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L'EXPIATION : Lecture méthodique Les Châtiments, Livre V, 13 (v. 92 à 114). HUGO

Publié le 14/03/2015

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Lecture méthodique

L'EXPIATION

La plaine où frissonnaient les drapeaux déchirés, Ne fut plus, dans les cris des mourants qu'on égorge, Qu'un gouffre flamboyant, rouge comme une forge; Gouffre où les régiments, comme des pans de murs,

5            Tombaient, où se couchaient comme des épis mûrs Les hauts tambours-majors aux panaches énormes, Où l'on entrevoyait des blessures difformes ! Carnage affreux ! moment fatal ! l'homme inquiet Sentit que la bataille entre ses mains pliait.

10    Derrière un mamelon la garde était massée.

La garde, espoir suprême et suprême pensée !

— Allons ! faites donner la garde, cria-t-il ! —

Et Lanciers, Grenadiers aux guêtres de coutil,

Dragons que Rome eût pris pour des légionnaires,

15         Cuirassiers, Canonniers qui traînaient des tonnerres, Portant le noir colback ou le casque poli, Tous, ceux de Friedland et ceux de Rivoli, Comprenant qu'ils allaient mourir dans cette fête, Saluèrent leur dieu, debout dans la tempête.

20         Leur bouche, d'un seul cri, dit : vive l'empereur! Puis, à pas lents, musique en tête, sans fureur, Tranquille, souriant à la mitraille anglaise, La garde impériale entra dans la fournaise.

Jersey. 30 novembre 1852.

[25-30/11/1852]

Les Châtiments, Livre V, 13 (v. 92 à 114).

             Enfin, le champ de bataille est présenté de manière très visuelle. La scène est dominée par le rouge (« flamboyant «, « rouge «,

v. 3). C'est la couleur du feu (« mitraille «, y. 22) et du sang (« bles­sures difformes «, 7). L'image de la « forge « (v. 3), de la « four­naise « (y. 23) est impressionnante, tout comme celle de la « tem­pête « (v. 19). Quelques détails précis se détachent de cette vision d'ensemble. Les « drapeaux déchirés « « frissonnIent] « (y. 1). Les combattants portent les « guêtres de coutil « (v. 13), « le noir colback « ou « le casque poli « (y. 16). Ces précisions aident le lecteur à se représenter la plaine et les soldats.

Le grandissement épique

Une des caractéristiques de ce texte est ce qu'on nomme le « grandissement épique2 «. Ce procédé consiste à évoquer cer­tains éléments avec excès et démesure. Hugo y a recours ici.

 

             Les adjectifs sont particulièrement expressifs (« affreux «, y. 8; «fatal «, y. 8; « suprême «, v.11) ou hyperboliques (« énormes «,

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« --·INTRODUCTION Situation du passage Napoléon 1er est le héros du long poème intitulé« L'expiation».

Ce texte est composé de sept parties qui retracent chacune un moment dramatique de la destinée de l'empereur.

Le premier épisode était consacré à la retraite de Russie qui eut lieu en 1812 1 .

Au cours du second épisode, Hugo évoque la bataille de Waterloo 2 .

Nous sommes ici au moment décisif.

Dans un premier temps, les troupes françaises, espérant du renfort, ont réussi à tenir tête aux Anglais.

Mais Napoléon voit soudain surgir les troupes prussiennes : dès lors, la défaite est inévitable.

Axes de lecture Si Hugo ridiculise volontiers Napoléon Ill, il aime, par contraste, grandir Napoléon 1er.

Mème vaincu, celui-ci reste une figure fas­ cinante.

L'évocation de la défaite de Waterloo est une des pages les plus célèbres de l'auteur.

Elle nous fait revivre un moment poignant de l'histoire, qui prend ici l'allure d'un crépuscule tra­ gique.

1.

LA DRAMATISATION Cette page est d'une remarquable efficacité dramatique.

Le récit est vigoureux et la description a une force visuelle qui sus­ cite l'émotion.

Hugo utlise ici les procédés de l'épopée.

Récit et description Hugo déploie différents procédés qui donnent du relief au récit et à la description.

1.

Voir lecture méthodique 7.

2.

La bataille de Waterloo (en Belgique) eut lieu le 18 juin 1815.

Elle opposa l'9rmée napoléonienne aux forces anglo-hollandaises et prus­ siennes.

A l'issue d'une cuisante défaite, Napoléon 1er fut contraint d'abdi­ quer.

156. »

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