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Littérature Française du Romantisme à nos Jours FONTAINE Corinne Emilie Aurore 04/02/1992 30002575 Dissertation.

Publié le 01/05/2021

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Littérature Française du Romantisme à nos Jours FONTAINE Corinne Emilie Aurore 04/02/1992 30002575 Dissertation. Sujet 1 : Pierre Brunel intitule un ouvrage consacré à Mallarmé « Echec au néant ». En quoi cet intitulé témoigne-t-il des conceptions et des réalisations poétiques de Mallarmé ? Vous traiterez cette question sous forme de dissertation en vous appuyant sur vos connaissances de l’œuvre et/ou de la critique mallarméennes. « J’aime encore mieux l’enfer que le néant. L’enfer c’est la vie qui dure » dit George Duhamel mais l’Insensé dans le Gai Savoir de Friedrich Nietzsche répond :« Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué ! Comment nous consoler, nous les meurtriers des meurtriers ? Ce que le monde a possédé jusqu'à présent de plus sacré et de plus puissant a perdu son sang sous notre couteau. Qui nous lavera de ce sang ? Avec quelle eau pourrions-nous nous purifier ? Quelles expiations, quels jeux sacrés serons-nous forcés d'inventer ? La grandeur de cet acte n'est-elle pas trop grande pour nous ? Ne sommes-nous pas forcés de devenir nous-mêmes des dieux simplement ne fût-ce que pour paraître dignes d'eux ? » Pas de Dieu, pas de Diable, pas d’Enfer. Que reste-t-il donc aux hommes si ce n’est un grand rien : le néant. L’existence de l’Homme serait vide de sens. Du nihilisme à l’athéisme, le 19ème siècle est en proie à une profonde crise socio-économico-politique qui se répercute dans toutes les sphères intellectuelles et artistiques : les Muses sont à l’agonies. En littérature, elle connaît une dégradation qui va de paire avec la place du poète, rejeté, marginalisé par cette société moderne. Mais aussi en corrélation avec la vision désenchantée de la femme qui ira du machisme à la misogynie jusqu’à atteindre son apogée dans les années de la décadence avec une forte gynophobie. Puisqu’il n’y a plus d’Idéal comment mettre Echec au néant ? Pierre Brunel intitule ainsi son ouvrage à Mallarmé. Mais par quelle révolution Mallarmé contre-t-il ce coup du sort ? Car c’est bien de La Faute à Mallarmé selon Vincent Kauffman : « La révolution se fera dans et par le langage et le discours ou ne se fera pas ». Dans quelle mesure peut-on dire que le titre Echec au Néant témoigne des conceptions et des réalisations poétiques de Mallarmé ? D’abord, il convient de constater une crise de sens chez Mallarmé, puis qu’il semble se dégager de son écriture une nouvelle spiritualité du Verbe. En fin il faut s’interroger sur la place de l’homme, le poète et sa quête du vers. Les années 1866 à 1869 sont sous le signe de la page blanche chez Mallarmé qui subit une crise : la « crise de Tournon ». Cette crise marque la découverte du néant chez le poète alors qu’il composait Hérodiade, il confesse dans une riche correspondance à ses destinataires tels que Cazalis ou Villiers de l’Isle-Adam : « Malheureusement, en creusant le vers à ce point, j’ai rencontré deux abîmes qui me désespèrent. L’un est le néant, auquel je suis arrivé sans connâitre le bouddhisme et je ne suis encore trop désolé pour pouvoir croire même à ma poésie et me remettre au travail, que cette pensée écrasa...
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« réalisations poétiques de Mallarmé ? D’abord, il convient de constater une crise de sens chez Mallarmé, puis qu’il semble se dégager de son écriture une nouvelle spiritualité du Verbe.

En fin il faut s’interroger sur la place de l’homme, le poète et sa quête du vers. Les années 1866 à 1869 sont sous le signe de la page blanche chez Mallarmé qui subit une crise : la « crise de Tournon ».

Cette crise marque la découverte du néant chez le poète alors qu’il composait Hérodiade , il confesse dans une riche correspondance à ses destinataires tels que Cazalis ou Villiers de l’Isle-Adam : « Malheureusement, en creusant le vers à ce point, j’ai rencontré deux abîmes qui me désespèrent.

L’un est le néant, auquel je suis arrivé sans connâitre le bouddhisme et je ne suis encore trop désolé pour pouvoir croire même à ma poésie et me remettre au travail, que cette pensée écrasante m’a fait abandonner », Lettre à Henri Cazalis du 28 avril 1866.

Bien qu’il essaie de poursuivre son travail, il avoue ne pas avoir fait un « alexandrin pendant 24 mois » dans sa Lettre à Lefébure du 3 mai 1868.

Ses poèmes d’avant 1866 : Les Fenêtres, l’Azur , Apparition, Las d’un amer repos, Brise marine, Don du poème lui donne des airs de disciple de Baudelaire mais aussid’Edgar Allan Poe (ce pourquoi il désirait tant devenir professeur d’anglais).

Il imite les inspirations et reprend les thématiques romantiques et parnassiennes, qui le pousseront à regrouper ses premiers poèmes dans un receuil Le Parnasse Contemporain .

Mallarmé se compare aux « mendieurs d’azur », il exprime dans le poème Le guignon , un profond dégoût vis à vis « du bétail ahuris des humains » dont il est « Au-dessus ».

Il cherche à fuir ce « bas » monde vers son Idéal : « l’Azur » pour se sortir de son spleen qu’il baptise « l’Ennui ».

Pourtant sa quête baudelairienne d’un eden par le voyage dans Brise marine ou la mort dans le Sonneur ne lui accorde pas le repos recherché, a contrario il est las de l’amer repos . Mais après 1869, se dégage une écriture unique presque herméneutique.

C’est donc une crise profonde, psychique et intellectuelle du Moi qui s’opère chez Mallarmé.

Il n’est pas étonnant que cette crise accouche lors de l’écriture d’Hérodiade simultanément de la naissance de sa fille.

« Cette œuvre solitaire (l)’avait stérilisé » confie-t-il dans une Lettre à Henri Cazalis de juin 1865.

Hérodiade exerce une fascination sur Mallarmé depuis l’adolescence qui lui préfère ce prénom de : « grenade ouverte », « rose cruelle » à celui de Salomé.

Cette vierge biblique devient le symbole de l’Autre-sexe, un étranger familier qui précipite le poète dans « l’Abîme ».

L’abîme, ce gouffre très profond, cette cavité souterraine possédant souvant une source d’eau, des rivières.

Cette Femme de la décollation est aussi le symbole d’une Dévoration : une punition d’un tabou franchit par le regard.

Hérodiade est à la fois miroir du poète et reflet de sa poétique : « ma pensée s’est pensée ».

Il la veut pure mais il faut pourtant la coucher sur papier.

Elle personnifie l’angoisse de la page blanche, la page vierge qui attends l’encre sanglante du Saint, le poète qui se retrouve impuissant.. »

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