L'instant fatal de Raymond Queneau (commentaire)
Publié le 11/12/2011
Extrait du document
Le poème fut initialement intitulé ‘’C’est bien connu’’.
Raymond Queneau y exprime une sagesse qui est une acceptation de la vie, de la vieillesse en particulier. En ce domaine, il n’y a rien à inventer, et c’est à la façon de Ronsard dans ‘’Quand vous serez bien vieille’’ qu’il ne put que moderniser le «Carpe diem«.
À l’initiative de Jean-Paul Sartre, le poème fut mis en musique par Joseph Kosma et chanté par Juliette Gréco pour la première fois le 18 juin 1949 ; il devint la chanson la plus populaire de l’année. Sur la chanson en général, Raymond Queneau émit cet avis : «La chanson n’est pas du tout un art mineur. En quelques années, la chanson est devenue intelligente, humoristique, sensible, satirique, enfin intéressante. La chanson a pénétré dans toutes les couches sociales. Elle a ses lettres de noblesse et une portée sociale évidentes. Elle fait partie de notre vie quotidienne. «
«
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Et que leurs pétales
Soient la mer étale
De tous les bonheurs
Allons cueille cueille
Si tu le fais pas
Ce que tu te goures
Fillette fillet te
Ce que tu te goures »
Commentaire
Le poème fut initialement intitulé ‘ ’C’est bien connu’’ .
Raymond Queneau y exprime une sagesse qui est une acceptation de la vie, de la vieillesse en particulier.
En
ce domaine, il n ’y a rien à inventer, et c’est à la façon de Ronsard dans ‘ ’Quand vous serez bien vieille’’ qu’ il
ne put que moderniser le «Carpe diem ».
À l’initiative de Jean- Paul Sartre, le poème fut mis en musique par Joseph Kosma et chanté par Juliette Gréco
pour la première fois le 18 juin 1949 ; il devint la chanson la plus populaire de l’année.
Sur la chanson en
général, Raymond Queneau émit cet avis : « La chanson n’est pas du tout un art mineur.
En quelques années,
la chanson est devenue intelligente, humoristique, sensible, satirique, enfin intéressante.
La chanson a
pénétré dans toutes les couches sociales.
Elle a ses lettres de noblesse et une portée sociale évidentes.
Elle
fait partie de notre vie quotidienne.
»
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Commentaire sur ‘’L’instant fatal’’
Cette suite de poèmes consacrés à la vieillesse et à la mort et plein s d’ironie grinçante est peut -être la seule
œuvre de Raymond Queneau qui mérite la qualification d ’«humour noir ».
Ce qu’on n’avait pas fait depuis
Villon, il parla de notre disparition en des termes à la fois badins et terrifiants, l ’angoisse de l ’heure dernière se
dissimulant mal sous cette faconde fanfaronne, qui va de «Quand nous pénétrerons la gueule de travers /
dans l ’empire des morts » à «Je crains pas ça tellement la mort de mes entrailles ».
Or, q uand, de 1943 à 1948,
il composa ces poèmes remplis d’horreur pour la décrépitude et la perspective de l ’autre monde, il avait entre
quarante et quarante -cinq ans ; il ne savait évidemment pas qu’ il allait en vivre trente encore ; mais pourquoi
prit -il une telle avance sur le déroulement normal de la vie d’ un homme occidental plutôt bien bâti? Personne
ne peut répondre à cette question.
On peut seulement observer que, dans presque tous ses romans et
notamment dans ceux qui précèdent ‘ ’L’instant fatal’’ , on trouve un enterrement.
La mort était un thème
récurrent chez lui, et même une véritable obsession.
Il ne put jamais perdre de vue que «toujours l ’instant fatal
viendra pour nous distraire».
Nous distraire aux deux sens du terme : nous retrancher du monde, mais aussi
nous sortir de nos préoccupations quotidiennes.
Car, si l ’on en croit Victor Hugo, le poète est «u n homme qui
pense à autre chose».
Dans sa première version le recueil ne comporte que trois parties (‘ ’L’instant fatal’’ , ‘’Un enfant a dit’’ ,
‘’Marine’’ ), la première donnant son titre à l'ensemble et indiquant par là même la perspective générale du
volume, marqué par une conscience de la m ort déjà présente dans ‘’Les ziaux’’.
Pour l'édition du recueil ‘’Si tu t'imagines’’ , en 1952, la distribution fu t réaménagée ; étoffé, le volume comporta
désormais quatre parties, les dates entre parenthèses signalant les années de composition des poèmes : I.
‘ ’Marine’’ (1920- 1930) ; II.
‘’Un enfant a dit’’ (1943 -1948) ; III.
‘ ’Pour un art poétique’’ (initialement paru dans le
volume ‘’Bucoliques ’’, 1947) ; IV.
‘ ’L’instant fatal’’ (1943- 1948).
Ainsi recomposé, le volume présente une diversité de tons analogue à celle observée dans ‘ ’Les ziaux’’,
puisqu'une fois encore, Queneau réunit des textes d'époques variées.
L'empreinte surréaliste se manifeste avec force dans l'ensemble des poèmes de ‘’ Marine’’, où le brouillage du
sens, la rupture avec l'enchaînement logi que, mais non les règles prosodiques, correspondent aux mots
d'ordre de cette sténographie de l'imaginaire en liberté que prônait le surréalisme.
Plus ici qu'en aucune de
ses autres compositions, Queneau, qui fut collaborateur de ‘’La r evue surréaliste’’ où fut d'ailleurs publié
initialement " Le tour de l'ivoire" figurant dans ‘’ Marine’’, semble s'être rallié à la fameuse définition de «la
lumière de l'image» selon Breton : «C'est du rapprochement en quelque sorte fortuit des deux termes qu'a jailli
une lumière particulièr e, la lumière de l'image» (‘ ’Manifestes du surréalisme ’’).
Si la luxuriance des images
n'est pas, tant s'en faut, la seule clé de l'authenticité poétique, même pour les surréalistes, elle n'en forme pas.
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