L'humanisme dans les Cannibales de Montaigne.

Montaigne parle de cette nation en ces termes : « C’est une nation [...], en laquelle il n’y a aucune espèce de commerce, nulle connaissance de lettres ; nulle science de nombres ; nulle nom de magistrat, ni de supériorité politique ; nul usage de service, de richesse ou de pauvreté ; nuls contrats ; nulles successions [...]. Les paroles mêmes, qui signifient le mensonge, la trahison, la dissimulation, l’avarice, l’envie, la détraction, le pardon, [sont] inconnues. « (p.370). On remarque l’aspect, qui peut paraître péjoratif, du manque de culture (« nulle connaissance de lettres ; nulle science des nombres [...].« p.370), mais c’est au contraire, preuve que Montaigne est convaincu que cette civilisation peut s’améliorer et apprendre ce qu’elle ne sait pas encore puisqu’il la qualifie de « parfaite « (p.370).  Il pense que la société a perverti la nature humaine (conquête de nouveaux territoires, avides d’or, guerres de religion ...) : pour reprendre la métaphore des fruits, ceux qui représentent les Européens sont «abâtardis« (p.359) : « Nous avons tant surchargé la beauté et la richesse de ses ouvrages [les ouvrages de la nature] par nos inventions, que nous l’avons étouffée.«