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Lettre du 12 septembre (Walton) issue de Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley

Publié le 28/03/2012

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Au XIXème siècle, la littérature fantastique exploite le thème de la mort et sous la plume des écrivains, les corps se mettent à errer entre la vie et la mort. Ces récits substituent la matière inanimée au traditionnel revenant, et délaissent le surnaturel pour puiser l’horreur dans la réalité. Dans Frankenstein ou le Prométhée Moderne, le corps inerte est ainsi objet de recherches scientifiques pour Victor Frankenstein. Il brise le tabou qui plane autour du cadavre en se servant de dépouilles comme d’un matériau, afin de dévoiler les secrets de la Nature. En défiant ainsi l’interdit, il s’expose à un châtiment mortel, qui prend son ampleur tout au long du livre. Je vais aujourd’hui tenter l’analyse du tout dernier passage du livre : la note du 12 septembre de la lettre finale de Robert Walton à sa sœur, où il rend compte des derniers instants de Victor Frankenstein. Pour cela, j’ai choisi d’étudier l’image du Créateur dépassé par sa puissance et devenu acteur passif du récit. Pour éclairer cela, je vois trois axes de lecture possibles : la fin d’une aventure scientifique misérable, le doute et le remord où créature et créateur se confondent, puis le fantastique au service de la critique.

« Frankenstein, réellement attristé et touché par l’état de celui qu’il appelle son ami, parle de lui dans des termes élogieux « être glorieux », « infortuné et admirable ami », mais même si ne semble pas avoir réellement capté l’ampleur des erreurs de Frankenstein, même si lui aussi nourrit des projets ambitieux et vise la gloire et voit sans doute Frankenstein comme un modèle, son destin va être plus doux : en effet dans cette note du septembre il est sur le retour, en route vers le Sud à nouveau, s’éloigne des contrées dangereuses et inexplorée qu’il visait avant, car a su modérer ses passions, faire une concession au profit du bien-être de ses matelots.

Il a fait preuve de rationalité face à ses désirs, malgré forte déception (il dit avoir perdu tout espoir de connaitre la gloire), il ne peut se résoudre à entrainer ses matelots vers le Nord, à , je cite « les conduire au danger contre leur propre volonté.

Lâcheté ou non, c’est en tout cas ce qui va le préserver d’un avenir malheureux tel que celui de Frankenstein, rendu malade par le remord, entre autre.

L’image du savant emporté par la folie est donc ici avortée, et c’est la fin symbolique de Frankenstein, aussi, en qq sorte, d’autant plus que Walton ne réalisera pas sa dernière requête, à savoir, dans un premier temps la poursuite du monstre, et dans un deuxième temps son exécution. II. Le doute et le remord, où créature et créateur se confondent. Première fois que les deux s’expriment face à qq un, et paradoxalement dernière fois qu’en ont l’occasion.

La dernière prise de parole de Frankenstein résonne presque comme un plaidoyer en sa faveur par lequel il s’explique une dernière fois quant à son abandon du monstre, comme une dernière justification de ses actes « j’ai consacré ces derniers jours à faire mon examen de conscience et ma conduite passée ne m’apparait pas condamnable ».

Il reconnait ne pas avoir tenu son devoir vis-à-vis du monstre, le fait qu’il n’ait pas veillé à son bien-être, c’est la première fois qu’il se tente à imaginer, en qq sorte, ce que cela aurait pu être, autrement, mais ne regrette pas pour autant ses choix, s’étant détourné par l’expérience de l’attrait du principe de vie pour s’être rendu compte de la primauté de ce qui était déjà là, naturellement et qu’il avait alors négligé. Le monstre lui aussi tente de démontrer une première fois et dernière fois son malheur, ce qui clôt d’ailleurs le roman.

Se met en opposition à Frankenstein pour mesurer plus profondément l’étendue de son propre malheur.

Regrette ses actes, « je plaignais Frankenstein », « j’ai condamné à la souffrance mon créateur, cet homme digne d’amour et d’admiration ».

Sans doute n’excuse en rien ses crimes aux yeux de Walton, mais met tout de même en avant l’idée que c’est seulement poussé par l’angoisse de la solitude et le désespoir que ses crimes ont été motivé, par le sentiment d’injustice régnant, car rejeté par tout le monde tandis que n’aspirait qu’à l’amour et la bonté.

Il est vrai d’ailleurs qu’au début du roman le monstre se satisfaisait de peu, dans sa forêt, en harmonie avec la nature tout ça, heureux d’aider dans le secret des gens malheureux etc… Idée de M Shelley était d’ailleurs, il me semble, que l’homme était bon de nature mais que c’est la société qui le corrompt.

Frankenstein prend figure du Créateur et monstre de l’homme, jeté de l’Eden, mais pas pcq il a fauté, c’est au contraire pour cette raison qu’il va fauter.

A l’opposé, Frankenstein (« cet ennemi de Dieu et des Hommes ») prend figure de Prométhée, dont la punition et donc la souffrance éternelle est liée à sa création même, comme si le monstre = le vautour qui dévore son foie.

Les deux sont donc inextricablement liés. Aussi dans leur rapport à la vengeance.

La vengeance viscérale est née pour l’un et l’autre à peu près au même moment, celui de la mort d’Elisabeth : sa mort = point culminant de la vengeance du monstre, et là que commence également celle de Frankenstein.

Avant, laissait faire les choses, mine de rien, tandis qu’à ce moment-là se met réellement à sa poursuite.

Pourquoi ? Pcq n’a plus personne.

Se rejoignent en qq sorte dans leur rapport avec la solitude : l’un et l’autre veulent mourir au moment où n’ont plus personne.

D’abord Frankenstein, puis le monstre, lorsque son créateur meurt.

Au final, Frankenstein, malgré la haine qu’il a fini par lui inspirer, était la raison. »

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