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L'HOTEL DE LA MOLE - LE ROUGE ET LE NOIR DE STENDHAL (Analyse du roman)

Publié le 14/03/2011

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stendhal

Sa première visite en y arrivant est pour la Malmaison, où il va évoquer le fantôme de Napoléon et renouveler sa provision d'énergie. La seconde est pour l'abbé Pirard qui le renseigne sur ses nouvelles fonctions et sur la famille où il va entrer.    Vous allez, lui dit-il, loger chez le marquis, l'un des plus grands seigneurs de France. Vous porterez l'habit noir, mais comme un homme qui est en deuil, et non pas comme un ecclésiastique. J'exige que trois fois la semaine vous suiviez vos études de théologie dans un séminaire, où je vous ferai présenter. Chaque jour à midi vous vous établirez dans la bibliothèque du marquis, qui compte vous employer à faire des lettres pour des procès et d'autres affaires. Le marquis écrit en deux mots, en marge de chaque lettre qu'il reçoit, le genre de réponse qu'il y faut faire. J'ai prétendu qu'au bout de trois mois, vous seriez en état de faire ces réponses, de façon que, sur douze que vous présenterez à la signature du marquis, il puisse en signer huit ou neuf. Le soir, à huit heures, vous mettrez son bureau en ordre, et à dix vous serez libre...

stendhal

« Plusieurs mois s'écoulent.

La sottise, et la sécheresse de cœur et les grands airs de tout ce beau monde lemaintiennent constamment dans un état de sourde irritation.

Il est en froid avec le jeune comte qui lui en veut derépondre parfois un peu vivement aux plaisanteries de ses amis; il ne cause plus avec Mathilde; il en est presque àregretter Besançon.

Pour un rien, il se bat en duel avec le chevalier de Beauvoisis, et reçoit une balle qui lui casse lebras.

M.

de La Môle, satisfait de la façon dont il s'est comporté en la circonstance et charmé de sa fierté autantque de son esprit, s'attache à lui de plus en plus.

Il ne se contente pas de l'employer dans toutes ses affairesd'intérêts et de lui donner toute sa confiance ; il prend plaisir à le former, à l'affiner; il l'envoie trois fois par semaineà l'Opéra « pour perdre les façons de province »; et finalement, retenu chez lui par la goutte, privé de sa femme etde sa fille qui sont allées à Hyères, n'ayant aucun agrément à converser avec son fils qui n'est qu'un aimableécervelé, il dit à Julien : — Permettez, mon cher Sorel, que je vous fasse cadeau d'un habit bleu : quand il vous conviendra de le prendre etde venir chez moi, vous serez, à mes yeux, le frère cadet du comte de Chaulnes, c'est-à-dire le fils de mon ami levieux duc. Julien ne comprenait pas trop de quoi il s'agissait; le soir même il essaya une visite en habit bleu.

Le marquis le traitacomme un égal.

Julien avait un cœur digne de sentir la vraie politesse, mais il n'avait pas l'idée des nuances.

Il eûtjuré, avant cette fantaisie du marquis, qu'il était impossible d'être reçu par lui avec plus d'égards.

Quel admirabletalent ! se dit Julien; quand il se leva pour sortir, le marquis lui fit des excuses de ne pouvoir l'accompagner à causede sa goutte... Le lendemain matin, Julien se présenta au marquis en habit noir, avec son portefeuille et ses lettres à signer.

Il enfut reçu à l'ancienne manière.

Le soir, en habit bleu, ce fut un ton tout différent et absolument aussi poli que laveille. — Puisque vous ne vous ennuyez pas trop dans les visites que vous avez la bonté de faire à un pauvre vieillardmalade, lui dit le marquis, il faudrait lui parler de tous les petits incidents de votre vie, mais franchement et sanssonger à autre chose qu'à raconter clairement et d'une façon amusante.

Car il faut s'amuser, continua le marquis, iln'y a que cela de réel dans la vie.

Un homme ne peut pas me sauver la vie à la guerre tous les jours, ou me fairetous les jours cadeau d'un million; mais si j'avais Rivarol ici, auprès de ma chaise longue, tous les jours il m'ôteraitune heure de souffrance et d'ennui.

Je l'ai beaucoup connu à Hambourg, pendant l'émigration... Il piqua d'honneur l'orgueil de Julien.

Puisqu'on lui demandait la vérité, Julien résolut de tout dire, mais en taisantdeux choses : son admiration fanatique pour le nom de Bonaparte qui donnait de l'ennui au marquis, et la parfaiteincrédulité qui n'allait pas trop bien à un futur curé...

Ce fut l'époque d'une parfaite franchise dans les relationsentre le maître et le protégé. M.

de La Môle s'intéressa à ce caractère singulier.

Dans les commencements, il caressait les ridicules de Julien afind'en jouir; bientôt il trouva plus d'intérêt à corriger tout doucement les fausses manières de voir de ce jeunehomme.

Les autres provinciaux qui arrivent à Paris admirent tout, pensait le marquis; celui-ci hait tout.

Ils ont tropd'affectation, il n'en a pas assez, et les sots le prennent pour un sot. Et pour achever l'éducation de Julien, à la fin de l'hiver il l'envoie, sous un futile prétexte, passer deux mois àLondres.

Là, il fréquente des dandys; il se lie en particulier avec un jeune seigneur russe, le prince Korasoff, quil'initie à « la haute fatuité ».

A son retour, le marquis lui fait donner la croix. Cette croix lui valut une singulière visite ; ce fut celle de M.

le baron de Valenod, qui venait à Paris remercier leministère de sa baronnie et s'entendre avec lui.

Il allait être nommé maire de Verrières en remplacement de M.

deRénal. Julien rit bien intérieurement, quand M.

Valenod lui fit entendre qu'on venait de découvrir que M.

de Rénal était unjacobin.

Le fait est que, dans une réélection qui se préparait, le nouveau baron était le candidat du ministère, et augrand collège du département, à la vérité fort ultra, c'était M.

de Rénal qui était porté par les libéraux. Ce fut en vain que Julien essaya de savoir quelque chose de Mm« de Rénal; le baron parut se souvenir de leurancienne rivalité, et fut impénétrable.

Il finit par demander à Julien la voix de son père dans les élections qui allaientavoir lieu.

Julien promit d'écrire. — Vous devriez, monsieur le chevalier, me présenter à M.

le marquis de La Môle. En effet, je le devrais, pensa Julien, mais un tel coquin !... — En vérité, répondit-il, je suis trop petit garçon à l'hôtel de La Môle pour prendre sur moi de présenter... M.

de Valenod apprit à Julien que le titulaire du bureau de loterie de Verrières venait de mourir; Julien trouva plaisantde faire donner cette place à M.

de Cholin, un vieil imbécile dont jadis il avait ramassé la pétition dans la chambre deM.

de La Môle.

Le marquis rit de bien bon cœur de la pétition que Julien récita en lui faisant signer la lettre quidemandait cette place au ministre des finances.. »

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