« L'extraordinaire du roman, c'est que pour comprendre le réel objectif, il invente d'inventer. Ce qui est menti dans le roman libère l'écrivain, lui permet de montrer le réel dans sa nudité. Ce qui est menti dans le roman sert de substratum à la vérité. On ne se passera jamais du roman, pour cette raison que la vérité fera toujours peur, et que le mensonge romanesque est le seul moyen de tourner l’épouvante des ignorantins dans le domaine propre du romancier. Le roman, c'est la clé de
Publié le 01/05/2012
Extrait du document
Un sujet qui incite à s’interroger sur l’origine et la fonction d’un roman à de quoi remettre en cause l’opinion commune qui consiste à dire que le but premier d’un roman est l’évasion, l’exotisme. On a tendance à croire que le roman a pour seule fin de nous sortir d’un quotidien pesant voire rébarbatif. Quant à son origine, il nous paraît évident que le roman est issu de l’imagination de l’écrivain.
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Un sujet qui incite à s’interroger sur l’origine et la fonction d’un roman à de quoi
remettre en cause l’opinion commune qui consiste à dire que le but premier d’un
roman est l’évasion, l’exotisme.
On a tendance à croire que le roman a pour seule fin
de nous sortir d’un quotidien pesant voire rébarbatif.
Quant à son origine, il nous
paraît évident que le roman est issu de l’imagination de l’écrivain.
Ainsi, dans Les cloches de Bâle, Louis Aragon formule avec force et insistance
l’aspect suivant : « L’extraordinaire du roman, c’est que pour comprendre le réel
objectif, il invente d’inventer.
Ce qui est menti dans le roman libère l’écrivain, lui
permet de montrer le réel dans sa nudité.
Ce qui est menti dans le roman sert de
substratum à la vérité.
On ne se passera jamais du roman, pour cette raison que la
vérité fera toujours peur, et que le mensonge romanesque est le seul moyen de
tourner l’épouvante des ignorantins dans le domaine propre du romancier.
Le roman,
c’est la clé des chambres interdites dans notre maison.
» Pour lui, un roman n’est pas
une simple échappatoire à la vie quotidienne, il pense au contraire qu’il est un moyen
de nous ramener à la réalité et au monde qui est le notre.
Au lieu de se réfugier dans
l’imaginaire du roman, le lecteur doit considérer ce qui, dans le récit, le rattache à son
monde.
On peut alors se demander si l’on peut légitimement qualifier le roman de
simple reflet du monde et s’il convient de lire un roman comme un manuel
d’apprentissage.
L’affirmation d’Aragon nous est obscure, voilà pourquoi il faudra d’abord
clarifier ce propos en l’intégrant dans un contexte particulier.
Nous apporterons alors
quelques nuances à l’affirmation de cette idée pour nous apercevoir enfin, qu’Aragon,
par sa formule, ne cherchait qu’à protéger la principale fonction du roman.
On constate que Louis Aragon s’inscrit dans un courant littéraire particulier.
Ayant vécu les horreurs de la guerre, l'engagement d'Aragon est bien antérieur à sa
période communiste militante.
Son adhésion au surréalisme peut être comprise
comme l'expression de sa révolte devant une société dont les travers et les injustices
l'insupportent.
Quant à son œ uvre romanesque, elle épouse les contours de la
production de son siècle (qu'il invente en partie).
A ses débuts, il écrit essentiellement
des romans surréalistes.
Et malgré la méfiance des autres écrivains surréalistes (pour
qui écrire une phrase romanesque du type « La marquise sortit à cinq heures » était la
négation même de leur idéal littéraire par sa platitude), son désir de roman ne s'est
jamais démenti.
Aragon, en 1934, est à la recherche d’un nouveau moyen d’expression
après sa rupture progressive, puis définitive avec le groupe Surréaliste. Les cloches de
Bâle constituent une véritable révolution dans la vie d'écrivain d'Aragon.
Le roman
réaliste sera et pendant plus de deux décennies sa façon d’appréhender le réel.
Ce.
»
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