L'île des esclaves de Marivaux: la scène d'exposition

« De plus ce nom est familier pour le public de l’époque.

Il renvoie à un personnage de la Commedia dell’arte et est donc immédiatement identifié comme étant le valet, la source du comique.

Les didascalies confirment le caractère comique du personnage.

Cependant le ton menaçant de fin de scène sème le doute sur le dénouement.

Iphicrate se présente comme le maître  phrases correctes et il donne des ordres et Arlequin rappelle ligne 72 les traitements qui les lient et Iphicrate va même jusqu’à vouloir le tuer avec son épée à la fin de la scène .

Il es t également cultivé : c’est lui qui va informer le lecteur / spectateur de leur origine.

Tous deux sont Grecs car ligne 23, Iphicrate précise qu’ils ne reverront plus jamais Athènes.

Par ailleurs c’est également lui qui va informer le lecteur sur le lieu d e leur naufrage.

b.

Le lieu En effet, les 2 protagonistes ont échoué sur une île suite à un naufrage.

Cette catastrophe initiale annonce une remise en question à laquelle les personnages ne pourront échapper.

Iphicrate annonce clairement ligne 24 « nous sommes dans l’île des esclaves » mais cette affirmation est reprise de façon modalisée lorsqu’il explique à son valet le fonctionnement de cette île : « sans doute, je crois » .

Ainsi dès les lignes 26 à 31, le lecteur apprend que depuis 100 ans des valets tuent ou rendent esclaves les maîtres.

Le lieu apparaît alors comme angoissant, source de danger.

c.

L’intrigue.

Une fois le lieu défini, le lecteur comprend vite qu’Iphicrate va devoir assumer son statut de maître.

Cependant le dramaturge laisse habilem ent dans l’incertitude les informations qu’Iphicrate nous donne sur la nature de l’île car il faudra attendre la 2 ème scène pour avoir confirmation que nos personnages se trouvent bien sur cette île.

Par ailleurs, Iphicrate laisse donc le lecteur en atten te en ce qui concerne son sort d’autant qu’il a exagéré les coutumes du lieu : « tuer tous les maîtres qu’ils rencontrent ».

Les répliques d’Arlequin définissent déjà un projet thérapeutique : ligne 93 « Iphicrate, tu vas trouver ici plus fort que toi ; on va te faire esclave à ton tour ; on te dira aussi que cela est juste, et nous verrons ce que tu penseras de cette justice- là ; tu m’en diras ton sentiment, je t’attends là.

Quand tu auras souffert, tu seras plus raisonnable ; tu sauras mieux ce qu’il es t permis de faire souffrir aux autres ».

Transition : Nous avons donc vu que nous avons bien une scène d’exposition fournissant au lecteur l’ensemble des informations qui lui sont nécessaires pour poursuivre sa lecture mais laisse cependant des incertitudes qui garantissent l’attention du spectateur.

II.

Progression dramatique Puisque nous sommes au théâtre, il convient d’analyser le dialogue car toute parole est action.

Mais également les didascalies internes et externes.

a.

Un lieu ambigu Nous avons vu que la pièce se déroulait sur une île, une île au nom inquiétant « des esclaves » c’est -à -dire qui appartient aux esclaves.

Une île est un lieu ouvert sur l’horizon donc qui est propice au rêve, à l’évasion.

Cependant, une île est surtout un lieu clos, r enfermé sur lui-même.

L’intérêt de ce lieu est donc évident : il est loin de toute référence géographique et historique comme l’est Athènes par exemple.

Les maîtres se retrouvent donc en dehors de tout repère, ils sont donc soumis à l’autorité en vigueur s ur la terre qui les accueille.

Ce lieu est par ailleurs lié par Iphicrate à un devenir sombre pour les maîtres : « tuer – jeter dans l’esclavage » l.31 ; « danger de perdre la liberté et peut être la vie » l.37.

Lieu inquiétant.

b.

Evolution du rapport maître – valet Début de la scène, comme nous l’avons montré, les personnages sont clairement définis socialement grâce notamment à leur habits et attitudes .

Ainsi Iphicrate le maître ordonne ligne 21 par exemple et Arlequin ne pense qu’à boire sa bouteille d ’eau-de -vie qu’il a sauvé du naufrage.

Arlequin rappelle également à plusieurs reprises les traitements que lui afflige son maître en temps normal.. »