Les personnages secondaires, des portraits-types de la province dans Madame Bovary

« GUSTAVE FLAUBERT .

MADAME BD VARY (1857) 1 96 1 Son rival intellectuel, le curé Bournisien, est toujours en conflit avec lui : la religion est opposée à la science, la foi à la raison.

Il est plein de bonne volonté et représente la droiture morale, mais il est incapable d'aider Emma car il ne s'intéresse qu'aux souffrances matérielles -la misère, la maladie - et ne comprend pas les souffrances morales.

1 Tous deux incarnent la médiocrité intellectuelle.

2.

Le marchand Lheureux et le percepteur Binet: l'argent-roi Lheureux est un usurier obséquieux, flatteur, sans scrupule, qui profite de la faiblesse d'Emma et de Charles, il s'enric hit sur la ruine des autres , comme c'est annoncé dès le début par« l'assassinat» de Tellier.

Binet, mécanique sans âme, est un ancien carabinier devenu percepteur.

À la fin du roman, supplié vainement par Emma pour obtenir de l'argent, il se dérobe sans état d'âme .

3.

Les amants Rodolphe et Léon : la séduction égoïste 1 Les deux amants semblent tout à fait opposés.

Rodolphe, le cynique hardi, séduit Emma; Léon, l'amoureux timide, est séduit pas Emma.

1 Rodolphe ne croit pas en l'amour, il calme l'exaltation d'Emma, craint pour sa réputation; il cherche un divertissement, pas une passion .

1 Léon, tendre mais sans personnalité, est craintif, faible, économe; il se lasse aussi d'Emma mais par intérêt personnel , pour son aven ir.

1 Les deux lui permettent de fuir la réalité , mais aucun ne la sauve de la saisie ni du suicide; lâches et égoïstes ils« dorment» pendant qu'elle meurt (p.

436).

IIII Les personnages épargnés 1.

Félicité et Justin, les jeunes domestiques Félicité est la jeune servante qu'engage Emma, après avoir ren­ voyé Nastasie , pour en faire sa femm e de chambr e, par désir de grandeur.

Justin est le jeune apprenti de Homais , que ce der ­ nier instruit mais aussi rudoie sans gêne.

Ce sont les deux per ­ sonnages sincères et sensibles du récit : ils sanglotent à la mort d'Emma, unis par le même chagrin (p.

426 et 432).

2.

Hippolyte et l'aveugle, les infirmes Ce sont ceux que la vie a maltraités , et qui n'appar­ tiennent pas à la bourgeoisie.

classe sociale honnie par Flaubert .

Mal soignés par Charles et par Harnais, qui les utilisent pour leur renommée médicale , ils sont les victimes d'une bourgeoisie égoïste et bê te.

Hippolyte est la preuve quotidienne de l'incompétence de Charles, et l'Aveugle apparaît à chaque moment dramatique de la vie d'Emma comme un symbole du destin.. »