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L'intrigue: La vie est un songe, de Calderon

Publié le 05/08/2014

Extrait du document

calderon

 

Évoquant sa pièce L'illusion comique, Corneille avouait avoir créé un

«étrange monstre«. Les termes pourraient s'employer à propos de La vie

est un songe, pièce touffue et exubérante. Pourtant, sous l'apparent désordre

se dissimule une composition dramatique rigoureusement orchestrée.

1 - UN APPARENT DÉSORDRE

Une comedia* représentative

Calderon n'innove pas, se coulant dans le moule d'un découpage en trois journées,

d'une longueur conventionnelle (environ trois mille vers), couronnant le tout

par un dénouement heureux des plus stéréotypés.

Bien plus, la distribution se soumet aux impératifs matériels de la troupe

réduite de Prado, avec ses personnages stéréotypés.

calderon

« E X P 0 S É S F C H E S Il -L'ORDRE sous LE DÉSORDRE !~~!_rie~ Symétries au plan des lieux : de la tour au Palais dans la première journée; tra­ jet inverse dans la deuxième.

Ce chiasme* spatial est souligné par la reprise du thème nocturne.

Dès lors, par son architecture, la troisième journée apparaît comme une synthèse: mêmes 4 «scènes» à la tour.

puis au Palais, qu'au premier «acte», reprises dans le même ordre; mais le déplacement dans l'espace ouvert de la campagne vient opérer la résolution d'une tension spatiale tour/Palais et servir de cadre au dénouement.

Ces effets de symétries se retrouvent au plan de la composition, Calderôn jouant de la reprise en écho des scènes : à trois reprises.

Sigismond se trouve en présence de Rosaura (1.

2; Il, 7; III.

10); en IL 8 Sigismond s'apprête à tuer Clo­ thalde ; en III, 4 il se réconcilie.

Ces scènes répètent (au sens théâtral) celles entre le prince et Basyle: violente querelle en Il, IO; puis pardon mutuel en III, 14.

!:~~ntrelacem_~~~-~ intrigue,~ L'unité de la pièce n'est pas compromise par la coexistence de deux intrigues.

D'emblée, celles-ci sont liées étroitement ; la sympathie mutuelle de Sigismond et de Rosaura souligne la similitude de leur situation : tous deux sont niés dans leurs droits, sans identité.

Tous deux sont en conflit avec Astolphe, rival de Sigis­ mond et amant qui a abandonné Rosaura -ce que le spectateur ne découvrira que progressivement (en I, 6 pour l'un; en I, 8 pour l'autre).

L'entrelacement est encore renforcé par l'interdépendance des deux situa­ tions: c'est parce que Basyle a déshérité son fils et contraint Astolphe à épouser sa cousine Étoile que ce dernier a abandonné Rosaura.

Les sorts de Sigismond et de Rosaura sont donc liés.

Le personnage de Clothalde assure en outre le lien : il est le commis-voyageur qui relie les deux espaces antagonistes de la tour et du Palais, le père symbolique de Sigismond, le père réel de Rosaura.

u~ in!dg~e en I!l!E~!: Le principe de la double intrigue est caractéristique du baroque, employé par Shakespeare dans Le Songe d'une nuit d'été comme par Corneille dans L'Iilu­ sion comique.

Mais, chez ces derniers, il s'agit d'une mise en abîme, la pièce ins­ crivant dans l'action une autre pièce en train de se jouer -théâtre dans le théâtre.

Chez Calderôn, la composition en miroir procède différemment.

Deux intrigues se déroulent en parallèle, se reflétant l'une l'autre : personnages en miroir (Ba­ syle/Clothalde, Rosaura/Étoile), héros engagés dans une même quête, endurant des épreuves similaires, mais l'un masculin, l'autre féminin.

Le tout souligné par les reprises inversées des lieux (tour nocturne/Palais solaire) et des scènes: en II, 5, Sigismond trousse un madrigal à Étoile.

repris deux scènes plus loin, mais cette fois en direction de Rosaura -Étoile redescendant cette fois à son statut stellaire et Rosaura se voyant promue soleil à sa place (v.

1594-1595).

Ces jeux de reflets sont orchestrés et dramatisés poétiquement: l'avènement de Sigismond est un lever de soleil annulant l'éclipse qui avait présidé à sa naissance (v.

689-690).

Conclusion : Sous le désordre, l'ordre.

La pièce débouche sur un retourne­ ment complet de situation et une redistribution complète des positions des personnages.

La composition dramatique reflète l'aspiration baroque à l'ordre.

r r an~. »

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