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Les Regrets de Du Bellay : la représentation de Rome.

Publié le 10/01/2015

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ROME DANS LES REGRETS Introduction : L'exil, thème princeps, interprété au temps de la Rome antique par Ovide dans les Tristes - chronique de sa souffrance dans les lointaines terres des Gètes. En France , l'exil parle en poésie par la voix de Joachim Du Bellay dans Les Regrets. Ici : Rome apparaît bien comme la ville de l'exil. I. Rome : une ville étrangère, une ville de l'exil, de la solitude et la déception : A) Le « bord étranger » (S10) et de l'exil « étrange province » (S79/ S24 v10 ) « le bord inconnu d'un étrange rivage » : v10 S15 : « étrange » = Du latin classique extraneus « du dehors, extérieur; qui n'est pas de la famille, du pays, étranger ». / « hors du commun, extraordinaire » par affaiblissement de sens « bizarre, singulier », non naturel. + « à l'étranger » (S10) Épître à M. d'Avenson Les deux premiers quatrains : "exsul eram" dit Ovide ; "j'étais à Rome" écrit Du Bellay. Le mouvement est inverse, puisque Ovide a justement quitté Rome. Là encore, il annonce la suite : la guerre (s. 83), les travaux pénibles auxquels il est soumis (s. 39, 84, 85) ; ses motivations (requies, non fama) sont un calque d'Ovide. B) la solitude du poète Le "rivage écarté" évoque le thème récurrent de la "solitude". S 9 : Mais aussitôt s'exprime un regret personnel, un constat d'abandon qui renvoie aux sonnets 7 et 8. "Longtemps" à l'hémistiche et "ores" (maintenant) en début de vers marquent cette nostalgie. Dès le premier vers, présence de la mère, image symbolique développée au second : c'est un symbole qui s'anime, devient plus consistant. Le second vers rappelle la faveur dont jouissait le poète avant de partir. L'agneau, parangon de l'innocence, rappelle l'agneau égaré de la Bible. Les répétitions de sonorités créent un effet de "lamento" pathétique. C) Rome : la ville du gel infini Le froid et l'hiver comme métaphore de la solitude. Ovide oppose Rome capitale à la « contrée barbare » envahie par le froid - un froid si fort que la mer elle-même est « enchaînée dans les glaces ». Tout est immobile et pétrifié par le gel . Du Bellay, quant à lui, décrit la ville des villes avec des mots qui conviendraient mieux au paysage évoqué par les Tristes. « Je sens venir l'hiver », écrit-il : « Entre les loups cruels j'erre parmy la plaine, Je sens venir l'hyver, de qui la froide haleine D'une tremblante horreur fait herisser ma peau. » (Regrets, 9) Les &laq...
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« Du Bellay s’identifie à l’Ovide de l’exil, d'où la perte des Muses qui « s'enfuient ». La fuite des muses Du Bellay, comme Ovide enregistre avec mélancolie la disparition de son ambition littéraire et la fuite des muses.

« « rivage infertile » (S46) // S16 : v10-11 : « sur le bord inconnu d'un étrange rivage/ où le malheur nous fait ces tristes vers chanter ».

paradoxe ? Infertilité / fertilité.

+ S6. II.

Rome : une ville détruite, en ruine Du Bellay à Rome : DB présente successivement les aspects de Rome ( S80 à S86), les femmes de Rome (S87 à S100), la cour pontificale (101 à 113), les évéts de l'actualité qui agitent Rome (S114 à S126) : guerres, fêtes, menaces.

Et enfin, un sonnet de ccl (S127) offre une dernière impression de la ville. A) L'ekphrasis de Rome par DB On ne voit à présent dans la ville que « vieux palais », « vieux murs », « vieux arcs »… De Rome ne subsiste, tout compte fait, que son fleuve : « Le Tybre seul, qui vers la mer s’enfuit, Reste de Rome.

» (Antiquités, 3) L’image de désolation se poursuit dans les sonnets suivants : « Le corps de Rome en cendre est dévallé » (Antiquités, 5) De fait, au temps où Du Bellay écrit ces vers, peu de temps était passé encore depuis le Sac de Rome de 1527, qui avait vidé la ville de ses trésors, massacré un grand nombre de ses habitants, provoqué la diaspora de ses artistes.

Du Bellay vivait certes dans la partie la plus animée et la mieux défendue de la ville – la cour papale, lieu de rencontres, d’intrigues, et de fêtes ; mais (dans les Antiquités comme dans les Regrets), il voit en quelque sorte Rome comme Ovide voit Tomes – il voit Rome à travers les yeux d’Ovide voyant Tomes, comme un désert, comme un lieu privé de liens avec le reste du monde.

La ville que trouve Du Bellay en 1553 a de quoi le décevoir.

Voici en quels termes la décrit Jean Delumeau (Rome au 16ème siècle, voir bibliographie) : « Au milieu du siècle, elle présentait encore un aspect lamentable.

La zone des collines avait été abandonnée et la majeure partie de la population - 35 000 habitants sur quelque 55 000 - s'entassait dans la bouche du Tibre, sur deux kilomètres carrés.

En revanche, les deux tiers de la zone comprise dans l'enceinte d'Aurélien restaient inhabités.

Les basiliques Saint-Jean-de-Latran ou Sainte-Marie-Majeure se trouvaient ainsi à la campagne et le Forum républicain, qui nous semble si central, était connu sous le nom de Campo vaccino, le "champ aux vaches".

A l'intérieur de l'enceinte devenue trop large, les monuments antiques se dégradaient : le Colisée était transformé en carrière, l'arc de Septime Sévère était surmonté d'une tour médiévale et celui de Constantin servait d'appui à des maisons.

Dans la zone habitée, les rues rarement pavées recevaient les ordures des maisons particulières Les rues étaient tortueuses, étroites, encombrées par toutes sortes de balcons, escaliers, échoppes et portiques débordant sur la chaussée […] Vers la fin de la Renaissance (1560), Rome demeure donc, malgré certaines innovations édilitaires récentes en dépit de quelques grandes constructions de prestige (palais de Venise, du Vatican, de. »

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