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Les pronoms dans À la lumière d'hiver de Jaccottet

Publié le 03/10/2012

Extrait du document

 Certains pronoms apparaissent de manière récurrente dans l’oeuvre. Il est difficile de déterminer ce à quoi ils renvoient car ils ont des références rarement explicites. De plus, ils souffrent souvent d’un manque de contextualisation, afin de susciter l’intérêt et de conserver le mystère du verbe. Ils apportent une liberté d’identification au lecteur, qui se sent ainsi concerné en tant qu’interlocuteur et peut laisser libre cours à son imagination.

            Les références sont manquantes dans presque tous les exemples :

« On le déchire, on l’arrache « (p 25)

On inflige au sujet des souffrances, mais qui est ce ‘on’ ? Qui est ce ‘le’ ? À qui parle-t-on ? Et de quoi ?

            Cette absence de précision installe une sorte d’intimité qui surpasse la déstabilisation première. Cette intimité est soulignée par l’évolution du « je « vers le « nous « tout le long du recueil, renvoyant à une communauté restreinte, seule à être au courant de quoi l’auteur parle. Cette communauté est fondée sur le partage entre lecteur et poète.

 

            Dans le recueil, « je « et « nous « prennent la parole pour présenter les émotions et ressentis dans l’action, tandis que « tu « et « vous « sont ceux à qui le discours est destiné. « Il « et « Ils « sont les tiers, absent physiquement ou spirituellement de la communauté. Cette troisième personne a un sens complémentaire : celui qui est dans l’impossibilité de parler et de s’exprimer. Le « on « peut désigner un seul ou un collectif d’individu selon le contexte. Enfin le pronom zéro (ex : ‘fumer tue’) est également employé toujours dans le but de brouiller les pistes de l’identité des individus, qui n’est ni révélée ou même suggérée. 

« Les pronoms dans À la lumière d’hiver Terminale L Le « je » revêt aussi l’aspect d’un apprenti, qui est lucide par rapport à sa supposé maîtrise d’autrefois.

Il se pose ainsi entre l’humilité et l’ignorance.

C’est un « je » qui a changé et appris grâce à l’école de la vie ( cf le nom de Leçons - p 14).

J’ écoute des hommes vieux qui se sont accordés aux jours, j’apprend à leur pieds la patience : ils n’ont pas de pire écolier.

Ce sujet constate son impuissance à dire.

Il tire la leçon (« maintenant » p 3 3) : le « je » commence à s’effacer.

L’observateur Le « je » est également intimement lié à la notion du regard.

Le regard symbole une certaine prise de position de l’auteur : il est tantôt relevé, tantôt baissé.

On observe des mouvements des yeux du bas vers le haut.

Il organise l’espace, donne un spectacle à voir.

L’ainé capture le regard et rend ainsi un tableau qui se donne au lecteur.

La vue est captivée par la mort, elle se dirige vers les détails macabres (la matière inerte, le teint cadavériqu e des morts, les signes rituels du deuil) ; mais aussi vers les signes d’espérance (par exemple vers la lumière ou les flammes des cierges qui s’opposent aux lèvres sèches qui ne libèrent plus aucun souffle, plus aucune parole).

Le regard souligne l’antith èse en se tournant vers l'insupportable aussi bien que vers des perspectives de lendemain optimistes.

Il alterne dans les thèmes, se transforme, se meut avec les sentiments du « je ».

Le regard n’arrive plus à exprimer ce qu’il voit, et donc il faut le red éfinir et le recentrer (p 29) : J’ai relevé les yeux .

Derrière la fenêtre, au fond du jour, des images quand même passent.

Navettes ou anges de l’être, elles réparent l’espace.

Après avoir baissé les yeux, le poète les relève où le spectacle de la mor t est remplacé par celui de la lumière.

Page 32, il prend la décision de « ne plus regarder que le jour ».

C’est un observateur nouveau qui pose une prise de conscience sur ce qui a été vu, qui renouvelle sa position face au monde.

Le poète Cet aspect du « je » ne se trouve pas dans les Leçons.

Le narrateur se montre en plein travail.

Il n’est pas excessif en ce qui concerne le lyrisme poétique.

Il présente assez concrètement sa démarche ; c’est un « je » qui témoigne de ses impressions personnelles, m ais avec modestie et discrétion.

Jaccottet dira « l’effacement soit ma façon de resplendir » dans l’ Ignorant .

Cette première personne permet un témoignage pudique mais renforcé d’une présence bien réelle.

Cette figure a un lexique qui lui est propre : dan s les deux premiers recueils, le deuil se fait partager dans un cadre proche du cataclysme naturel, cela renforçant la sensation de perte.

On peut aussi remarquer la récurrence de l’image de la montagne, qui représente l’insurmontable, l’infranchissable.

E lle est intensifiée par les blancs typographiques qui traduisent encore une fois la détresse de l’impuissance.

La cadre naturel quant à lui exprime le dénuement.

La présence du poète dans cette nature se présente dans le. »

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