Les personnages: Le Jeu de l'amour et du hasard (Marivaux)
Publié le 30/06/2015
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DORANTE
Dorante représente l'idéal aristocratique : « honnête homme «, « bien fait «, « aimable «, « de bonne mine «, plein d'esprit et de galanterie. Tel est le portrait avantageux qui le précède chez Oron et que brosse Lisette (I, 1). Il ressemble en tous points a l'amoureux, au « héros de charme « de la comédie classique.
Or, ce jeune homme plein de mérites, à qui sa position
sociale et son apparence donnent tant de privilèges et d'atouts pour séduire une jeune fille, ne s'en contente pas. S'il apparaît chez M. Orgon déguisé en valet, ce n'est pas pour tromper Silvia ou les siens. Il ne s'agit pas de menées libertines ou d'une entreprise destinée à subvertir la vigilance d'un père. C'est un motif sérieux qui pousse Dorante à entrer dans ce jeu : il veut connaître Silvia afin de régler sa conduite, sa décision (l'épouser ou non) sur ce qu'il aura découvert. Il a, comme Silvia, conçu le rêve d'un mariage d'amour et comme elle, il est victime de son stratagème.
MARIO
Le complice de M. Orgon, dans la pièce, est son propre fils, Mario, caractère traditionnel du « second amoureux « dans la comédie italienne. Marivaux lui a donné une fonction un peu différente parmi les personnages du Jeu. Mario ne sera « amoureux « que par feinte, plaisir du déguisement et de l'intrigue.
On ne peut le considérer comme un simple auxiliaire, une réplique de son père. Il en est sensiblement différent, d'abord
par sa gaieté constante, son sens de l'humour, son goût pour la plaisanterie plus affirmés. Il vit pour le divertissement, à l'instar de beaucoup de jeunes aristocrates dans le Paris de Louis XV. Il saisit au vol l'occasion que sa soeur et Dorante lui donnent par leurs intrigues simultanées, pour se livrer au jeu dont il aime la gratuité et le pouvoir de surprise. Comme son père il est au courant des deux travestissements :
« C'est une aventure qui ne saurait manquer de nous divertir « (I, 4).
Mais Mario va beaucoup plus loin que son père dans la comédie qu'ils se donnent à propos de Silvia et de Dorante. Là où M. Orgon ne manifeste qu'une bonhomie amusée, Mario va jusqu'au bout du jeu : il en rappelle sans cesse les règles à sa soeur quand elle semble les oublier (I, 5), il « agace «, selon ses propres termes, Dorante et Silvia en les encourageant à se tutoyer et à s'appeler par leur prénom, il multiplie les taquineries, les effets du sous-entendu et de l'ironie et les deux amoureux en sont tour à tour victimes.

«
son intervention pourraient être résumées par ces mots
adressés
à Silvia dans la deuxième scène:« Je te l'accorde.»
C'est un père et un maître libéral dont le principal souci
semble être moins l'ordre
de sa maison que le bonheur de
sa fille.
Il ne la force pas au mariage, comprend ses réserves
et lui permet
le stratagème du déguisement qu'elle a ima
giné
pour mettre Doran te à l'épreuve.
L'indulgence
de M.
Orgon permet dont l'introduction du
jeu dans la pièce et lui-même
« joue le jeu >>en faisant passer
sa fille pour une suivante aux yeux de Dorante.
Mais ce qui
distingue
M.
Orgon des autres personnages, c'est que lui
même n'est jamais dupe
de ce jeu: il détient en effet le secret
des deux intrigues, celle
de Silvia et celle de Dorante.
On
peut même dire qu'il mène le jeu puisqu'il rapproche Silvia
et Dorante à leur insu, pique leur amour-propre et favorise
ainsi la naissance
de leur amour.
Le rôle de M.
Orgon est, en réalité, ambigu, à l'image de
la pièce : il encourage, suscite, multiplie le jeu sans, toute
fois, livrer
les destinées de sa fille et de Dorante complète
ment au hasard.
Il est maître du jeu pendant deux actes,
gar
dant avec précaution le secret, apparaissant et disparaissant
à des moments choisis.
Lui-même n'est pas soumis aux ris
ques du jeu :
il ne se fait passer pour personne et il est le
seul personnage de la pièce dans ce cas.
Son identité sociale
et son pouvoir ne sont donc jamais menacés.
Puissant et bienveillant, il semble ainsi incarner un idéal
modéré : celui d'une liberté qui favorise
le bonheur sans bou
leverser l'ordre social.
MARIO
Le complice de M.
Orgon, dans la pièce, est son propre fils,
Mario, caractère traditionnel
du« second amoureux» dans
la comédie italienne.
Marivaux lui a donné une fonction un
peu différente parmi
les personnages du Jeu.
Mario ne sera
> que par feinte, plaisir du déguisement et de
l'intrigue.
On ne peut le considérer comme un simple auxiliaire, une
réplique
de son père.
li en est sensiblement différent, d'abord
35.
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