Littérature russe : Moyen Age et Renaissance.
Publié le 23/10/2011
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Or, si la littérature écrite n'a pas pé· nétré dans le peuple, la littérature populaire orale a de tout temps pénétré dans les classes supérieures de la société, longtemps d'ailleurs presque aussi illettrées. Par les paysans, les serviteurs, les pèlerins, les chants populaires entraient dans les maisons nobles; les boïarines, recluses et désoeuvrées, se les faisaient redire sans se lasser. C'était le fonds commun des puissants et des humbles, un fonds où plus tard puiseront tous les poètes.
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pour prouver l'origine commune des peu ples slaves, le chroniqueur passe à des faits tout proches de lui : la fondation de Kiev par les Varègues venus de Scandinavie et leurs luttes contre les peuplades voisines,
le « baptême de la Russie ~ par Vladimir dans les eaux du Dniepr, la splendeur de Kiev et les discordes entre les princes, présa ges de sa décadence.
Le récit est vivant, clair, coloré; historiens, romanciers et poè
tes y puiseront largement.
Parmi eux, quelle que soit l'époque où il ait vécu, se range l'auteur du célèbre Dit de la bataille d'Igor qui pose une énigme passionnément discutée.
En 1800 le comte Moussine-Pouchkine publia ce texte dont le retentissement fut considéra ble; malheureusement le manuscrit, resté unique, fut détruit dans l'incendie de Mos
cou et son authenticité ne peut être prou vée.
Les Russes en général sont trop fiers
de cette œuvre pour en douter, mais, à l'étranger surtout, des voix autorisées se sont élevées pour supposer qu'il pourrait s'agir d'un adroit pastiche du xvm• siècle, pour y relever notamment de troublantes ressemblances avec Ossian.
D'autres ressem blances, celles-ci incontestées, rattachent ce poème en prose à un poème en vers du 11:v' siècle, la Zadonchtchina qui rapporte la bataille de l{oulikovo dans des termes presque identiques à ceux qu'emploie le Dit pour raconter la défaite du prince Igor au xii' siècle.
Lequel de ces deux textes imite-t-il l'autre? Quoi qu'il en soit, le Dit renferme, à côté de pages obscures, de bel les pages imagées, où passe le souffle pa triotique si sensible dans les Annales.
Nous retrouvons cet amour de la terre russe dans le récit d'un pèlerin qui l'a quittée pour visiter les lieux saints, mais n'oublie pas d'y prier pour sa patrie, l'hi goumène Daniel; la description qu'il fait des sanctuaires de Palestine en 1115, sous le règne de Baudoin, des fêtes de Pâques à Jérusalem, est précieuse pour les historiens; de même le catalogue que dresse en 1200 des églises et des reliques de Constantino ple Antoine de Novgorod.
La tradition des relations de voyage, interrompue par l'oc cupation tatare, revivra au xv' siècle; on lui devra le savoureux Voyage au delà des trois mers, jusqu'aux Indes, d'ATHANASE NI KITINE.
La Renaissance
La civilisation kiévienne, déchirée par les luttes des princes, avait décliné bien avant la prise de la ville par les Tatars en 1240; c'est autour de Moscou que se rassemblent les forces vives du pays; ce sont les grands princes de Moscou qui le libèrent, l'unifient sous leur autorité; après la chute de Cons tantinople ils prennent le titre d'empereur et Moscou se proclame la troisième Rome.
Mais en quel état de barbarie est cette orgueilleuse capitale? La Russie du XVI' siè cle, est plus illettrée que celle du XI'.
On ne saurait nier cependant qu'une timide Renaissance cherche à s'esquisser, et qui eût pu bénéficier d'une des sources de la Renaissance occidentale : de Constantino ple des réfugiés arrivaient, apportant les épaves de la culture byzantine, mais, alors qu'en Occident on recueillait avec ferveur dans cet héritage ce que Byzance elle même avait hérité de la Grèce antique, l'Eglise russe était trop intransigeante pour tolérer les souvenirs d'un paganisme qu'elle continuait à redouter.
Il est frappant de voir combien peu a évolué le Moyen Age russe : au xvii' siècle on lira les mêmes ouvrages, ou des ouvrages tout semblables d'inspiration et de forme, qu'au lendemain de la conversion au christianisme; une pres que totale stagnation se prolonge pendant sept siècles.
On peut cependant constater, au xV' et au XVI' siècles, une certaine fer mentation des esprits, limitée au domaine religieux, dans laquelle sans doute des infiltrations du protestantisme allemand ont joué un rôle.
Des hérésie~ naissent que l'Eglise réprime en dressant des bO.chers comme l'Inquisition espagnole, mais en cherchant aussi à les réfuter; elle sent elle même le besoin de réformes; Nil Sorski s'élève contre la richesse des monastères et donne l'exemple d'une vie d'austérité et de prière; des évêques se plaignent de voir leur clergé qui ne peut ou ne veut appren dre à lire, réciter par cœur les offices; on s'inquiète des déformations que des copies maladroites ont fait subir aux livres saints, mais, pour y remédier, force est de recou rir à des étrangers et d'ouvrir ainsi à con tre-cœur une brèche dans les remparts.
De même que ce sont des architectes italiens qui construisent les cathédrales du Krem-.
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