Les Regrets de Du Bellay : la représentation de Rome.
Publié le 10/01/2015
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«
Du Bellay s’identifie à l’Ovide de l’exil, d'où la perte des Muses qui « s'enfuient ».
La fuite des muses Du Bellay, comme Ovide enregistre avec mélancolie la disparition de son
ambition littéraire et la fuite des muses.
« « rivage infertile » (S46) // S16 : v10-11 : « sur le bord inconnu d'un étrange rivage/ où le
malheur nous fait ces tristes vers chanter ».
paradoxe ? Infertilité / fertilité.
+ S6.
II.
Rome : une ville détruite, en ruine
Du Bellay à Rome :
DB présente successivement les aspects de Rome ( S80 à S86), les femmes de Rome (S87 à
S100), la cour pontificale (101 à 113), les évéts de l'actualité qui agitent Rome (S114 à S126) :
guerres, fêtes, menaces.
Et enfin, un sonnet de ccl (S127) offre une dernière impression de la ville.
A) L'ekphrasis de Rome par DB
On ne voit à présent dans la ville que « vieux palais », « vieux murs », « vieux arcs »… De Rome ne
subsiste, tout compte fait, que son fleuve :
« Le Tybre seul, qui vers la mer s’enfuit,
Reste de Rome.
»
(Antiquités, 3)
L’image de désolation se poursuit dans les sonnets suivants :
« Le corps de Rome en cendre est dévallé »
(Antiquités, 5)
De fait, au temps où Du Bellay écrit ces vers, peu de temps était passé encore depuis le Sac de
Rome de 1527, qui avait vidé la ville de ses trésors, massacré un grand nombre de ses habitants,
provoqué la diaspora de ses artistes.
Du Bellay vivait certes dans la partie la plus animée et la
mieux défendue de la ville – la cour papale, lieu de rencontres, d’intrigues, et de fêtes ; mais (dans
les Antiquités comme dans les Regrets), il voit en quelque sorte Rome comme Ovide voit Tomes – il
voit Rome à travers les yeux d’Ovide voyant Tomes, comme un désert, comme un lieu privé de
liens avec le reste du monde.
La ville que trouve Du Bellay en 1553 a de quoi le décevoir.
Voici en quels termes la décrit Jean
Delumeau (Rome au 16ème siècle, voir bibliographie) :
« Au milieu du siècle, elle présentait encore un aspect lamentable.
La zone des collines avait été
abandonnée et la majeure partie de la population - 35 000 habitants sur quelque 55 000 -
s'entassait dans la bouche du Tibre, sur deux kilomètres carrés.
En revanche, les deux tiers de la
zone comprise dans l'enceinte d'Aurélien restaient inhabités.
Les basiliques Saint-Jean-de-Latran
ou Sainte-Marie-Majeure se trouvaient ainsi à la campagne et le Forum républicain, qui nous
semble si central, était connu sous le nom de Campo vaccino, le "champ aux vaches".
A l'intérieur
de l'enceinte devenue trop large, les monuments antiques se dégradaient : le Colisée était
transformé en carrière, l'arc de Septime Sévère était surmonté d'une tour médiévale et celui de
Constantin servait d'appui à des maisons.
Dans la zone habitée, les rues rarement pavées
recevaient les ordures des maisons particulières Les rues étaient tortueuses, étroites, encombrées
par toutes sortes de balcons, escaliers, échoppes et portiques débordant sur la chaussée […] Vers
la fin de la Renaissance (1560), Rome demeure donc, malgré certaines innovations édilitaires
récentes en dépit de quelques grandes constructions de prestige (palais de Venise, du Vatican, de.
»
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