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LETTRE I: Sur les quakers (Lettres philosophiques de Voltaire)

Publié le 17/01/2022

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Le vieux quaker est un sage. L'accumulation de certains traits (sa simplicité, sa tempérance, sa bienveillance, son grand âge, le fait qu'il se soit retiré du monde) en fait plus l'incarnation d'un type qu'un personnage individualisé. Son comportement, sage et mesuré, tranche avec celui de son hôte.

« La polémique religieuse La lettre et l'esprit Ce serait un contresens que de voir dans lequaker un porte-parole de l'auteur.

Il est vraicependant que Voltaire donne le beau rôle à cedernier.

C'est que le narrateur, en représentantd'un certain catholicisme, sert parfois derepoussoir. Ce qui oppose les deux hommes, c'est leurfaçon de se définir comme chrétien.

Face aucatholique qui réduit le christianisme à la seulecérémonie du baptême (« pour l'amour de Dieu,que je vous baptise et que je vous fassechrétien ! », p.

38) Voltaire met en scène unhomme qui revendique et exprime sa foichrétienne dans le respect des principes morauxde l'Évangile ; sa foi sincère, sa piété simple etsa charité sans concession (l'amour du prochainse traduit par le pacifisme et la tolérance)plaident en faveur du quaker qui, sensible àl'esprit du message d'amour du Christ, vit en chrétien. Voltaire en revanche ridiculise ouvertement lecomportement du « bon catholique » queprétend être le narrateur : celui qui se ditchrétien parce qu'il obéit à la lettre aux dogmes de l'Église (baptême, communion, etc.) n'hésitepas à salir le nom de Dieu à travers une série de jurons (« morbleu », « ventrebleu » sont desdéformations de « mort de Dieu » et de « ventrede Dieu ») et cherche à baptiser contre son gré le quaker, apparaissant ainsi comme le digne héritier d'une Église catholique qui, « pourl'amour de Dieu », n'a pas toujours épargné lesvies humaines. Voltaire accepte volontiers la moraleévangélique du quaker mais refuseénergiquement l'obéissance aveugle auxdogmes*, mère du fanatisme selon lui. L'impiété voltairienne Voltaire fait dire à son quaker: « nous nepensons pas que le christianisme consiste àjeter de l'eau froide sur la tête, avec un peu desel» (p.

38).

C'est aussi l'avis de l'auteur, mais ilse garde bien de le prendre directement à soncompte: il sait que c'est une dangereuseimpiété que de réduire le baptême à un gesteet, qui plus est, à un geste ridicule (voir levocabulaire dépréciatif : « jeter », « eau froide», « un peu de sel »).. »

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