LITTERATURE: Alfred de Musset

« Poésies de Alfred de Musset 1 • LE CONTEXTELes poèmes contenus dans ce recueil ont paru en deux volumes.

Musset compose les Contes d'Espagne et d'Italie,partie principale du premier volume, à dix-huit ans ; à vingt ans, il remet à son éditeur vingt-neuf poèmes auxquels ilajoute aussitôt cinq cents vers pour grossir le manuscrit.

À quarante-deux ans, les cent deux poèmes ont été écrits; on lit dans le dernier : « Lecteur, F...] Je te disais bonjour à la première page / Mon livre cette fois se terminemoins gaiement ».

À quarante-sept ans, Musset meurt.

S'il est resté en marge du « cénacle » romantique, ill'incarne par le lyrisme sincère et grave qui a peu à peu pris le pas sur la fantaisie désinvolte. 2 • LE TEXTECe recueil recèle un récit, la confession d'un enfant trop vite vieilli : « Mes premiers vers sont d'un enfant, / Lesseconds d'un adolescent, / Les derniers à peine d'un homme.

»Fantaisie, parodie d'un romantisme de bric-à-brac — fleurs fanées, jeunes phtisiques et vieillards jaloux, saule,cimetière, « rêveurs à nacelles », le tout relevé d'un demi-rire ou d'un vrai sourire narquois et mélancolique —, voilàle premier Musset.

Sur ce fond fragile, le fiasco avec George Sand fait venir au jour le poète de l'amour, de la mortet de la souffrance : les quatre Nuit (18351837) sont des témoignages sur une liaison douloureuse autant qu'uneméditation générale sur la destinée.

C'est donc bien d'une confession qu'il s'agit.

Musset, pourtant, s'y effaceparfois et laisse le poète paraître pour une réflexion sur le rôle de la poésie (Lettre à Lamartine, 1836). 3 • LES THÈMES MAJEURS• Amour et souffrance« J'aime et je veux sentir sur ma joue amaigrie / Ruisseler une source impossible à tarir.

» Ces vers de la Nuit d'aoûtpourraient bien caractériser la source d'inspiration du poète et la forme de l'amour chez Musset — du moins celle del'amour rêvé.

Impérieuse et coquette, une femme plus âgée joue avec le coeur tendre d'un grand adolescent.

Loindu sadisme baudelairien, qui est un alcool puissant, la peine de Musset est douce-amère. • L'impertinenceEnfant terrible du romantisme, hostile à toute forme d'engagement, Musset aime tourner en dérision les valeurssûres de l'art contemporain, aussi bien que les grands classiques : « Classiques bien rasés, à la face vermeille, /Romantiques barbus, aux visages blêmis ! » L'insolence de Musset est cependant originale, en ce qu'elle se moque àtravers larmes et élans lyriques. • Le doubleLe double romantique (le Doppelgänger), hallucination ou simple sentiment d'un « frère » qui se rencontrenotamment dans la Nuit de décembre, tend paradoxalement à figurer la solitude. 4 • L'ÉCRITURE• La pirouetteL'une des habiletés du poète est de rompre soudain le contact et, en quelque sorte, de décevoir l'attente dulecteur, mais pour son plaisir. • Les contrastesDe l'abondance on passe au dépouillement, d'esquisses de tragédies à des schémas de mélodrames, et encore...Musset n'est jamais là où l'on croit le trouver. • Les richesses du versVersificateur virtuose, mais surtout poète-né, Musset offre bien plus que de la prosodie : la création d'un véritableétat poétique.

Il le vit et parvient, par la magie du vers, à le transmettre au lecteur.. »