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Les meurtriers délicats - Les Justes de CAmus

Publié le 09/08/2014

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camus

 

«Tous mes personnages ont réellement existé«

Les Justes, de manière précise, empruntent leur argument à l'histoire. Camus n'en faisait pas mystère. Il déclarait dans le prière d'insérer qui accompagne la pièce :

«En février 1905, à Moscou, un groupe de terroris­tes, appartenant au parti socialiste révolutionnaire, organisait un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Cet attentat et les circonstances singulières qui l'ont précédé et suivi font le sujet des Justes. Si extraordinaires que puissent paraître, en effet, certaines des situations de cette pièce, elles sont pourtant historiques. Ceci ne veut pas dire, on le verra d'ailleurs, que les Justes soient une pièce historique. Mais tous mes personnages ont réellement existé et se sont conduits comme je le dis. J'ai seulement tâché à rendre vraisemblable ce qui était déjà vrai.«

L'événement dont s'inspire Camus appartient à l'his­toire russe. A la fin du XIX' siècle, un certain nombre de révolutionnaires décident de passer à l'action terro­riste. Ni le peuple ni les opposants au tsarisme ne sont en mesure de renverser l'ordre injuste qui pèse sur le pays. Le passage à la violence, par la terreur que celle-ci inspirera aux défenseurs du pouvoir et l'exemple qui sera ainsi donné à tous ceux qui luttent contre le tsarisme, libérera peut-être les énergies et contribuera à enclencher l'engrenage révolutionnaire.

Les mouvements terroristes Terre et liberté puis Volonté ou Liberté du Peuple se constituent tour à tour : ils se livrent à une série d'attentats qui culmine avec l'assassinat d'Alexandre II en 1881. Neutralisé par la police, décimé par les exécutions, le terrorisme re‑

naît cependant au début du siècle avec le parti socia­liste révolutionnaire qui organise une nouvelle série d'attentats dirigés contre les ministres. Condamné par les marxistes qui privilégient l'action de masse, le terro­risme participe de la grande effervescence révolution­naire qui touche la Russie en 1905 et annonce les événements de 1917.

 

L'assassinat du grand-duc Serge en février 1905 fut l'un des hauts faits du parti socialiste révolutionnaire, ou plus précisément de sa branche terroriste : l'Organi­sation de Combat. Des principales péripéties que rela­tent Les Justes, il n'en est pas une seule qui sorte entièrement de l'imagination de Camus. L'exactitude historique est pour l'essentiel respectée : il y eut bien une première tentative qui échoua parce que l'un des terroristes se refusa à se salir les mains du sang de deux enfants; ce terroriste exigea bien que l'Organisation de Combat décide du bien-fondé de son attitude; à sa seconde tentative, il jeta sa bombe sous la calèche du grand-duc, fut arrêté puis exécuté; même l'entrevue avec la grande-duchesse est historique. Camus poussa le scrupule jusqu'à conserver, en hommage, leur nom à deux de ses personnages : Kaliayev et Dora.

camus

« naît cependant au début du siècle avec le parti socia­ liste révolutionnaire qui organise une nouvelle série d'attentats dirigés contre les ministres.

Condamné par les marxistes qui privilégient l'action de masse, le terro­ risme participe de la grande effervescence révolution­ naire qui touche la Russie en 1905 et annonce les événements de 1917.

L'assassinat du grand-duc Serge en février 1905 fut l'un des hauts faits du parti socialiste révolutionnaire, ou plus précisément de sa branche terroriste: !'Organi­ sation de Combat.

Des principales péripéties que rela­ tent Les Justes, il n'en est pas une seule qui sorte entièrement de l'imagination de Camus.

L'exactitude historique est pour l'essentiel respectée: il y eut bien une première tentative qui échoua parce que l'un des terroristes se refusa à se salir les mains du sang de deux enfants; ce terroriste exigea bien que !'Organisation de Combat décide du bien-fondé de son attitude; à sa seconde tentative, il jeta sa bombe sous la calèche du grand-duc, fut arrêté puis exécuté; même l'entrevue avec la grande-duchesse est historique.

Camus poussa le scrupule jusqu'à conserver, en hommage, leur nom à deux de ses personnages: Kaliayev et Dora.

Non content d'emprunter ainsi à la réalité historique, Camus, dans sa pièce, suit de très près les documents qui témoignent du destin tragique de Kaliayev.

Ainsi les Mémoires d'un terroriste de Boris Savinkov, qui dirigea !'Organisation de Combat et dont Camus publia des extraits dans un ouvrage intitulé Tu peux tuer cet homme.

Camus tire de ces documents, non seulement le récit de l'attentat mais également des considérations relatives à la psychologie des principaux membres du groupe; il mettra même dans la bouche de ses person­ nages certaines paroles qui figurent dans le livre de Savinkov.

Camus, incontestablement, fait pénétrer l'histoire sur la scène du théâtre.. »

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