L'espace et le temps des mythes en littérature

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Il -ÎEMPS ET TEMPORALITÉ Temps de l'histoire et intemporalité du mythe Certaines œuvres essaient de respecter l'intemporalité du mythe en ne cher­ chant pas à actualiser l'intrigue, même si le traitement dramatique s'accompagne d'une certaine modernisation.

Tel est le cas d'Amphitryon 38, tel est le cas égale­ ment d'Œdipe ou le Roi boiteux, ainsi que celui de La Machine infernale.

La volonté des dramaturges peut parfois consister à donner une certaine actuali­ sation au mythe, à lui apporter un éclairage historique.

Giraudoux dans La guerre de Troie n'aura pas lieu ou dans Électre fait écho au climat des années qui précè­ dent la guerre.

Les héros d' Anouilh (Antigone) ou de Sartre (Les Mouches) évo­ quent immanquablement la résistance contre l'occupation allemande.

Parfois le propos dramatique est doublement orienté : ainsi Brecht ouvre ! 'in­ trigue de son Antigone par un prologue qu'il situe dans l'actualité de 1945 alors que le reste de sa pièce respecte scrupuleusement le contexte de l' Antiquité grecque.

Il arrive enfin que la superposition de la temporalité mythique et de la tempora­ lité historique donne une valeur exemplaire à ce temps qui dépasse l'échelle hu­ maine, obligeant ainsi le spectateur à une certaine distanciation, à une réflexion sur ce que représente le mythe dans un théâtre de la modernité et de l'actualité.

La temporalité dramatique L'œuvre théâtrale peut choisir de condenser le temps : elle respecte alors l'unité de temps (Antigone, Médée, Œdipe, Électre, La guerre de Troie n'aura pas lieu, Amphitryon 38).

À l'inverse, sa temporalité peut être fondée sur la durée : les dix-sept ans qui séparent l'acte III de l'acte IV dans La Machine infernale, la tem­ poralité floue d'Eurydice et d'Orphée.

La temporalité dramatique est également structurée par une chronologie : succession des événements qui font progresser l'intrigue de manière plus ou moins linéaire, alternance d'éléments narratifs et d'éléments discursifs.

Le présent peut s'éclairer du passé des personnages et de leurs souvenirs plus ou moins complets.

On connaît le poids de ce passé pour Œdipe et l'impor­ tance de sa reconstitution devenue presque obsessionnelle pour Électre.

Le temps représenté est un temps vécu autant qu'un temps raconté.

La superposition tem­ porelle prend parfois une dimension étonnante, comme dans Électre où le récit du Mendiant anticipe la réalité du meurtre d'Égisthe et de Clytemnestre par Oreste.

L'anachronisme Procédé le plus couramment utilisé par la plupart des dramaturges, il consiste à mêler des éléments appartenant à des époques différentes, parfois fort éloi­ gnées, comme l'architecture mycénienne et gauloise du palais d'Agamemnon dans Électre.

Il fait état d'actions ou d'objets qui ne peuvent appartenir à l'univers de !'Antiquité.

Dans !'Antigone d' Anouilh, le café de la nourrice, la cigarette de Poly­ nice, le tricot d'Eurydice sont des éléments aussi peu à leur place que l'autocar d'Eurydice ou la roulotte de Médée.

L'anachronisme correspond parfois aux métiers des personnages : garde (Antigone), violoniste, actrice, garçon de café et garçon d'étage (Eurydice), vitrier et commissaire de police (Orphée), jardinier et président de tribunal (Électre) .... »