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LITTERATURE ALLEMANDE DU XXe siècle

Publié le 25/10/2011

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Les deux guerres et les convulsions politiques qui les ont séparées ont suscité de nombreux livres à tirages élevés, parfois sans rapport avec leur qualité.

Erich Maria REMARQUE (1898) a écrit sur la première guerre mondiale le témoignage le plus populaire - un prodigieux succès de librairie : A l'Ouest rien de nouveau (1928). C'est un compte rendu au jour le jour, réaliste et sentimental, pathétique parfois, de la vie et de la mort sur le front français; l'auteur, suivant ses dires, n'avait pas voulu lancer d'accusations ni faire de profession de foi, il tentait seulement d'apporter un témoignage sur « une génération détruite par la guerre, même quand elle a échappé à ses obus « ; mais le pacifisme qui s'en dégageait était si clair que le livre et le film qui en fut tiré déclenchèrent les fureurs des milieux nationalistes.

« La poesre de la Nature réapparaît dans l'œuvre longtemps presque ignorée d'Oskar LoERKE (1884-1941); elle garde encore la marque expressionniste : Nature hantée de visions d'angoisse, « forêt de symboles l> des détre sses du présent, mais son langage s'apaise graduellement et renoue avec le lyrisme d'avant la « bourrasque )} (Poèmes, 1916; Le Souffle de la Terre, 1930).

Cette évolution semble parachevée par son ami Wilhelm LEHMANN (1882 ) : tard venu à la poésie après le roman, il est de ceux « qui entendent pousser l'h erbe l>, qui savent ce que murmur e le vent dans les peupliers.

Lehmann met à énoncer et décrire les plantes et les êtres les plus infimes qui vivent dans la nature le zèle d'un bot aniste ou d'un miniaturiste (Journal Bucolique, 1948).

L'angoisse expressionniste se dissout dans cette réalité magique , ce berce­ ment de l'uni vers, où chaque être qui passe témoigne de la permanence du Tout.

Cette poésie discrète (Réponse du Silence, 1935; Le Dieu de verdure, 1942; Poussière enchantée, 1946, etc.) a d'autant plus de rayonnement qu 'die a trouvé sa form e parfaite : concision, simplicité, limpidité.

Citons encore l'éclectique Friedrich Georg Jü:-~GER (1898) qui a célébré, comme son frère Ernst , !"héroïsme et la guerre, s'est attaqué aux « illusions de la technique » , a défendu l'œuvre de Niet zsch e après la seconde guerre .

Il a en propre une veine lyrique juvénile, qui procède d'un sentiment heureux de la vi e, « un œil avide de formes », un goût très cul­ tivé de la beauté : d 'où le « rire argentin » ct la grâ ce allègre de certains cycles poétiques, comme La liaison dans les Vignes (1947), au milieu des paysages du lac de Constance.

Son œuvre en prose, composée de nouvelles un peu précieuses Les Paons (1952 ), de sou­ v enirs l'ertes Branches, Miroir des ans (1951- 1958), de roma ns, d'essais esthétiques, ne manque ni d 'intérêt ni de charme.

Dans des genres bien différents, Konrad WEiSS (1880-1940), qui fut l'un des rédacteurs de la revue 1-lochland, centre du mouvement littér aire catholique, chante en vers d 'une extrême densité le passé médiéval et le mys­ tère de la foi : Spiritualité de la Terre (1939).

Après avoir crié - avec une véhémence tout expressionniste - ses dégoûts d'une jeunesse malheure use et d'un public ingrat, le Viennois Josef WEJNHEBER (1892-1945) se prit aux pres­ tiges de la langue , de la métrique, des genres nobles; il voulut être le restaurateur du grand style : No blesse et Déclin (1934), Tardive Cou­ ronn e, En tre Dieux et Démons; sa puissance verbale - ma is non toujours la substance de ses poèmes - était au nivea u de son exi­ gence.

Le poète, inféodé à l'hitlérisme, se sui­ cida à l'ar riv ée de l'Armée Rouge .

Parmi les vivants, nous accorderons une attention particulière à Günter EICH (1907), le « poète de nos rêves », le maître d'un genre depuis longtemps cultivé en Allemagne : le drame ou conte radiophonique, qui exploite les vertus acoustiques pour évoquer des se­ crets de l'âme et du monde.

Ces Horspi ele de G .

Eich (publiés sous les titres de Rêves et de Voix, 1953·1958), se réfèrent parfois à des contes arabes; dans la tonalité de l'étrang e, du fantastique, voire de l'apocalyptiqu e, ils expriment l ' angoisse des homm es d'aujourd'hui devant leur cand i· tion.

U n même pessimisme , un « deuil » ressenti par beaucoup d'hommes de cette génération s'exprime dans ses recueils lyriques : Fermes écarlüs (1948), où, sous la simp licité des mots concrets, transparaissent de mystérieux signes d'une réalit é menaçante.

Des signes, mais plus enveloppés d'obscurité, un deuil, plus contenu, se décèlent dans les minces rec ue ils, limpides et harmonieux, de Paul CELAN (1920), regardé souvent comme le premier parmi les « jeunes ».

Ses vers sem­ blent chercher - comme la peinture non­ figurative - à saisir la réalité d'aujourd'hui au-delà de toutes apparences : Pavot et Mé­ moire avec la célèbre Fugu e de la Mort sur la tragérlie juive (1952); De Seuil en Seuil (1955), etc.

LE ROMAN ET L'ESSAI Abondance et diversité sont telles que tout choix et tout essa i de classement sembleront arbitra ires.

1.

- Nationalisme et aventure.

Il faut se rappeler la puissance de l'Alle­ magne de Guillaume Il, et la soudaineté de son écroul emen t, les désordres, la misère, pour concevoir l'amertume née de cette rupture, la fièvre des esprits, les passio ns mouvant es, cer­ taines attitudes de défi chez des jeunes gens o u de protestation tenace chez des hommes plus mûrs, l'idée très commune que l'Allema­ gne avait été ence rclée, trahie, humiliée et spoliée, mais qu'elle aurait sa revanche à l 'intér ieur comme à l'extérieur.

Hans GRIMM (1875·1959), après avoir pratiqu é le commerce en Afrique du Sud, et fait de tardives études de sciences politiqu es aux « Instituts Coloniaux » de Munich ct Hambourg , con s acra sa longue carrière d'écrivain à l'Afrique .

Ses premiers récits : NouveUes sud-afri caines ( 1913), d'u n style sobr e, pleins d'am· bianc.:c , étaie nt excellents et J'ont fait parfois comparer i• Kipling.

Mais bientôt la protestation contre la do· mi nation franco-ang l aise de l'Afrique, la revendication de droits égaux pour l'Allemagne apparurent comme Jo but de toute son activité littéraire; le massif roman Peuple sans espace ( 1926) connut un succès déme· suré et fournit à la propagande hitlérienne un de ses thèmes favoris; une longue série d'écrits politiques nationalistes lui font d'ailleurs cortège, depui s les. »

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