L’HEROÏNE EFFRONTEE : ANTIGONE ENTRE REVOLTE ET RESPONSABILITE

« Niveau : 3ème année de la licence fondamentale L’HEROÏNE EFFRONTEE : ANTIGONE ENTRE REVOLTE ET RESPONSABILITE L’attitude d’Antigone, et tout au long de la pièce de Jean Anouilh, repose sur deux fondements : l’éthique de la conviction et l’éthique de la responsabilité.

En effet, l’héroïne agit selon sa conscience (ce qu’elle estime être son devoir) et réfléchit sur la conséquence de son acte. Cette pièce traduit le conflit fatal entre Antigone et le Roi.

Incarnée par Créon, la loi de l’Etat est d’ordre politique alors que celle représentée par le personnage féminin est humaine.

D’ailleurs, le sacré auquel se rapporte Sophocle, est dépassé par Jean Anouilh car son intérêt se centre sur la dignité profonde de l’Homme qui doit être préservée à partir d’un engagement sans faille.

La motivation d’Antigone est la lutte contre l’injustice qui atteint son extrême dans sa propre mort.

Mais elle meurt pour un idéal.

Alors que Créon qui n’a plus, certes, la facette du tyran comme chez Sophocle, va se limiter, par orgueil ou calcul politique, à la loi, alors qu’il a réellement pitié de sa nièce, Antigone. Anouilh rend hommage à la résistance correspondant à la période de la collaboration en France, durant la seconde guerre mondiale.

En 1961, Jean Anouilh affirme avoir écrit sa pièce avec « la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre ».

Ceci dit, sa pièce lui a valu bien des remous, car certaines interprétations traduisent la sensibilité de Créon comme une marque d’approbation de la collaboration.

De plus, le cumul des 226 représentations de la pièce entre 1944 et 1945, s’explique selon certains par son aspect équivoque : la démarcation n’est pas nette quant à son rangement du côté de la Collaboration.

Après la guerre, Edgar Morin (né en 1921, sociologue et philosophe français écrira dans Action (journal hebdomadaire dirigé par des résistants, se caractérisant par le non-conformisme et l’originalité, et s’intéressant aux champs politique et littéraire : « Nous répugnons à voir sur nos scènes un tel mépris de l’homme et de sa conscience revendicatrice ».. »