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''LIBERTÉ'' DE PAUL Eluard -Commentaire

Publié le 03/03/2012

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Ce pouvoir c’est justement celui de nommer, privilège de l’écrivain : nommer les choses (le monde, la vie, la liberté), c’est les faire advenir. La poésie qui pouvait paraître le moyen le plus étrange, le plus décalé, en pleine guerre se trouve en réalité le plus approprié pour parler de la résistance. Le poète, en nommant le monde et la liberté, en les mettant en relation, annonce la liberté à venir.

Il existe une progression chronologique dans le texte qui constitue l’itinéraire d’une vie. D’abord l’enfance, l’école, les livres d’images, le monde des contes avec rois et guerriers ; arrive l’adolescence, le temps des amours et enfin la vieillesse "les marches de la mort".

Dans la majorité des strophes, il abandonne les possessifs pour les articles indéfinis et parler au nom de tous "les pages", "la jungle", "le moulin", "la mer", "la santé revenue".

Eluard évite d’apparaitre comme un poète politique, un poète de la résistance se battant contre l’occupant en jouant sur l’ambigüité amour/liberté.

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« II- L’éloge de la liberté A- Une poésie libre La forme libre s’exprime d’abord par la sensation d’éclatement du poème : aucune cohérence entre les strophes ni même à l’intérieur de chacune d’elles, mais le choix d’une multiplicité de points de vue, de détails, de sensations, le tout de manière volontairement désordonnée et non rationalisée.

On a le monde à l’état brut, dans son éparpillement infini. Mais la cohérence est apportée par deux éléments : d’abord par la même structure tout au long du poème (strophes de 4 vers, 3 vers de 7 syllabes et le dernier de 4 syllabes), sauf pour la dernière strophe, significativement déséquilibrée par l’appel du dernier mot : "Liberté" ; ensuite par la même formulation (anaphore de "Sur" et répétition du dernier vers "J’écris ton nom"), le tout fonctionnant comme un leitmotive musical, ce qui fait quasiment du poème une chanson au vocabulaire simple voire banal. La liberté dont il s’agit n’est donc pas vraiment décrite, elle est mise en œuvre par le poème lui-même. On trouve une multitude d’adjectifs possessifs personnels : "mon chien", "ma porte", "mon lit", "mes amis", "mes refuges", "mon ennui".

On trouve aussi tous les éléments de notre environnement naturel : le sable, les pages des livres ou journaux, les champs, les routes, les oiseaux, la pluie, les cloches. Les supports d’écriture progressent de strophes en strophes vers plus d’intimité (l’enfance : "cahiers d’écolier", "pupitre", "pages" ; le pouvoir : "armes de guerriers", "couronne des rois" ; la nature : "champs", "oiseaux", "mer" ; l’espace privé : "lampe", "maison", "chambre", " chien" ; l’ état d’esprit du poète : "absence sans désir", "solitude nue", "espoir sans souvenir") marquant une implication personnelle plus forte de la part de l’auteur dans la défense de la liberté accentuée vers la fin avec la multiplicité des adjectifs possessifs ou de gestes de fraternité et d’amour. La volonté qui est revendiquée c’est d’écrire le mot "liberté" sur tous les supports possibles dans le monde et d’englober la totalité de l’univers ("pages lues"/"pages blanches", "soleil moisi"/"lune vivante", "nuits"/"journées") On ne trouve que peu de mots à connotation triste, ce qui donne à ce texte une tonalité d’espoir dans les heures sombres de 1942 et constitue un hymne à la vie. B- Les pouvoirs de la poésie Deux mots se font écho pour montrer que cet éloge de la liberté est en même temps célébration des pouvoirs de la poésie : un qui se répète tout au long du poème, le verbe "écrire" présenté sous une forme active et personnelle : "j’écris" et l’autre une seule fois, à la fin du poème : "nommer", qui semble faire surgir le mot "liberté" que l’on attend tout au long du poème et qui en est l’aboutissement.

La poésie a donc le pouvoir de dire et de faire éclore la liberté.

Ce pouvoir c’est justement celui de nommer, privilège de l’écrivain : nommer les choses (le monde, la vie, la liberté), c’est les faire advenir.

La poésie qui pouvait paraître le moyen le plus étrange, le plus décalé, en pleine guerre se trouve en réalité le plus approprié pour parler de la résistance.

Le poète, en nommant le monde et la liberté, en les mettant en relation, annonce la liberté à venir. Il existe une progression chronologique dans le texte qui constitue l’itinéraire d’une vie.

D’abord l’enfance, l’école, les livres d’images, le monde des contes avec rois et guerriers ; arrive l’adolescence, le temps des amours et enfin la vieillesse "les marches de la mort". Dans la majorité des strophes, il abandonne les possessifs pour les articles indéfinis et parler au nom de tous "les pages", "la jungle", "le moulin", "la mer", "la santé revenue". Eluard évite d’apparaitre comme un poète politique, un poète de la résistance se battant contre l’occupant en jouant sur l’ambigüité amour/liberté. CONCLUSION : Ce poème a une vocation militante et détient aussi une brillante combinaison d’intimité et d’ouverture sur le monde, ce qui fait toute l’importance de cet hymne à la vie. En réussissant par une sorte de passe passe, malgré les interdits, à défendre la liberté, Eluard nous donne un aperçu de son immense talent.. »

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