L'humoriste américain Mark Twain a dit que « le secret du rire n'est pas la gaieté mais la tristesse ». Vous commenterez cette boutade en étayant votre réflexion sur des exemples empruntés à vos lectures, mais aussi, si vous le jugez utile, à d'autres formes de l'expression artistique.
Publié le 09/03/2011
Extrait du document

• « C'est une étrange entreprise « que de démêler les origines et raisons du rire. • Bien des formes de comique s'appuient sur des éléments qui, s'ils font rire, ne sont pas gais en soi : - moquerie ou raillerie utilisent certaines particularités d'autrui pour faire rire - aux dépens de la personne. Or ces singularités qui la différencient sont souvent lourdes à supporter. Donc la moquerie blesse. Ex. : Charlie Brown (Bande dessinée Peanuts de Schulz). - Elle implique de plus un fond de cruauté ou de sadisme chez celui qui souligne le travers en vue de la moquerie.

«
• Une des grandes bases du rire est par conséquent la satire (mœurs-société-homme et ses travers) et ce, depuisl'Antiquité.
Exemples : Comédies d'Aristophane; Satiricon de Pétrone; Satires de Juvénal...
Toutes les comédies un peu profondes contiennent un fond satirique de Shakespeare à Audiberti en passant parCourteline.
Citons la vision romantique à propos de Molière qui parle de sa « mâle gaieté si triste et si profonde ».
Ilest vrai que son œuvre comique comporte un réel côté tragique : personnages dramatiques (Alceste), scènestendues (malédiction d'Orgon à son fils dans Tartuffe), conséquences tragiques du vice du personnage principal(dans L'Avare, entre autres).
• C'est que le rire venant d'une rupture, en même temps qu'il est une manifestation propre à l'homme - aucun animalne rit -l'homme à la suite de ces deux faits nourrit son rire, souvent, de la tristesse de sa condition, soit particulièreou momentanée, soit la destinée humaine en général.
• Son rire est alors un rictus; un comique qui grince.
Exemple : Molière où, derrière même la bouffonnerie grotesque,est présente l'âpreté satirique (telle la scène des Médecins dans Monsieur de Pourceaugnac où les procédés du riresont pourtant gros et gras, mais sonnent parfois étrangement : « on dirait que l'auteur se hâte de railler le dangerpar crainte d'être saisi de terreur » (J.
Gautreau).
• D'où la plupart des auteurs comiques (des chansonniers, tels Bedos, Coluche au burlesque ou à l'incohérencecocasse d'Ionesco dans La Cantatrice chauve ou Amédée ou comment s'en débarrasser par exemple) frisent letragique.
IIe Partie : Le rire pour le rire
• Le rire serait donc de la part du créateur comme du public une défense au même niveau que le masque ?
• Il cacherait tristesse, hargne, peur?
• Pourtant Rabelais affirme que «le rire est le propre de l'homme.
»
• Le rire correspond à un besoin d'extériorisation des forces vives.
• Il peut être simplement une explosion purement physique...
• ...ou une joie simple, naturelle.
Tels dans la scène des fouaciers de Rabelais : les bergers vainqueurs desméchants et se reposant « au son de belle bousine » en goûtant fouaces et raisins et « en se rigol[ant] ensemble »(Gargantua XXV).
• Car c'est aussi communion; le rire est un lien social.
Cf la naissance de la comédie antique dans les villages et lesfêtes en commun dont elles sont l'essence; cf certains éléments de la Comoedia dell'arte italienne et que necomprend plus le trop évolué Goldoni.
• Similitude avec la vocation sociale des jeux.
Cf chez les animaux, le jeu correspond à un besoin physique; il estaussi lien dans le groupe ou la horde.
• Mais différencions bien le rire puisqu'il est spécial à l'homme.
Bergson définit l'homme « un animal qui sait rire ».
• Le rire est souvent une libération par le contraste ou l'inattendu.
• Certaines manifestations du rire sont de véritables « défoulements » accompagnés d'ailleurs la plupart du tempsd'autres extériorisations physiques telles danse et musique plus ou moins bouffonnes dans les fêtes.
Exemples, AuMoyen Âge les Soties; Carnaval; bal masqué; fête foraine.
• Bref : toutes les occasions annuelles cycliques de frairie et liesse populaires : « franches lippées », amusementsen commun « chères lies »...
cf encore Rabelais (ce sont ses expressions).
• Pas de « secret du rire » alors, mais la gaieté naturelle en est le moteur.
Cf.
Rabelais dans un texte célèbre où le brave géant Gargantua se trouve pris entre rires et larmes à la naissancede son fils Pantagruel qui causa la mort de sa femme Badebec.
C'est finalement «le gros sens pratique deGargantua, -donc la Nature, - qui l'emporte dans son débat entre ce qu'on doit à la Mort et ce qu'on doit à la Vie»et tout se termine par une explosion de joie « ri[ant] comme un veau » et « laiss[ant] toute mélancolie ».
Le rirec'est la nature, c'est sa saine manifestation.
{Pantagruel III)
« D'une situation douloureuse qui pourrait symboliser la destinée humaine, Rabelais a fait un chef-d'œuvre comiqueet...
son tempérament vigoureux choisit la voie de la Nature ».
(Weill)..
»
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- Baudelaire écrit dans Fusées : « J'ai trouvé la définition du Beau, — de mon Beau. C'est quelque chose d'ardent et de triste [...]. Je ne prétends pas que la joie ne puisse pas s'associer avec la Beauté, mais je dis que la joie en est un des ornements les plus vulgaires. » En ayant soin d'appuyer votre argumentation sur des exemples précis empruntés aux oeuvres littéraires que vous connaissez (et, si vous le jugez bon, à d'autres formes de l'expression artistique) vous direz si vous so
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