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L'Influence de la Nouvelle Héloïse dans l'histoire de la littérature

Publié le 28/04/2011

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     Le succès du roman. L'accueil du public. Le succès de la Nouvelle Héloïse fut immédiat et prodigieux. Dès la mise en vente on se dispute les volumes ; on passe les nuits blanches à les lire ; les loueurs de livres ne les cèdent qu'à prix d'or. Dans les plus lointaines provinces, à Vrès, à Hennebont on se lamente de n'en avoir reçu que de mauvaises contrefaçons. Le triomphe est durable. De 1761 à 1800 il paraît environ soixante-dix éditions, dont une trentaine dans les œuvres et une quarantaine isolées. C'est à beaucoup près, si l'on en excepte Voltaire, le plus grand succès de librairie du siècle. Seul Candide pourrait fournir des chiffres équivalents.

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« délices du sentiment les « délices de la vertu » ; avec les ivresses de la passion, ils ont découvert aussi bien «l'enthousiasme du devoir », la « flamme divine, le principe de tout héroïsme ».

Ils ne se sont pas laissés séduire, ilsaffirment du moins qu'ils ne se sont pas laissés séduire par Julie, par Saint-Preux enivrés d'un amour malgré toutcoupable ; ils les ont compris, ils les ont plaints, mais ils les ont condamnés.

Ils ont applaudi à leur expiation.

Ils neles ont vraiment aimés que dans l'exercice sublime de leur renoncement, dans la vie chaste, bienfaisante, pieuse duchâteau de Wolmar. C'était déjà l'avis imprimé de quelques gens de lettres.

« La vertu, disait un Esprit, Maximes et Principes de Jean-Jacques Rousseau, y est peinte avec tous ses traits les plus touchants et les plus propres à se soumettre les âmeshonnêtes ».

L'Académie des Jeux floraux met au concours un Eloge de Jean-Jacques Rousseau.

Elle couronneBarrère de Vieuzac et Chaz dont la conclusion sur l'Héloïse est qu'elle porte « insensiblement à l'amour de l'ordre etdu bien ».

Ils étaient d'accord avec des calvinistes, amis il est vrai de Rousseau, Usteri, Moult ou, le pasteurRoustan.

Les femmes, bien entendu, se grisèrent de cette morale du cœur et de cette vertu pathétique, mêmelorsqu'elles étaient d'honnêtes mères de famille et de sages bourgeoises, lorsqu'elles s'appelaient Mme Mussard deValmalette, Mme Cramer, Mme Deleyre.

Manon Phlipon a lu le roman ; elle l'a relu mariée, quand elle était MmeRoland.

Elle n'a pas changé d'avis : c'est un roman qui est une leçon de vertu.

Et c'est même l'avis de Mme de Staël: « il faut lire l'Héloïse quand on est marié...

on se sent plus animé d'amour pour la vertu...

son ouvrage est pour lesfemmes ». Il y a des témoignages plus décisifs, qui ne viennent pas des gens de lettres, des amis ou des femmes.

Des inconnusdont on ne sait rien, sinon leur nom, ont dit à Rousseau, avec des accents qui semblent souvent sincères, ce qu'ilslui devaient, quelles forces ils avaient puisées dans sa lecture, quelle révélation même ils y avaient trouvée.

Deuxamis se retirent « avec plus de satisfaction dans le sein de leur famille ».

Lecointe, capitaine de cavalerie, découvrequ'il aime d'amour tendre sa femme et ses quatre enfants.

On peut douter de la vérité des aventures malséantesque content un la Neuville ou un la Chapelle.

Mais d'autres se confessent avec une évidente candeur.

L'âme deLoiseau de Mauléon a son secret, et sa vie son mystère.

Il aime une Julie, dans le trouble et le silence de son cœur.Cette Julie, peut-être, ne l'aime pas.

Qu'importe ! Elle ira sans entendre le murmure d'amour élevé sur ses pas.Loiseau ignorera toujours s'il est aimé : « et qu'ai-je besoin de le savoir ? » Séguier de Saint-Brisson nourrit la mêmepassion silencieuse.

Il a voulu quitter son métier d'officier, qu'il jugeait inutile et médiocre.

Il l'a gardé, pour ne pasaffliger les siens, parce que Rousseau le lui a conseillé et parce que le joug lui a été imposé par « les mains sidouces » dune très jolie marquise rencontrée sur les bords du lac de Genève.

Seulement, il a lu la Nouvelle Héloïse.Il a dû s'avouer que son cœur était gagné par le vertige qui perdit Saint-Preux.

Mais la marquise est mariée ; elleest honnête.

Elle chasserait Séguier si elle connaissait le feu coupable qui le consume.

Il rêve donc d'amoursmuettes et platoniques.

Hélas ! Platon n'est qu'un leurre ; et seule la vie de Julie épouse peut adoucir son amertumeet rectifier son cœur : « Ah ! si vos ennemis pouvaient connaître l'effet qu'elle produit dans les cœurs honnêtes etl'analogie qu'elle a avec ce qui se passe en moi, ils cesseraient de vous en nier la vraisemblance et l'utilité ». Le roman a donc été, incontestablement, utile.

Il n'a sans doute pas restitué à certaines âmes françaises le sens dela meilleure vertu et la seule conception du devoir qui soit sûre, la volonté du devoir.

Dans la morale de Rousseau, àlaquelle il a conquis tant de ses contemporains, on peut croire qu'il y a vraiment trop d'ivresses et de « délices ».

Onaime un peu trop son devoir et sa tâche comme son amant ou sa maîtresse ; et cet état d'exaltation n'est pas deceux qu'on soutient toute une vie.

Mais c'était peut-être la « flamme » nécessaire pour éclairer, pénétrer, animerune génération qui avait moins besoin d'intelligence ou même de volonté que de suggestions ou, plus obscurémentet plus sûrement, d'élan pour croire et pour vouloir.. »

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