Les personnages d'ORESTE ET ELECTRE
Publié le 22/02/2012
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Mais Oreste incarne aussi, et peut-être surtout, une contradiction logique, dans la mesure où le même devoir luidicte deux conduites inconciliables : tuer sa mère et lui laisser la vie.
Il n'est donc pas étonnant qu'il s'en sorte parla folie.Cette seconde contradiction est résolue, chez Eschyle, par la décision de l'Aréopage.
Désormais, les vengeances neseront plus tolérées; c'est la cité qui se chargera de punir les coupables.
Ainsi, l'Etat retire la violence légitime desmains de la famille et, mettant fin à la tradition de la vendetta, s'arroge le monopole de la punition.
Il y a làvéritablement la naissance de quelque chose de nouveau, la fin de la dialectique entre vengeance et justice.
Onpeut dire que l'Etat moderne fait son apparition, en devenant la force qui se substitue aux citoyens pour trancher àleur place leurs conflits les plus graves et les plus intimes.A la suite d'Eschyle, le thème d'Oreste et Electre sera traité par Sophocle (496-406 av.
J.-C.) dans son Electre (-425) et par Euripide (480-406 av.
J.-C.) dans une autre Electre (- 413).Contemporains du gouvernement démocratique d'Athènes, qui reconnaît plus nettement aux citoyens leurs droits etleurs responsabilités, ces poètes ont encore approfondi l'aspect humain et personnel des principaux personnages.Ainsi, Sophocle diminue le rôle du choeur (dont la fonction explicative est d'autant plus importante que le hérossubit au lieu d'agir) au profit d'une action plus riche en coups de théâtre et en dialogues faisant progresser l'action.
Succès et avatars
Etant donné la puissance de leur caractère dramatique, les personnages d'Oreste et d'Electre ne pouvaient manquerd'être repris par de très nombreux poètes, écrivains et dramaturges.La seconde partie de l'histoire d'Oreste, celle de sa rivalité avec Pyrrhus, a été reprise par le Français Jean Racine(16391699) dans Andromaque.
On y voit un Oreste assez raisonnable, qui ne cède à la tentation du meurtre quelorsqu'il ne voit plus aucun autre moyen d'assouvir une passion dévorante.Au XVIIIe siècle, c'est Voltaire qui composera un Oreste imité de celui d'Eschyle.
Puis, en 1787, le grand poèteallemand Goethe (1749-1832) reprendra en l'humanisant le personnage d'Oreste dans sa pièce Iphigénie en Tauride.En 1905, le Français André Suarès (1868-1948) compose une pièce «à l'antique » : La Tragédie d'Electre et Oreste.En 1937, Jean Giraudoux (1882-1944) écrit lui aussi une Electre dans laquelle la jeune fille apparaît comme lemauvais génie de son frère, qui ne demanderait qu'à vivre tranquille et qui, dans le fond, admire la force decaractère et le courage de sa mère.En 1942, dans Les Mouches, Jean-Paul Sartre (1905-1980) montre un Oreste indifférent et dénué de remords,agissant en toute liberté et considérant son double meurtre comme un acte de volonté et d'affirmation individuelle.Enfin, en 1969, Jean Anouilh (1910-1987) a donné avec Tu étais si gentil quand tu étais petit une variation assezcurieuse sur le mythe des Atrides, fondée sur un procédé de « théâtre dans le théâtre ».Mentionnons aussi l'oeuvre du dramaturge américain Eugène O'Neill (1888-1953) Le Deuil sied à Electre, écrite en1931, qui transpose la pièce d'Eschyle dans le Sud américain au lendemain de la guerre de Sécession.
Cette pièceen treize actes, dont l'intégrale dure environ six heures, présente Oreste et Electre sous les traits de Orin et LaviniaMannon, et double la tragédie classique d'allusions à la psychanalyse freudienne.
Elle a été portée à l'écran en 1947par Dudley Nichols, avec Kirk Douglas dans le rôle d'Orin.Sur le plan musical, il faut signaler l'opéra Elektra composé en 1908 par Richard Strauss (1864-1949) sur un livret dupoète Hugo von Hofmannsthal..
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