LITTÉRATURE GRECQUE : L'Eloquence judiciaire, d'apparat, politique
Publié le 18/10/2011
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L'un des premiers orateurs qui, faisant fonction de logographe, ait eu le désir d'en faire un genre littéraire est ANTIPHON, un aristocrate plein de hauteur qui fut condamné à mort en 411. Il dépend étroitement des sophistes, dont il exagère volontiers les procédés de balancement et d'opposition; il avait eu le souci d'en dégager les principes dans une Méthode (Techné). En dépit d'une raideur un peu agaçante et qui sent trop la théorie des discours tels que : Sur le meurtre d'Hérode ou l'Accusation d'empoisonnement contre une belle-mère n'en gardent pas moins le plus haut intérêt, ainsi que quelques discours fictifs, pour la connaissance des moeurs contemporaines.
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avait pour conséquence de multiplier le nombre des citoyens qui, à un titre quelconque, avaient à saisir la justice d'une affaire.
Enfin n'ou blions pas non plus que le grand nombre des affaires judiciaires étaient jugées par des sec tions de l'Assemblée du Peuple (appelée aussi Héliée en tant que fonctionnant comme tribu nal : d'où le nom d'héliastes donné à ses ci toyens dans leurs fonctions de juges) et qu'il fallait, peut-être plus qu'ailleurs, connaitre les meilleurs moyens d'agir sur des sections com portant ordinairement deux cents (et parfois mille) juges.
On voit que le s meilleures condi tions au développement de l'éloquence judiciai re, _et aussi de l'éloquence d'apparat et de na ture politique se trouvaient réunies à Athènes.
Il va sans dire que la distinction commode et traditionnelle de l'éloquence en trois genres différents n 'a rien d'absolu; si, par exemple, LYSIAS est avant tout un logographe, c'est-à-dire compose des plaidoyers pour des clients, il est aussi susceptible d'écrire un discours d'apparat tel que l'Oraison funèbre (Epitaphios) dont l'authenticité a été d'ailleurs fortement contes tée.
Bien des discours de DÉMOSTHÈNE, qui se présentent comme des affaires privées, relèvent en fait de l'éloquence politique .
L'ELOQUENCE JUDICIAIRE
LYSIAS
L'un des premiers orateurs qui , faisant fonction de logographe , ait eu le désir d 'en faire un gen re littéraire est ANTIPHON, un aristocrate plein de hauteur qui fut condamné à mort en 411.
Il dépend étroitement des sophistes , dont il exa gère volontiers les procédés de balancement et d'opposition; il avait eu le souci d'en dégager les principes dans une Méthode (Techné).
En dépit d'une raideur un peu agaçante et qui -sent trop la théorie des discours tels que : Sur le meurtre d'Hérode ou l'Accusation d'e mpoison nement contre une belle-mère n'en gardent pas moins le plus haut intérêt, ainsi que quelques discours fictifs , pour la connaissance des mœurs contemporaines .
ANDOCIDE , ami d'Alcibiade, gravement compro mis dans l'affaire de la mutilation des Hermès, sauva sa tête en livrant les noms de ses cama rades.
Personnage peu recommandable, il écri vit des discours fort curieux dont l'un porte sur les Mystères.
Un autre orateur, lsÉE, a cultivé un genre spé cial d'éloquence , celui d'une sorte d'avocat d'af faires : autant que nous pouvons en juger, c'était l'homme qui débrouillait les questions d'héritage les plus enchevêtrées.
On pourra aus si citer d'autres noms estimés : mais aucun d'entre eux ne saurait rivaliser avec Lysias , qui a épousé avec une admirable souplesse la fic tion du logographe et a ainsi écrit des discours dans lesquels nous voyons vivre les personnes variées des plaidants.
Fils d'un riche fabricant d'armes originaire de Sicile et venu s'établir à Athènes , LYSIAS vécut longtemps à Thurium, la colonie panhellénique de Grande Grèce.
Rentré à Athènes vers 413,
il faillit être exécuté par les Trente qui con voitaient sa grosse fortune, son frère, Polé marque, étant tombé, lui, sous leurs coups.
Le seul plaidoyer vraiment politique que nous ayons de Lysias est justement son Contre Era tosthène, dirigé contre l'homme qu'il rendait responsable de la mort de son frère.
Comme nous l'avons dit plus haut, l'Oraison funèbre, typique de l' éloquence officielle, n 'est sans dou te pas de lui.
Le plus grand titre de gloire de Lysias, ce sont les discours qu'il a mis dans la bouche de clients qui s'étaient confiés à lui, fort humbles parfois :· ainsi un pauvre bougre d'invalide civil auquel un jeune homme pré tendait faire retirer l'obole journalière qu'il touchait à ce titre parce qu'il gagnait de l'ar gent en utilisant parfois un ·cheval (Pour l 'inva lide); ainsi un jeune mari, odieusement trompé dans sa confiance .par une femme habile qui reçoit chez elle son amant avec la complicité de sa servante (Sur le meutre d'Eratosthène); ainsi le responsable d 'un véritable assassinat judiciaire sous les Trente (Contre Agoratos); ainsi une affaire de confiscation de biens con sécurative à l'éxécution d'un des généraux d 'Ai gos-Potamos (Sur les biens d'Aristophane (1) .
Dans toute la série , le plus piquant peut-être est le Contre Simon : c'est l'histoire de la rivalité amoureuse entre deux hommes qui avaient éga lement acheté les faveurs du « beau » Théodote, et se le disputaient.
Nous avons ainsi une véritable « coupe en pro fondeur » de la société du temps de Lysias :
uri monde varié défile dans ces « narrations » qui passent à juste titre pour être un modèle du genre, depuis l 'accusation d'impiété imputée à l'altier Andocide jusqu'aux gagne-petit de l'Agora.
La perfection du dialecte attique, tel qu'il pouvait être parlé dans la bonne société, c'est Lysias qui nous en livre, avec Platon, la plus pure image, non pas Xénophon.
Non moins remarquables sont l'habileté et la fines s e avec lesquelles Lysias discute, dans la « réfutation » de l'adversaire , des « vraisemblances »; mais le charme majeur de Lysias consiste dans les tons variés qu'il sait prendre, à l'image de son client , et qui vont de la bonhomie amusée à la plus vive indignation.
Assurément sa perfection dépouillée peut parait re un peu grêle et sèche; nul doute non plus que son métier de logogra phe imposait certaines limites à l'expression de sa pensée; en particulier sa discrétion peut être, moins le signe d'un goftt épuré que néces sité professionnelle de prudence.
Il faudra at tendre le « fauve » Démosthène pour entendre les plus magnifiques orchestrations que le génie attique devait inventer quelques années
L'ELOQUENCE D'APPARAT
ISOCRATE
Dans le cours d'une vie qui dépassa en longueur même celle de Sophocle, IsocRATE, né à Athènes en 436 et qui se laissa mourir de faim après Chéronée en 338, a pratiqué toutes les formes de
(1) Simple homonyme du grand comique..
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