Les relations Don Juan/Sganarelle
Publié le 08/01/2013
Extrait du document

B. Un couple inséparable
Le couple Don Juan/ Sganarelle est inséparable et c'est bien là que réside le paradoxe de leurs relations
: en la présence de son maître, le valet oublie qu'il n'est qu'un "pauvre type". Il a besoin de le voir pour
l'imiter, de le suivre pour avoir l'impression de lui ressembler. Sganarelle vit à travers de Don Juan : il est
très rare qu'il utilise la première personne du singulier et il se définit à travers lui et ce dés la scène
1 de l'acte I. Il est fasciné par son maître et ne pourrait plus se passer de lui. Nous comprenons mieux sa
tristesse à la mort de Don Juan à la scène 6 de l'acte V (p. 127) : "Il n'y a que moi de malheureux".
Don Juan, lui, a besoin de Sganarelle car, à force de provocations et de médisance, il finit par être
détesté de tous, ce que nous pouvons voir dans les dernières paroles de son valet : "Voilà par sa mort un
chacun satisfait" (p. 127). Seul son fidèle valet est à son écoute et est là pour lui, ce qui renforce son rôle
de confident. Don Juan et Sganarelle sont donc complémentaires et c'est bien pour cette raison que l'un
ne peut pas se passer de l'autre.

«
Comme avec toutes les personnes qui l'entourent, Don Juan est tyrannique avec son valet.
II Don Juan, un maître tyrannique :
A.
Sganarelle, un valet rudoyé
Il semblerait que Don Juan prenne du plaisir à tyranniser son valet car cela pourrait prouver sa force, sa
domination sur le monde, sur SON monde.
Ainsi, il s'amuse à le terroriser alors que la Statue animée du
commandeur arrive en plein dîné : « Bois, et chante ta chanson, pour régaler le Commandeur » (IV, 8, p.
111).
Pour lui, il ne fait aucun doute que son fidèle valet l'accompagnera au dîné de cet homme qu'il a tué
: « Je viendrai accompagné du seul Sganarelle » (idem).
L'adjectif « seul » ne prouverai t'il pas
son envie de le rudoyer ?
Nous comprenons mieux pourquoi Sganarelle dit : « Il n'y a que moi seul de malheureux » ou « Il me
vaudrait mieux d'être au diable que d'être à lui ».
Alors que les frères d' Elvire sont à la recherche de Don Juan pour venger l'outrage et donc le tuer, Don
Juan veut que son valet prenne ses vêtements, et donc prenne le risque de mourir à sa place : « Allons
vite, c'est trop d'honneur que je vous fais, et bien heureux est le valet qui peut avoir la gloire de mourir
pour son maître » (II, 5, p.
60).
C'est finalement le pauvre Sganarelle qui trouvera une solution.
Face au
rudoiement de son maître, il semble normal que Sganarelle ne cesse de le critiquer.
B.
Sganarelle ou un critique virulent de son maître
Le valet critique sans limites son maître, aucuns termes ne semblent assez forts pour le définir : sa
hargne s'accumule dans des emportements lourds d'insultes.
Face à la tyrannie de son maître, Sganarelle le critique très vivement, souvent lorsqu'il n'est pas là.
Ainsi,
il le qualifie, dés la scène 1 de l'acte I (p.
12), de « pourceau d' Epicure » (l.
6) « vrai Sardanapale » (l.
7),
« hérétique » (l.
5)… Il présente son maître comme un
libertin sans aucune morale : « rien n'est trop chaud ni trop froid pour lui ».
Il a tenté de raisonner son
maître à propos de ses mœurs qu'il n'approuve pas mais en vain, Don Juan ne suivra pas ses conseils et
finira emporter enfer.
Il prend parti pour les victimes de Don Juan, et particulièrement pour la pauvre
Elvire, séduite puis abandonnée : "Pauvre femme" (IV, 6, p.
105) et va même jusqu'à insulter son maître :
"cœur de tigre" (idem).
III Sganarelle, un valet admiratif de son maître :
A.
La volonté d'imiter son maître
Sganarelle est présent tout au long des aventures de Don Juan mais n'approuve pas les actions de son
maître.
Il feint de ne faire que son travail de valet mais en réalité il l'admire : « Ah quel homme ! Quel
homme ! » (après la visite de Dom Juan chez son père).
Contrairement à Don Juan, il est ignorant mais
essaye de l'imiter en mettant en avant une érudition pédante mal maîtrisée, dés la scène 1 de l'acte I : «
pourceau d' Epicure » (l.
6, p.
12) : il n'a pas compris la véritable philosophie d' Epicure qui a montré
l'intérêt psychologique du plaisir.
Il utilise un langage populaire malgré une longue tirade apparemment
bien maîtrisée sur le.
»
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