L'HISTOIRE ET LA COULEUR LOCALE CHEZ RACINE
Publié le 15/05/2011
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La modernisation de l'antiquité et son adaptation aux nécessités de la tragédie racinienne posent la question de l'exactitude historique et de la couleur locale.
Voilà des héros bien connus de l'histoire, engagés au premier plan de vastes actions historiques; c'est le cas de Mithridate, le cas de Néron et d'Agrippine : dans quelle mesure, malgré les changements de psychologie et de biographie, que la tragédie de Racine leur a imposés, restent-ils encore l'Agrippine, le Néron, le Mithridate de l'histoire ? a) Le caractère de Xipharès, si différent du véritable Xipharès, cet oriental sauvage; l'amour parfois trop galant de Mithridate pour Monime, cette épouse esclave dont Racine a fait une fiancée; l'introduction de la passion racinienne dans le sujet fourni par l'histoire, tout cela n'empêche pas le Mithridate de Racine d'avoir gardé du vrai Mithridate la haine pour les Romains, l'audace indomptable, la dissimulation profonde et cruelle, la passion tyrannique et la jalousie qui coûtèrent « tant de fois la vie à ses maîtresses «. Enfin Racine a rivalisé avec Corneille dans le tableau grandiose et cependant précis que Mithridate fait à ses fils de la politique romaine envahissante et de la contre-offensive qu'il ose rêver.
Liens utiles
- ABRÉGÉ DE L'HISTOIRE DE PORT-ROYAL de Jean Racine
- Taine a dit du théâtre de Racine : « Dans ce théâtre, qui ne parle ni de son temps ni de sa vie, je trouve l'histoire de sa vie et de son temps. » Expliquer et discuter ce jugement. ?
- Couleur locale : ce terme désigne à l'origine en peinture la couleur et le ton de chaque objet que l'on s'efforce (ou non) de restituer.
- Couleur (histoire de la) : les premières couleurs utilisées en peinture (époque préhistorique) furent le rouge (oxyde de fer) et le noir (charbon).
- « La pièce change de sens et de couleur selon qu'on y pénètre par l'intrigue ou par les mots d'auteur [...] qui fonctionnent comme autant de slogans, transformant par instants la scène en tribune, revendiquant la liberté d'être, de jouir, de ‘blâmer'. Mais ces formules, par leurs conditions d'énonciation, sont ambigües, et la réconciliation finale en atténue la portée. » (Jean-Pierre de Beaumarchais, Revue d'Histoire littéraire de la France, n° spécial bicentenaire du Mariage de Figaro