LES MORALISTES DU GRAND SIÈCLE
Publié le 30/01/2019
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«duel» littéraire, oppose Boileau à Perrault qui proclamait la supériorité éclatante des écrivains du «siècle de Louis le Grand» sur ceux du «siècle d’Auguste», autrement dit de la lointaine et primitive Antiquité. Les deux ennemis réconcilient en 1697, ce qui n’empêchera pas le triomphe, au siècle suivant, des thèses modernes mieux adaptées à leur temps.
Jean de La Bruyère, qui avait pris parti pour les Anciens, est l’homme d’un livre unique, les Caractères (1688-1696), qui, tout en nous livrant ses réflexions morales, a porté l’art de l’ellipse à un sommet inégalé dans la littérature française. Chargé de l’éducation du duc de Bourbon, ce bourgeois parisien a pu exercer son esprit d’observation sur le monde des courtisans. Les portraits de ce milieu qu’il fréquente quotidiennement représentent le tableau le plus véridique, quoique satirique, que nous possédions sur la société française du siècle de Louis XIV à son déclin avec ses petits marquis, ses financiers, ses faux dévots, ses grands personnages et ses esprits forts. A travers la description de ces types
Giraudon
sociaux, La Bruyère passe au crible de sa causticité toute l’organisation sociale de son époque.
Il se fait le peintre, tantôt indigné, tantôt amusé, des vices profonds de la société (qu’il est pourtant loin de remettre en cause), vices qui lui paraissent essentiellement provenir de la corruption des individus. Tout à son esprit d’observation, La Bruyère écrit dans un style très travaillé, qui révèle la recherche du mot juste et de la concision, mais aussi de l’effet savamment calculé... qui peut aller parfois jusqu’au mauvais goût: «Il faut juger des femmes depuis la chaussure jusqu’à la coiffure exclusivement, à peu près comme on mesure le poisson entre queue et tête. »
«
Les
moralistes du Grand Siècle
Fénelon et le quiétisme
Bossuet s'opposa violemment à Fénelon
(1651- 1715), prélat et écrivain qui avait pris parti
pour le quiétisme.
Cette doctrine mystique du
théologien espagnol Molinos était jugée cho
quante par les autorités religieuses: selon elle, la
perfection chrétienne consistait dans un état de
contemplation passive et d'absorption en Dieu
(quiétude) qui impliquait de renoncer à des
formes actives de la piété comme la prière et la
pratique des sacrements.
La publication de son
ouvrage, Les aventures de Télémaque (1699), qui
apparaissait comme une critique de la monarchie
absolue, valut à Fénelon une disgrâce définitive.
Ce roman d'apprentissage, d'aventures et
d'amou r, brillant pastiche de l'Odyssée d'Ho
mère, conte l'initiation d'un prince à la vie et à
son futur métier de roi par son précepteur, Men
tor, qui lui dispense des leçons de théologie, de
politique, de morale et d'histoire.
Il est vrai que
certaines des thèses que défendait Mentor
étaient d'une singulière hardiesse: procès de la
civilisation corruptrice, condamnation du luxe et
de la guerre, apologie de la fraternité et du
"communisme primitif ••, rêve d'une cité idéale.
De toute évidence, elles faisaient de Fénelon un
précurseur des idées "rousseauistes •• et des
Lumières.
Les moralistes :
La Rochefoucauld ...
Éliminé en tant que doctrine religieuse, le jansé
nisme a survécu, dans une perspective profane,
en tant que philosophie ou vision du monde.
En
par ticuli er, il a imprégné de son pessimisme
l'œuvre des moralistes, de La Rochefoucauld à
La Bruyère, qui ont souligné, par des analyses
d'une cruelle lucidité, les faiblesses des hommes
et fustigé la petitesse de la comédie humaine et la
vanité des idéaux humains.
François de La Roche
foucauld (1613-1680 ) a été le créateur et le
modèle inégalé d'un genre, la maxime, qui
consistait à présent er, de préférence dans les
salons de la noblesse, des opinions d'ordre psy
chologique sous forme de constats lapidaires ou
d'aphorismes brillants et caustiques.
Par exemple: "L'amour
de la justice n'est en la plupart des
hommes que la crainte de souffrir l'injustice.
