LITTÉRATURE ALLEMANDE : NÉO-ROMANTISME. NÉO-CLASSICISME. L'EXPRESSIONNISME.
Publié le 23/10/2011
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l'impressionnisme : c'est l'ambition de grou pes comme Die Brücke (Le Pont) avec KIRCHNER , Blauer Reiter (Cavalier bleu ) avec Franz MARC.
Petit à petit, ce concept s'étend à la littérature .
Des revues aux titres énergi ques l'Assaut, l'A ction , La Révolution, annoncent l 'avènement d'une littérature plus vitale; en Autriche, Karl KRA US, dans son Flambeau, dénonce la décadenc e, la glissade vers la guerre et réclame des valeurs nou velles.
Ce qui es t incriminé, c'est un certain détach eme nt des véritables réalités humain es; on rejette à la fois l'objectivit é - que l'on prétend dess échante - du naturalisme, le symbolisme distingué et les cénacles aristo cratiques, par-dessus tout l'impr essio nnisme, c'est-à-dire les apparences du monde en reflets dansants dans des miroir s trop indi viduels et toute cette subjectivité qui l 'ac compagne , le rêve dissolvant, la m é lancolie infini e, l'ivresse de musique.
On veut que la littérature soit expression de ce qui passe en nous : l'h orreur de la guerre et des haines du présent, un besoin de rénovation de l'humanité, le cri vers la fraternité qui nous délivrera, la passion, l'angoisse, les visions, l'envol vers l'absolu, une nouvelle spiritualité.
Pour s'opposer à l'impression, l'expre ssion se hausse d'emblée au paroxysme.
Dès avant 1914, le pressenti· ment de la catastrop he - puis l'effroi devant les h é· catombe s, la banqueroute de l'optimi sme bourgeois et de l'id éo logie du progrès - enfin l'effondrement, en Allemagne et dans !"Empire austro ·hongrois , des structur es politiques et économiques, ont nourri ce mouvement .
POETES EXPRESSIONNISTES
Une telle tempête devait ébranl er d'abord la poésie lyrique.
Nombreux sont les poètes; plusieurs des plus doués sont morts très jeunes, comme un siècle plus tôt les romantiques; trois d'entre eux ont été vic· times de cette gue rre qu'ils avaient prédite.
Citon s Ernest STADLER (1883· 1914) juvénile, impétueux ( c Je ne suis que flamme, que soif, cri et brasier »), au rythme fluvial, Georg HEYM ( 1887·1912), nourri de Baudelaire et de Rimbaud , le poète des visions nocturnes, des démons de la ville, de l' être inaccessible (Umbra v>tae, 1912) , Reinhard Johannes SORGE (1891·1916), d'abord disciple de Zarathowtr a, aboutit au catholicisme (Le Roi Dav id, 1916) ; dans sa pièce Le Mendiant, il donna au drame expressionniste son style particulier : de bref s tabl eaux sous une lum ière crue, l'amplification lyrique du langag e, l'irréalité de l'act ion , des types au lieu de caractères; pour lui la scène doit, comme la poésie, révé l er le plus profond de l'être et servi r à la rédemption .
Le plus troublant de ces poètes est l'Autri chien Georg TR AKL, qui probablement se sui cida au début de la guerre et dont les Poésies furent réunies en 1917 par Karl Rôck .
Son lyrisme a plus de portée que la confession
d'un état d'âme individuel, il est expression de cette angoisse de la faute et de la mort, de ce besoin d'infini qui sont liés à toute existence humaine, étroitement bornée.
La seule réalité, la réalité intérieure, désagrège le monde bien ordonné des apparences en une guirlande d'images, qui peuvent paraître chaotiques ou contradictoires, mais auxquelles elle donne leur sens, dont l'énigme reste ouverte à l'i nterpr étation.
Tous ces signes, nets ou douteux, recueillis dans la veille ou le rêve , la lucidité ou la fièvre , composent une vision de l'univ ers dont le caractère tra gique est atténué par le pressentiment d'un refuge au sein du divin - et aussi par le bercement de l'harmonie poétique.
Les mots employés sont simples, mais semblent accroî tre leur sens.
H ô lderlin jugeait nécessaire la synthèse du pathos sacré et de l'art calcula teur, il voulait que le poème gardât une struc ture, que strophes et rythm es obéissent à des lois; chez Trakl, la vision s'enferme dans une forme d'une rigueur absolue.
L'expressionnisme poétique, qui avait voulu d'emblée vibrer au plus haut diapason, n'était guère suscep· tible de développements : l'exaltation dev ait forcément retomber.
Pourtant, des expériences originales restaient possibles dans le domaine de la forme.
Certains avaient cher c hé l'inten sité d'expression dans la surabondance verbale, d'autre s au contraire pensèrent l'atteindre dans un effort plus difficile d'extrême concentration .
Dans les brefs poèmes d'August STRAMY (1874-1915), les mots s'alignent, bourrés de sens; la phrase se dénoue , il n'y a plu s, sur un certain rythme, que des mots, éléments primitifs, témoins des mouvements de l'âm e; cette expérience est parallèle , une nouvelle
fois, à celle des peintr es Kandinsky et Klee, qui sont en train de créer l'art non·figuratif en reconstruisant la réalité à partir d'éléments primitifs liés par un rythme .
Ceux qui, par contre, co ntinuaient à cultiver l'ivresse verbale devaient lui trouver , en dehors des
visées habituell e s de la poésie, un exutoire : ce fut le
cas de Johann es R.
BECHER (1891-1958), qui, déci dant que dés ormais le poète est là pour « rythmer et versifier la masse », se consacra à l'apologie de la révolution.
Ses poèmes, comme il l'annonce lui-même, sont des sonneries de clairons et des crépitements de tambours, propres à galvaniser la foule; rêvant d'abord d 'utopie (Déclin et Triomph e) il vit ses aspirations réalis ées dans la Russie communiste (Le Grand Plam.), puis, après son retour de Moscou , en 1945, il en vint au lyrisme traditionnel des confidences (Potmes choi8i& des années d'e:cil).
L'évolution la plus originale de l'expres sionnisme poétique se dessine dans l'œuvre de Gottfried BENN (1886-1956), dont l'impor tance est comparable à celle de George ou de Rilke.
Médecin militaire, puis spécialiste des maladies vénériennes à Berlin, Benn avait entrepris, dans ses premiers recueils , de démasquer l'humanisme confortable où se complaît notre civilisation en montrant aux hommes, cyniquement, les bassesses de leur vie et les hideurs de leur mort..
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