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L'essor de Paul Claudel

Publié le 07/04/2012

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En 1890, à cent exemplaires, la librairie de l'Art indépendant publiait, sans nom d'auteur, un drame intitulé Tête d'or. Paul Claudel, né en 1868, l'avait écrit l'année précédente. Il l'envoya à quelques personnes qu'il estimait capables de le comprendre, entre autres à Maeterlinck, qui lui répondit : «Vous êtes entré dans ma maison comme une horrible tempête. [ ... ] Etes-vous le comte de Lautréamont ressuscité ? « Maeterlinck évoquait Maldoror: il aurait pu aussi bien évoquer Rimbaud, dont nous savons par les confidences mêmes de Claudel, qu'il se rattachait filialement à lui : la chose, en Tête d'or, ne fait aucun doute.

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« Beaucoup, poussés par un antichristianisme viscéral, ont semblé ne pas le comprendre.

Ce qu'il y a de chrétien dans l'œuvre de Claudel les gêne et les empêche de goûter pleinement ce qu'il y a d'antérieur au christianisme, cette eau qui vient d'aussi loin qu'Eschyle.

On ne cite point ce nom au hasard, puisque Claudel devait traduire I'Orestie et que c'est avec Eschyle en effet qu'il se découvre les plus profondes affinités.

Quoi qu'il en soit, en 1890, Tête d'or tombait au milieu du symbolisme décadent ou du naturalisme de cette fin de siècle comme un de ces blocs énigmatiques, «chus d'un désa.stre obscur», dont parlait Mallarmé.

Le jeune Claudel fréquenta précisément les Mardis de la rue de Rome jusqu'à son départ d'Europe en 1892.

Car il n'avait qu'un désir, qui était d'échapper à la ville étouffante et de« s'en aller vers le lieu grand», comme il l'avait fait dire par l'un de ses héros, Anne Vercors.

Mais auparavant en 1890 Paul Claudel avait écrit un nouveau drame, La Ville.

On a montré récemment que cette première version de La Ville (il y en aura une seconde, comme aussi une seconde version de Tête d'or) comportait deux parties, dont la première est préchrétienne tandis que, à la fin du drame, nous voyons les« Barbares» qui ont détruit la ville s'incliner devant le poète Coeuvre devenu évêque.

Nul doute qu'ici Claudel n'ait transposé sa propre conversion; mais on doit noter aussi que le Chef, le Destructeur, abdique et se retire dans la forêt primitive avant que son successeur se soumette à l'ordre nouveau.

Il y aura toujours en Claudel un ermite des forêts antiques et ce serait le mal connaître que de voir en lui seulement un poète chrétien.

Au moment de quitter son pays pour longtemps, d'entrer dans un véritable exil, il éprouve le besoin de saluer et, en quelque manière, de consacrer cette terre du Tardenois dont il était originaire et où plongeaient toutes ses racines du côté maternel.

Ce fut La Jeune Fille Violaine qui devait devenir plus tard l'Annonce faite à Marie, à coup sûr le plus immédiatement chrétien de tous ses drames.

Mais même ici, quelle antiquité, quel archaïsme ! Nous sommes transportés par le folklore, à travers le folklore, dans une époque sans âge et où la terre gauloise n'était pas encore baptisée.

Ainsi, avant d'entrer dans la carrière diplomatique qui devait, pensait-il, l'assurer contre le destin parfois navrant des poètes (Verlaine, Villiers de L'Isle-Adam), Paul Claudel avait. »

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