••
Dans ses Réflexions ou Sentences et Maximes
morales (1664), il entreprend de brosser" un por
trait du cœur de l'homme''· Il se livre en fait à un
procès impitoyable de l'être humain, mettant à
nu les véritables ressorts de sa conduite.
Selon
La Rochefoucauld, ce n'est pas ce qu'on fait qui
compte, c'est pourquoi on le fait: le mobile de la
conduite humaine, c'est l'amour-propre, l'égo
ïsme.
Ainsi, tout n'est que mascarade et mystifica
tion dans les comportements humains.
Mais l'intérêt des Maximes réside moins dans
le fond -le pessimisme de la réflexion -que
dans la forme -le goût de la perfection stylis
tique, la concision -, ce qui fait sans aucun doute
de La Rochefoucauld l'un des grands écrivains
classiques français.
...
Boileau, La Bruyère
Nicolas Boileau est l'auteur renommé d'un Art
poétique (1674), dans lequel il codifie les règles
.....
Jean de
La Bruyère
(1645-1696).
Grâce à l'intervention
de Bossuet, il devient
précepteur du duc de
Bourbon.
La Bruyère
moralise sur l'homme
de son temps dans
un style travaillé
et imagé.
En 1688,
il publie tes Caractères
dont chaque édition,
jusqu'à celle de 1696,
s'enrichit de nouveaux
portraits.
Historiographe ......
du roi, Nicolas
Boileau (1636-1711)
fut l'ami de Racine
et de Molière.
Ses Satires
(1666-�668),
ses Epîtres
(1669-1695) et
surtout son Art
poétique (1674) font
de lui te grand
théoricien de l'art
classique au
xv1r siècle.
Il fut
élu à l'Académie
française en 1677.
de la poésie classique dont les principes esthé
tiques doivent être de discipline et d'ascèse
(« Hâtez-vous lentement, et, sans perdre cou
rage/Vingt fois sur le métier remettez votre
ouvrage ••).
Mais à côté du Boileau doctrinaire
existe un Boileau polémiste et satiriste qui, tout
au long de sa vie, exerce son humeur railleuse
et sa verve redoutable contre les mœurs du
temps, les gens en place et les mauvais écrivains
(Satires, 1666-1668), les jésuites (Sur l'équi
vo que), les mœurs modernes de nouveau
(Contre les femmes, 1694) et surtout contre l'écri
vain Charle � Perrault (1628-1703) et les
«Modern es••.
A partir de 1687 , la fameuse que
relle des Anciens et des Modernes, véritable "duel>•
littéraire, oppose Boileau à Perrault qui
proclamait la supériorité éclatante des écrivains
du "s iècle de Louis le Grand •• sur ceux du
«siècle d'Auguste ••, autrement dit de la lointaine
et primitive Antiquité.
Les deux ennemis réconci
lient en 1697 , ce qui n'empêchera pas le
triomphe, au siècle suivant, des thèses modernes
mieux adaptées à leur temps.
Jean de La Bruyère, qui avait pris parti pour
les Anciens, est l'homme d'un livre unique, les
Caractères (1688-1696), qui, tout en nous livrant
ses réflexions morales, a porté l'art de l'ellipse à
un sommet inégalé dans la littérature française.
Chargé de l'éducation du duc de Bourbon, ce
bourgeois parisien a pu exercer son esprit d'ob
servation sur le monde des courtisans.
Les por
traits de ce milieu qu'il fréquente quotidienne
ment représentent le tableau le plus véridique,
quoique satirique, que nous possédions sur la
société française du siècle de Louis XIV à son
déclin avec ses petits marquis, ses financiers, ses
faux dévots� ses grands personnages et ses
esprits forts.
A travers la description de ces types
sociaux, La Bruyère passe au crible de sa causti
cité toute l'organisation sociale de son époque.
Il se fait le peintre, tantôt indigné, tantôt
amusé, des vices profonds de la société (qu'il est
pourtant loin de remettre en cause), vices qui lui
paraissent essentiellement provenir de la corrup
tion des individus.
Tout à son esprit d'observa
tion, La Bruyère écrit dans un style très travaillé,
qui révèle la recherche du mot juste et de la
concision, mais aussi de l'effet savamment
calculé ...
qui peut aller parfois jusqu'au mauvais
goût: "Il faut juger des femmes depuis la chaus
sure jusqu'à la coiffure exclusivement, à peu
près comme on mesure le poisson entre queue
et tête.
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