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L'humour dans fin de partie, Samuel Beckett

Publié le 17/10/2011

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   Comment l’humour s’instaure-t-il dans une pièce aussi sombre que fin de partie ?    I La caricature poussée à l’extrême  1) une morale bafouée  2) la décadence du langage    II Des références tournées en ridicule  1) la dépréciation religieuse  2) la littérature revue et corrigée par Beckett    III Des illusions ou désillusion ?  1) un vain espoir  2) de vrais faux acteurs    Introduction :  Ecrivain, poète et dramaturge irlandais d’expression française et anglaise. Son œuvre est généralement interprétée comme l’expression d’un profond pessimisme quant à la condition humaine. En effet il faut voir l’humour et le pessimisme au service de l’un et de l’autre, ce qui transparaît dans l’une de ses œuvres majeures, à savoir Fin de Partie. Il met ainsi en scène quatre personnages handicapés physiquement dans une maison située dans un monde désert sans lumière ni humain témoignant ainsi du dépérissement corporel lié à la vieillesse et de la dépendance mêlée de la rancœur. Cette pièce apparaît donc triste voire lugubre, cependant l’on y discerne des notes d’humour.

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« autres personnages. ( On distingue un net refus du champ lexical de la peine au profit d'un humour grinçant, accentuant la détresse despersonnages, qui en plus d'être seuls et perdus, ont des difficultés à communiquer. II Des références tournées en ridicule1) la dépréciation religieuse _ « Mané, mané, des corps nus » p24 livre de Daniel_ « digne du jugement dernier » p65_ « léchez-vous les uns les autres » p89_ « avec les yeux de Moïse mourant » p102_ « père, père » p86 ; pp109-110 ( Dans un monde où toute civilisation humaine a disparu, dans une apparence d'ère apocalyptique, citer la Bibleapparaît hors contexte et ce à juste titre puisque les personnages ont perdu espoirs « vous êtes sur terre, c'estsans remède » Hamm.

La religion est donc évoquée de façon ironique (à noter que Beckett est né dans une famillecalviniste). 2) la littérature revue et corrigée par Beckett A la première lecture, il est vrai qu'il apparaît difficile de remarquer des allusions à la Bible ou encore à d'illustresauteurs.

Cependant, quand on y prête attention il est impossible de passer à côté de :_ « Mon Royaume pour un boueux » p36 qui renvoie à la célèbre phrase de Shakespeare « Mon royaume pour uncheval » (my kingdom for a horse » prononcé par Richard III dans l'œuvre éponyme.

En effet lors de la bataille deBosworth field en Angleterre au XVème siècle le combat tourne à la défaveur du roi, alors prêt à échanger sonroyaume contre une monture pour continuer à se battre.

Dans Fin de Partie, cette phrase est prononcée par Hamm.On peut la comprendre dans le sens où Hamm se serait tout simplement sacrifié pour ses parents.

De plus, dansl'hypothèse où Hamm s'apparente à un roi d'échec, il aurait laissé son royaume, soit son existence, pour ses parents« boueux » qu'il considère comme des déchets, en atteste les poubelles.Allusion à Sartre, Huis Clos :_ « Au-delà c'est … l'autre enfer » p39 Beckett veut montrer la volonté de renfermement sur un monde protégé, enmême temps qu'il dénigre l'espace intérieur, celui qui est visible sur scène.

La phrase de Hamm permet decomprendre que l'enfer est partout ...Autre allusion à un célèbre auteur, ici un philosophe :_ « il pleure donc il vit » p82, renvoyant de toute évidence au « cogito ergo sum » de Descartes, faisant non plusde la pensée un absolu, mais de la tristesse._ p87, c'est au tour des vers de Baudelaire de sortir de leur contexte.

« Pauvres morts » s'inscrivant à la base dansla servante au grand cœur est ici employé par Hamm pour évoquer Nell et Nagg, une fois de plus dégradés._ p89 on peut voir une référence à Marie-Antoinette.

Celle-ci aurait provoqué un scandale en commentant lapauvreté du peuple ainsi « s'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche ! ».

Hamm quant à lui, ironise sur lesdemandes des quémandeurs de pain dans son roman, leur disant de manger du « mille-feuilles », pâtisserie dérisoiredans Fin de Partie._ Tout en sortant son mouchoir, à la même page (p89), Hamm dit « on pleure, pour ne pas rire » faisant référence àBeaumarchais, « L'habitude du malheur, je me presse de rire de tout, de peur d'être obligé d'en pleurer »._ Enfin, p108, l'allusion au règne de Hamm est d'ailleurs repris et ce par des propos, initialement de Montaigne « auplus élevé trône du monde, nous ne sommes assis que sur notre cul » abrégés par « pas plus haut que le cul ». ( Ayant toujours été attiré par les langues et étant professeur de littérature anglaise il n'est pas anodin que Beckettprenne plaisir à détourner les classiques.

On distingue ainsi qu'il aime se jouer tant de ses personnages que de laculture de ses lecteurs/spectateurs, les faisant réfléchir par l'intermédiaire d'allusions subtiles, glissées discrètementdans le texte. III Des illusions ou désillusion ?1) un vain espoir Chaque personnage détient un placebo affectif :_ Nell et Nagg vivent ainsi dans le souvenir._ Clov se réfugie dans sa cuisine._ Hamm ne jure que par son chien et ses calmants.Ils se rattachent à la vie comme ils peuvent, donnant de l'importance à des choses habituellement insignifiantes,leur procurant un but, donnant un sens à leur existence.

Nous pouvons donc imaginer que le but de Nell et Nagg estcertainement de mourir,( ils ont accomplis tout ce qui les a rendu heureux, sont maintenant paisibles), celui de Clov,d'échapper à l'emprise de Hamm et le but de ce dernier, infirme et commandant tout autour de lui, de trouver uneutilité vis-à-vis d'autrui malgré son handicap.2) de vrais faux acteurs Cependant, les espoirs d'un changement de vie sont vains.

A force de répétition le lecteur se rend compte que letitre lui-même de Fin de Partie annonce toute l'histoire.

Les personnages sont d'ailleurs conscients qu'ils s'enferment. »

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