LITTÉRATURE DU XX (20)e SIÈCLE Tournants avant 1914 (histoire littéraire)
Publié le 21/11/2011
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Le XXe siècle, dans lequel les poète~ visionnaires comme Hugo espéraient l'avènement du Progrès, commence. En fait, par-delà cette date quelque peu mythique, la transition a déjà été accomplie depuis plusieurs années. Avec la mort du père Hugo justement en 1885, puis celle de Renan et de Taine en 1892 et 1893, le tournant est déjà amorçé. Après le traumatisme de la défaite de 1870, la France connaît une longue période de paix : 43 ans (1871-1914) au cours desquels elle se forge des institutions républicaines et consolide une économie capitaliste. Tout semble inciter à l'euphorie : l'édification de la Tour Eiffel pour l'Exposition Universelle de 1889 est bien le symbole de cette époque sûre d'elle-même, de ses valeurs, de sa force.

«
• Le courant nationaliste
-Du côté de l'Eglise
Les anti-dreyfusards sortent perdants de la
bataille, mais celle-ci a soudé de forts liens entre
eux, et les catholiques qui, par crainte du socialis
me, avaient le plus souvent pris le parti
de l'ordre, se lient à cette droite nationaliste qu'indignent les
mesures anticléricales des ministères Waldeck
Rousseau et Combes.
Certes les catholiques
« pro
gressistes » essaient de faire entendre leurs voix et
les conversions de grands poètes ou prosateurs (Pé guy, Jammes, Psichari, Fournier) sont les manifes
tations d'un renouveau catholique important.
Mais
la tentative pour renouer avec la tradition d'un
Christ social et pour réconcilier christianisme et
démocratie
se solde par un échec, et l'Eglise
condamne Marc Sangnier et le Sillon.
- Le « nationalisme esthétique • de Barrès
Né en 1862 en Lorraine, BARRÈS a connu
l'humiliation de la défaite de 1870 et de la débâcle de l'armée française.
Il monte à Paris à l'âge de 20 ans, avec au cœur une bonne dose de révolte et
d'esprit revanchard.
La fréquentation des milieux
parnassiens et symbolistes renforce son mépris
contre l'esprit décadent ainsi que son aversion pour
les chefs de file de l'intelligentsia positiviste comme
Taine et Renan.
Tiraillé entre son goût pour la
méditation (il inaugure sa Trilogie ou
« Culte du
Moi,.
avec Sous l'œil des barbares en 1888) et son
goût pour l'action, influencé par le modèle nietzs
chéen, Barrès se fait finalement élire en 1889 dépu
té boulangiste de Paris.
Un homme libre (1889) fait
la synthèse des contradictions barrésiennes : le culte du moi doit s'ancrer à quelque chose de fon
damental : la patrie.
L'annexion de l'Alsace
Lorraine à l'Allemagne est pour lui une écharde
douloureuse.
Au culte du moi ont désormais succédé les
romans de l'énergie nationale dans lesquels il fait
entendre « là voix de la terre et des morts ».
Exal
tant de solides traditions de la nation française, il ne cesse de chanter la puissance des paysages lor
rains, terre maternelle à laquelle il reste viscérale
ment rattaché (la Colline inspirée, 1913}: lorsque
la guerre éclate, M.
Barrès chante l'héroïsme et la
vaillance des soldats.
Ses accents qui rappellent
parfois ceux de
Paul Deroulède (1846-1914) avec
lequel il milita dès 1899 à la Ligue de la patrie
française, susciteront le mépris d'un Romain Rol
land qui voit en lui « le rossignol du carnage ».
- Charles Maurras ou le nationalisme intégral
MAURRAS (1868-1952}, enfant d'une petite
bourgeoisie provençale, fut un admirateur fervent
de Barrès qu'il vénéra
à ses débuts à la fois comme
un aîné littéraire et comme un orateur politique de
talent.
Le seul point fondamental de désaccord
entre ces deux hommes, aux tempéraments diffé
rents, est que l'un restait républicain quand l'autre
se découvrait très tôt monarchiste.
Autour
de la « Ligue de l'Action française », fondée le 15 janvier 1905, puis du journal « l'Ac
tion française», (né le 22 mars 1908}, Maurras réu
nit une bonne partie de la jeunesse séduite par le combat turbulent qu'il mène sur le plan politique,
moral, esthétique aussi (Maurras s'affiche comme
un poète néo-classique, fortement empreint de cul
ture gréco-romaine, et très hostile au désordre
romantique) .
Mais s'il a joué ainsi un rôle impor
tant (G.
Sorel disait
de lui qu'il« est pour la monar
chie ce que Marx est pour le socialisme » }, Ch.
Maurras est aussi l'homme de multiples contradic
tions : monarchiste mais récusé par son roi, athée
mais défenseur acharné du catholicisme, suspecté
d' hérésie et condamné par
le Vatican, apôtre fer
vent de la nation française dont il exclut sans ver
gogne juifs et protestants, il fut crispé sur le passé
d'une France mythique et porté par une haine
farouche qui l'amena (ennemi du socialisme et de
Léon Blum) à sympathiser avec les ennemis mêmes
de cette France qu'il prétendait défendre.
Il sera, à la Libération, condamné à la détention à vie et à la dégradation nationale, puis grâcié en 1952, l'année
Charles Mauras au cours d'un procès à Paris vers 1925 où était impliqué le journal l'Action française .
A ses côtés , Pujo.
HarlingueNiollet.
»
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