et le paradoxe du pouvoir féminin ; elle n’a séduit Ulysse qu’afin de répondre à ses désirs personnels et une sorte de relation dedépendance s’est installée : elle ne peut le voir partir par peur de la solitude mais en même temps, elle se sert de lui.

Elle cède à le laisser partir sous les ordres d’Hermès, bien qu’elle tente une dernière fois de le convaincre, mais en vain. De plus, Calypso représente un danger pour Ulysse et le met face à un choix extrêmement difficile.

En effet, elle lui propose l’éternité si il accepte de l’épouser.

Il ne connaîtra jamais la vieillesse, le manque et le besoin.

Ulysse est conscient de la beauté de cette nymphe, et du désir, bien que tari, qu’il ressent pour elle mais il ne peut accepter cette cadeau empoisonné.. »